vendredi 31 août 2012

L’Amérique sombre dans la pauvreté - Les méga riches et les "bouches inutiles" (Counterpunch)


Les Etats-Unis se sont effondrés sur le plan social, politique, légal, constitutionnel, environnemental et moral. Le pays qui existe aujourd'hui n'est plus que l'ombre du pays où je suis né. Dans cet article, je vais traiter de l'effondrement économique des Etats-Unis. Dans les articles suivants je traiterais d'autres aspects du collapsus étasunien.

Sur le plan économique, les Etats-Unis ont atteint le stade de la pauvreté. Comme dit Peter Edelman "Les petits salaires sont la norme." Aujourd'hui dans l'Amérique de "la paix et la démocratie", la "seule superpuissance de la planète", un quart de la main d'oeuvre travaille pour un salaire de moins de 22 000 dollars par an (17 500 E), le seuil de pauvreté pour une famille de quatre personnes. Parmi ces personnes dont le salaire est si bas, il y a les diplômés des universités qui ont fait des emprunts énormes pour payer leurs études et qui partagent leur appartement avec trois ou quatre autres infortunés de leur espèce. Il y a aussi les familles monoparentales à qui le moindre problème de santé ou la perte de leur travail feraient perdre leur toit.

Il y a ceux qui, avec un doctorat, enseignent à l'université comme professeur adjoint pour 10000 dollars (7 960 E) par an ou moins. Le domaine de l'éducation est toujours vendu comme un moyen de sortir de la pauvreté mais en fait il conduit de plus en plus à la pauvreté ou à des postes dans les services de l'armée.

Selon Edelman, qui a étudié ces questions, 20,5 millions d'Etasuniens ont des revenus inférieurs à 9 500 dollars par an ce qui est la moitié du seuil de pauvreté pour une famille de trois.

Il y a 6 millions d'Etasuniens qui ont comme seul revenu les tickets de nourriture. Cela signifie qu'il y a 6 millions d'Etasuniens qui vivent dans la rue ou sous les ponts ou chez des amis ou des parents. Les Républicains sans coeur continuent de vilipender l'assistance sociale mais Edelman dit que "en fait il n'y a plus d'assistance sociale".

En tant qu'économiste, je pense que le seuil de pauvreté tel qu'il a été établi est dépassé depuis longtemps. Il est quasi impossible pour trois personnes de vivre avec 19 000 dollars par an. Si l'on prend en compte le prix du loyer, de l'eau, du pain et de la nourriture la plus simple, une personne ne peut pas vivre aux Etats-Unis avec 6,333.33 dollars par an. En Thaïlande, on peut peut-être y arriver tant que le dollar se maintient mais pas aux Etats-Unis.

Comme Dan Ariely (Duke University) et Mike Norton (Harvard University) l'ont démontré, 40 % de la populations des Etats-Unis, les 40 % les plus pauvres, possèdent 0,3 % c'est à dire trois dixièmes de un pour cent, de la richesse des Etats-Unis. Qui possède les 99,7 % restants ?

Les 20 % les plus riches possèdent 84 % de la richesse nationale. Les Américains qui sont dans le troisième et quatrième quintile* -en majorité des Américains de la classe moyenne- en possèdent seulement 15,7 %. Il n'y a jamais eu une répartition aussi inégale des revenus dans le monde développé.

Quand j'étais jeune, en face d'une telle disparité dans la répartition des revenus et de la richesse nationale, une disparité qui pose de toute évidence des problèmes dramatiques pour la politique économique, la stabilité politique et le management global de l'économie, les Démocrates auraient exigé qu'il y soit remédié et les Républicains auraient accepté à contre coeur.

Mais pas aujourd'hui. Les deux partis politiques sont également prêts à se prostituer pour de l'argent.

Les Républicains pensent que les souffrances des Etasuniens pauvres ne profitent pas assez aux riches. Paul Ryan et Mitt Romney sont déterminés à abolir tous les programmes d'aide à ceux que les Républicains appellent des "bouches inutiles".

Les "bouches inutiles" sont les travailleurs pauvres et l'ancienne classe moyenne dont les emplois ont été délocalisés à l'étranger pour que les dirigeants des entreprises puissent s'offrir des millions de dollars de bonus et distribuer des millions de dollars à leurs actionnaires. Pendant qu'une poignées de grands dirigeants se paient des yachts et des pin-up de Playboy, des dizaines de millions d'Etasuniens n'arrivent pas à s'en sortir.

Selon la propagande politique, les "bouches inutiles" ne sont pas seulement un fardeau pour la société et les riches. Ce sont des sangsues qui forcent les honnêtes contribuables à payer pour qu'elles puissent mener une vie de loisirs confortable, regarder le sport à la TV et pécher la truite tout en poussant les kadis dans lesquelles elles ont rassemblé leurs possessions et en se prostituant pour pouvoir acheter un hamburger à MacDonald.

La concentration de richesse et de pouvoir aux Etats-Unis aujourd'hui est bien supérieure à tout ce que mes professeurs d'économie, aussi diplômés soient-ils, ont pu imaginer dans les années 1960. Dans les quatre meilleures universités du monde dont il m'a été donné de faire partie, l'opinion générale était que la concurrence provoquée par le libre-échange empêcherait les trop grandes inégalités dans la répartition des revenus et de la richesse. Comme je l'ai appris par la suite, cette croyance était fondée sur une idéologie et non sur la réalité.

Le Congrès, gagné par cette foi chimérique dans la perfection du libre-échange, a dérégulé l'économie pour créer un marché entièrement libre. La conséquence immédiate a été le recours à tout ce qui était auparavant illégal pour constituer des monopoles, se livres à toutes sortes de fraudes financières et autres, détruire la base productive des revenus du consommateur américain et concentrer tous les revenus et la richesse dans les mains des 1 %.

L'administration "Démocratique" de Clinton, comme les administrations de Bush et d'Obama, étaient des adeptes de l'idéologie du libre-échange. L'inféodation des Clinton au Grand Capital a conduit, en particulier, à la suppression de l'aide aux familles avec des enfants à charge. Mais cette trahison des Américains en difficulté n'a pas suffi au Parti Républicain. Mitt Romney et Paul Ryan veulent réduire ou supprimer toutes les mesures qui empêchent les Américains dans la misère de mourir de faim et de devenir des sans abris.

Les Républicains prétendent que la seule raison pour laquelle il y a de la pauvreté, c'est que le gouvernement utilise l'argent des contribuables pour subventionner les Etasuniens qui n'ont pas envie de travailler. Selon les Républicains, pendant que certains sacrifient leur loisirs et leur famille pour travailler dur, il y a des quantités d'assistés qui se la coulent douce sur le dos du contribuable.

Le fait que les gens croient cette propagande insensée, ajouté à la délocalisation des jobs de millions d'Etasuniens de la classe moyenne, a réduit les Etasuniens à la pauvreté et a privé les villes, les comtés et le gouvernement fédéral des ressources d'impôts nécessaires, ce qui a provoqué des faillites au niveau local et gouvernemental et des déficits budgétaires massifs au niveau fédéral qui menacent le cours du dollar et son rôle comme monnaie de réserve.

La destruction économique des Etats-Unis a profité aux méga riches qui possèdent maintenant des millions et des millions de dollars pour s'offrir tout ce que la vie peut offrir là où ça leur chante. Pendant ce temps, loin de la Riviera française, le département de la Sécurité Intérieure est en train de se doter de suffisamment d'armes pour maintenir les Etasuniens dépossédés sous contrôle.

Note :
* Le quintile est une portion de la distribution de fréquence contenant un cinquième du total de l’échantillon.

Paul CRAIG ROBERTS
Paul Craig Roberts a été secrétaire adjoint au département du Trésor étasunien et rédacteur en chef associé du Wall Street Journal. Son dernier livre, Wirtschaft am Abgrund (Economies In Collapse) vient de sortir.


Traduit par Dominique Muselet pour LGS


samedi 25 août 2012

Le royaume d’Espagne saigne sa population, pour sauver ses banques privées!



Le sauvetage de BFA-Bankia, via la nationalisation de ses pertes et actifs toxiques, suivie d’une demande d’aide publique historique de 19 milliards d’euros (23,5 milliards en tout avec les aides déjà reçues), a précipité l’Espagne dans une hystérie politique rythmée par un pouls sous l’hypertension financière des échéances fixées par les créanciers. L’annonce- le 9 juin 2012- par le gouvernement Rajoy – qui s’y était pourtant refusé – d’un plan de sauvetage pouvant atteindre 100 milliards d’euros (environ 10% du PIB) destiné à assainir l’ensemble du secteur financier espagnol met les marchés et les institutions financières internationales sous tension. Les réunions de l’euro groupe, du G-20 ou les visioconférences se succèdent depuis Rome, Washington, Paris ou Bruxelles sans pour autant calmer la fureur des spéculateurs qui se déchaînent sur le marché de la dette. Pendant ce temps, la population pâtit de nouvelles mesures antisociales la plongeant dans une précarité d’une sévérité toujours plus extrême.

Bankia se crée sur la montagne d’actifs immobiliers des caisses d’épargne

Au cœur de cette crise, BFA-Bankia, quatrième banque du pays en termes de capitalisation boursière avec ses plus de 10 millions de clients et ses quelque 380 000 actionnaires. Elle représente 10% du système financier espagnol. Sans doute la plus exposée aux crédits immobiliers à risque, elle est considérée comme une banque ’systémique’ : sa faillite serait susceptible d’entraîner l’ensemble du secteur bancaire à sa perte et, au-delà, l’économie tout entière du pays. Bankia, ou plus exactement BFA-Bankia, né fin 2010, est le fruit d’un savant mélange qui permet d’isoler les actifs immobiliers problématiques des sept caisses d’épargne regroupées au sein de la maison mère BFA (Banco Financiero y de Ahorros). Celle-ci, aidée par l’Etat, opère comme la « bad bank » de Bankia. L’Etat se porte garant de la montagne d’actifs immobiliers douteux au sein de BFA pendant que sa filiale Bankia, débarrassée de ces actifs encombrants, tente d’attirer le capital des petits investisseurs par sa sortie en bourse. L’objectif est clair : transférer les risques, issus de la bulle immobilière, du secteur privé au public. Les contribuables, clients lésés et petits actionnaires fortement incités à le devenir par les recommandations irresponsables de la banque, seront directement touchés ; mais plus largement, la population espagnole dans son ensemble subira une nouvelle fois le fardeau d’une dette privée devenue publique. Il s’agit à nouveau d’une belle opportunité laissée aux banquiers, pourtant responsables d’investissements à haut risque débouchant sur des pertes astronomiques, de sauver leurs mises indécentes. Les gouvernements successifs de Zapatero (PSOE, gauche libérale) puis Rajoy (PP, droite libérale créée par le franquiste Manuel Fraga) choisissent de leur porter secours en les débarrassant du risque insoutenable découlant de la bulle immobilière et en injectant de l’argent ponctionné directement sur le budget de l’Etat, au détriment des secteurs vitaux tels la protection sociale, l’éducation, la santé ou encore la lutte contre les incendies. Puisque l’Etat s’endette pour assainir la banque, les coupes budgétaires qui affectent l’Etat providence sont décrétées incontournables pour combler le déficit occasionné. Voilà le piège de la dette que nous voulons dénoncer.

BFA-Bankia, par ailleurs, critiqué pour avoir d’anciens membres actifs du Parti Populaire dans ses organes de direction |1|, notamment depuis l’ancienne Caja Madrid maintenant engloutie dans BFA, représente un cas d’école qui mêle politiciens et banquiers au service de la finance.

BFA, la bad bank de Bankia

Dans la foulée de l’éclatement de la bulle immobilière, la restructuration du secteur bancaire a fait passer le nombre de caisses d’épargne de 45 à une quinzaine début 2011. En conséquence, outre des fermetures de succursales et des licenciements, le capital s’est concentré entre les mains d’énormes entités se voulant «too big to fail» («trop grandes pour tomber»). Seules deux petites caisses échappent à la fusion : Caixa Ontinyent et Caixa Pollença.

BFA (Banco Financiero y de Ahorros) naît le 3 décembre 2010 et commence à opérer en janvier 2011. Cette nouvelle entité est le fruit de la fusion de sept caisses d’épargne régionales minées par une bulle immobilière qui n’en finit pas de dévoiler la profondeur de la crise : il s’agit de Caja Madrid et Bancaja qui détiennent la majorité de l’actionnariat (pour 52,06% et 37,70% respectivement), auxquelles se sont jointes La Caja de Canarias (2,45%), Caja de Ávila (2,33%), Caixa Laietana (2,11%), Caja Segovia (2,01%) et Caja Rioja (1,34%). Au-delà de la Banque d’Espagne et des hauts responsables de Bankia, le gouvernement social-libéral de Zapatero porte la responsabilité d’avoir autorisé et encouragé une telle fusion. Fin 2010, le FROB (Fondo de Reestructuración Ordenaria Bancaria) |2|, le Fonds public espagnol d’aide au secteur, octroie un prêt de 4,4 milliards d’euros (4 465 millions) à BFA, la maison mère de Bankia, et ouvre ainsi la voie à la nationalisation de la banque. Cette opération avait pour objectif d’assainir les comptes des caisses d’épargne regroupées au sein de la nouvelle entité. Cela se révélera insuffisant.

Signalons par ailleurs que BFA détient des participations dans Concesiones Aeroportuarias (7,86%), Deoleo (9,63%), Desarrollos de Palma (10,38%), Ejido Desarrollos Urbanos (7,34%) Grupo Inmobiliario Ferrocarril (10,17%), Haciendas Marqués de la Concordia (8,47%), IAG (12%) Mercavalor, Sociedad de Valores y Bolsa (10,48%), NH Hoteles (9,22%), Numzaan (7,41%), Mapfre (15%) et Iberdrola (5,27%). |3|

L’exposition des créanciers, principalement dans le secteur bancaire espagnol, accumulaient fin 2011, selon les dires de la Banque d’Espagne, entre 176 et 184 milliards d’euros d’actifs immobiliers problématiques. BFA, qui, à en juger par ses propres comptes, est la plus exposée au secteur immobilier, à hauteur de 37,5 milliards d’euros fin 2011, dont plus de 31 milliards (31 798 millions d’euros) d’actifs immobiliers problématiques (crédits risquant de ne pas être remboursés), clôture sa première année d’exercice avec les plus grosses pertes de l’histoire de la banque espagnole. Après avoir déclaré dégager des bénéfices de 309 millions d’euros en 2011 sous la gestion Rodrigo Rato, BFA a annoncé un solde négatif de 439 millions, avant de finalement reconnaître, une fois l’ex dirigeant du FMI parti, avoir cumulé 3,3 milliards d’euros de pertes en 2011 (3 318 millions). Si l’on ajoute les pertes occasionnées par la dépréciation du titre en bourse, cette somme dépasserait les 7 milliards d’euros (7 263 millions). |4| Le choc est d’autant plus important que Zapatero et la Banque d’Espagne avaient vivement incité de nombreuses entreprises de l’Ibex 35 à acheter ses actions pour près de 3 milliards d’investissement. |5|
Cette gestion désastreuse de la banque n’empêcha pas son président directeur, Rodrigo Rato, d’empocher 2,34 millions d’euros de salaire fixe, ni à Francisco Verdú, son conseiller délégué, d’être rémunéré 1,57 millions, en 2011 |6| (arrivé en cours d’année, il ne percevra pas la totalité de sa rétribution annuelle de 2,26 millions). Jose Luis Olivas, vice-président de Bankia avant de démissionner, et toujours président de Bancaja, a perçu 1,62 millions d’euros en 2011. Enfin, José Manuel Fernández Noriella, qui a remplacé Olivas, a quant à lui touché 725.000 euros, cette même année 2011. Ce ne sont là que les rémunérations fixes, qui ne tiennent donc pas compte d’éventuelles rémunérations variables ou de celles perçues, en tant qu’administrateurs d’autres entreprises.

Des sommes colossales ont donc été distribuées avant que la banque ne demande des fonds publics pour se remettre à flot. En février 2012, une nouvelle loi |7| plafonne les salaires des cadres dirigeants d’entités ayant reçu de l’argent de l’Etat à 600.000 euros de rémunération fixe. Une mesure insuffisante et bien trop tardive si l’on considère que les membres du conseil d’administration de BFA, qui a reçu 4 465 millions d’aides publiques à travers le FROB, se sont réparti, entre janvier et novembre 2011, plus de 9 millions d’euros |8|. Il faut d’urgence privatiser les pertes en faisant payer les responsables qui en ont bien profité et non les socialiser comme le fait le gouvernement ; il est, en effet, plus que temps de replacer le secteur bancaire sous contrôle public sans pour autant que l’Etat ne prenne en charge le coût de l’opération. Ce sont les grands actionnaires qui doivent en assumer les frais et les dirigeants doivent être poursuivis en justice afin de déterminer leurs responsabilités dans la débâcle.

Rodrigo Rato s’offre un parachute doré avant le krach de Bankia

Bankia sort en bourse, le 20 juillet 2011. L’ex-ministre de l’économie et vice-président économique de José María Aznar lorsqu’il œuvrait au gonflement de la bulle immobilière, ancien directeur du FMI et président de Bankia, Rodrigo Rato, sonne alors fièrement la cloche à l’ouverture de la bourse de Madrid pour l’occasion. L’action vaut 3,75 euros et tout va pour le mieux dans le monde de la finance dérégulée qui jouit d’un nouveau produit sur lequel parier. Le 7 mai 2012, l’action s’échange à 2,37 euros (soit un plongeon de 37% en 10 mois) et, comme au FMI, en 2007, Rodrigo Rato présente sa démission avant la fin de son mandat. Il sera remplacé deux jours plus tard (le 9 mai) par José Ignacio Goirigolzarri sur les conseils de Rato lui-même, qui le signale comme «la meilleure personne, en ce moment, pour diriger ce projet». Arturo Fernández, vice-président de la CEOE (équivalent du MEDEF français) et conseiller de Bankia, affirmait alors que «le travail de Rodrigo Rato a été exemplaire» |9|.

Le scandale Goirigolzarri

Avant de reprendre le contrôle de Bankia, José Ignacio Goirigolzarri a, entre autres, occupé le poste de vice-président de Repsol (avril 2002- avril 2003) et Telefónica (avril 2000 - avril 2003) où il siégeait au conseil d’administration jusqu’en 2003, tout en poursuivant sa longue carrière (30 ans) au sein de la deuxième banque espagnole BBVA, où il percevait près de 4,6 millions d’euros par an (salaire fixe et rémunération variable). Il a aussi été conseiller de BBVA-Bancomer (Mexique), Citic Bank (Chine) et de CIFH (Hong Kong) durant cette période. En septembre 2009, en plein débat international sur la limitation des salaires et bonus, il quitte son poste auprès de BBVA avec une retraite anticipée de près de 3 millions d’euros bruts par an. Alors que la crise se répandait violemment en Europe, il encaissait d’un coup 68,7 millions d’euros ! |10| Malgré le scandale occasionné, rien ne change au sein de la banque : deux ans plus tard, en 2011, Francisco González, président de BBVA, et Ángel Cano, conseiller délégué, ont perçu une rémunération totale de 4,9 millions d’euros et 3,6 millions respectivement. Cette année-là, le comité de direction a reçu au total, 9,35 millions d’euros de rémunération fixe et 14,2 millions de rémunération variable. |11|

Nationalisation de la bad bank

A peine aux commandes de Bankia, Goirigolzarri propose la prise de contrôle de BFA par l’Etat. Le gouvernement répond aussitôt qu’il apportera le capital nécessaire à l’assainissement et contrôlera 100% de BFA. Cette entité détenant alors plus de 45% de participation dans Bankia, l’Etat en devient son actionnaire majoritaire et, par la même occasion, entre au capital des sociétés dont BFA est aussi actionnaire.

Ainsi, quelques jours après la démission de Rodrigo Rato, le FROB décide de transformer les 4,4 milliards d’euros injectés fin 2010 sous forme d’actions préférentielles convertibles à 5 ans (« participaciones preferentes convertibles ») en simples actions. En effet, comme nous explique Mikel Barba : «Ces actions préférentielles sont soumises à un intérêt et doivent être rachetées par [BFA] sur une période de cinq ans. Dans le cas où l’entité n’est pas en mesure de rendre l’argent apporté sur cinq ans, les actions préférentielles se transforment en actions, l’Etat devenant alors propriétaire de tout ou partie de la société. (...) Le FROB reconnaît qu’il ne récupérera pas les sommes placées dans BFA sous forme d’actions préférentielles convertibles sous cinq ans, et décide par conséquent de les convertir en capital. De créancier, il devient propriétaire de l’entreprise» .|12|

Le 25 mai, après que l’agence de notation Standard & Poor’s a annoncé la dégradation de la note de Bankia et de quatre autres banques espagnoles au rang d’investissement spéculatif, la cotation des titres de Bankia est suspendue alors que son conseil d’administration tente de déterminer le montant de la nouvelle aide nécessaire. BFA-Bankia, qui avait déjà reçu 4,4 milliards d’argent public du FROB, demande finalement 19 milliards d’euros supplémentaires à l’Etat. Cela marque de fait la plus grande opération de sauvetage du secteur financier de l’histoire espagnole. La nationalisation de la banque au bord de la faillite vient ainsi s’ajouter à la longue liste de celles déjà réalisées depuis le début de la crise, tant en Espagne (Catalunya Caixa, NovaGalicia, Banco de Valencia, sans compter les autres entités ayant perçu des injections d’argent telles Caja Castilla La Mancha, Cajasur, ou la CAM) qu’ailleurs. À titre d’exemple, la franco-belgo- luxembourgeoise Dexia a été sauvée de la faillite à deux reprises et l’opération a déjà coûté 18 milliards d’euros aux contribuables |13|.

Mariano Rajoy a assuré que le sauvetage de Bankia n’aurait ’aucun impact’ sur le déficit public du pays, qu’il s’était engagé à réduire de 8,9 % à 5,3 % du PIB cette année 2012 |14|. Pourtant rien n’est moins sûr et durant les 5 premiers mois de l’année 2012 (janvier à mai), le déficit de l’Etat a déjà atteint 3,4 %, en augmentation de 30,6% par rapport à la même période de l’année antérieure.

Pendant ce temps, la chute du titre Bankia se poursuit. Le 20 juin 2012, le cours s’est effondré à près de 80 centimes d’euros, soit une perte de 80% depuis sa sortie en bourse. Même l’annonce par l’Euro groupe, le 9 juin 2012, de l’injection pouvant aller jusqu’à 100 milliards d’euros - bien au-delà des 37 milliards d’euros estimés nécessaires par le FMI |15| et des 62 milliards des consultants Oliver Wyman et Roland Berger - n’a pas bénéficié à Bankia qui est la seule entité financière de l’Ibex 35 à avoir enregistré une chute de sa capitalisation boursière depuis cette date jusqu’au 30 juin. Le titre a perdu 9,80% durant cette courte période, alors que toutes les autres banques enregistraient des gains suite à l’euphorie provoquée par l’annonce du sauvetage. |16| Le 17 juillet, le titre tombait à 0,59 euros, son minimum, avant de remonter en août à l’approche d’une injection imminente de capital européen, dont Bankia serait le premier bénéficiaire. La sortie en bourse est un fiasco supporté par les petits investisseurs qui voient leurs placements réduits à néant – les plus gros, informés, ayant fuit la débâcle.

Dans un texte écrit en 2010 |17|, David Hall affirmait que la crise financière et économique est le résultat de prêts insoutenables et de la création de formes complexes de dettes par les banques. Depuis l’effondrement, en septembre 2008, de Lehman Brothers, les Etats-Unis et d’autres gouvernements ont décidé, après des décennies de privatisation, de sauver les banques en les nationalisant ou en injectant du capital pour les rendre solvables. Qu’on ne s’y méprenne, l’Etat reste, en général, en dehors de la gestion, qui reste aux mains des banquiers. Il ne s’agit pas d’une faiblesse du capitalisme, mais au contraire d’une manœuvre pour le renforcer en socialisant les pertes, avant de privatiser de nouveau l’établissement dès que l’assainissement l’aura rendu viable. Le FMI décrit cela comme «un transfert de risque sans précédent du privé au secteur public». |18|
Août 2012

Jérôme Duval



Notes

|2| La constitution du FROB, approuvée par le Parlement le 8 juin 2009 et concrétisée par le décret royal du 26 juin de la même année (Real decreto-ley 9/2009), vise à venir en aide aux banques fragilisées par leur exposition au secteur immobilier et sinistrées depuis l’explosion de la bulle en 2008. Le Fonds public d’aide au secteur financier (FROB) contrôle aujourd’hui NovaGalicia, CatalunyaCaixa, Banco de Valencia et Bankia. Son capital de 9 milliards d’euros provenant du budget de l’Etat s’épuise fin 2011, d’où l’intérêt suscité par le « sauvetage » européen face à l’ampleur des sommes nécessaires.
|5| “Bankia y el fiasco de la política”, El País, 1er juillet 2012.
|7| Real Decreto-ley 2/2012, de 3 de febrero, de saneamiento del sector financiero. Titulo IV,http://www.boe.es/boe/dias/2012/02/04/pdfs/BOE-A-2012-1674.pdf
|9| « el trabajo de Rodrigo Rato ha sido ejemplar » Dans « La situación de Bankia no es tan desesperada », ABC Punto Radio, 08/05/2012, http://www.abc.es/20120507/economia/abci-bankia-situacion-desesperada-201205072233.html
|10| “Goirigolzarri, el ejecutivo de la pensión millonaria en el BBVA”, El País, 7 mai 2012,http://economia.elpais.com/economia/2012/05/07/actualidad/1336396158_000163.html ;http://elpais.com/diario/2009/10/01/economia/1254348005_850215.html
|12| Lire Mikel Barba, El caso Bankia o las cinco maniobras de una gran estafa,http://www.rebelion.org/noticia.php?id=149845
|13| Le CADTM Belgique et ATTAC ont introduit le 23 décembre 2011 un recours devant le Conseil d’État belge afin d’annuler l’arrêté royal du 18 octobre 2011 octroyant une garantie d’État de 54,45 milliards d’euros à certains emprunts de Dexia, soit l’équivalent de 15% du Produit Intérieur Brut (PIB) de la Belgique. Lire :http://cadtm.org/Resume-du-recours-Dexia-intente
|14| Ceci avant que Bruxelles, voyant cet objectif irréalisable, n’accorde une année de répit portant à 2014 au lieu de 2013 l’objectif d’un déficit sous les 3% du PIB. Reuters, 7 juillet 2012.
|15| « Le FMI appelle à un filet de sécurité crédible pour les banques espagnoles  », Les Echos, 9 juin 2012.
|16| “Todas las entidades financieras que cotizan en el Ibex 35, salvo Bankia, han registrado importantes ganancias en Bolsa desde que el pasado 9 de junio el Eurogrupo brindó a España hasta 100.000 millones para sanear el sector. (…) Bankia ha sido la única entidad que cotiza en el Ibex 35 que ha registrado pérdidas en este periodo, al caer un 9,80%.” Bankia, incapaz de sumarse a la euforia del rescate financiero, 30 juin 2012,http://www.intereconomia.com/noticias-negocios/claves/bankia-incapaz-sumarse-euforia-rescate-financiero-20120630
|17| David Hall, PSIRU, University of Greenwich, p.11, Why we need public spending, octobre 2010.
|18| Ibidem et FMI, Global Financial Stability Report, juillet 2009,http://www.imf.org/external/pubs/ft/fmu/eng/2009/02/index.htm

Quand les escrocs en col blanc gouvernent impitoyablement, sans foi ni loi


Pourquoi des personnages comme Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor US, poursuivent-ils leur mission de représentant des Etats-Unis alors qu'ils devraient être entre quatre murs ? Plus on creuse sur les scandales liés à la manipulation du Libor, plus on s'aperçoit qu'il s'agit de l'un des grands crimes du siècle. 

Quand il s'exprime pour commenter les silences complices de Timothy Geithner sur les manipulations du Libor, l'ancien gou­verneur de l'Etat de New York, Eliot Spitzer, n'hésite pas à comparer son crime à celui des pires pédophiles lourdement condamnés pour crime. 

« Le rôle de Geithner a été dévoilé lors de la déposition de l'ancien directeur de la Barclays, Robert Diamond, devant une commission d'enquête du Parlement britannique. En effet, il a révélé que Barclays avait été en contact avec la Réserve fédérale de New York à l'époque où Geithner la dirigeait, au sujet du Libor. La Fed de New York, censée garder Wall Street dans le collimateur, joue un rôle de régulation tout spécial. A la suite des propos de Diamond, une série de courriels ren­dus publics a confirmé que les autorités de la Fed, y compris Geithner, n'ont rien fait pour arrêter les menées des banques qui fixaient le Libor, dont ils étaient au courant. Pire, ils ont accordé à ces mêmes banques des milliers de milliards de dol­lars de fonds et de crédits. Barclays à elle seule a obtenu 868 milliards de dollars de prêts, au loyer de 0 % ! Geithner a personnellement envoyé un email aux autorités britanniques le 1er juin 2008, leur suggérant de renforcer la gouvernance et d'établir une procédure crédible de déclaration des taux, et d'éliminer l'incitation à faire de fausses déclarations. Il savait donc bel et bien que la procédure comportait de sérieux défauts. Pourquoi n'a-t-il pas intenté de poursuites contre ceux qui trichaient ? » (Source Strategic Alert

Chose incroyable, malgré ces magouilles honteuses, la marionnette préférée de Wall Street qui a su rouler dans la farine des millions d'électeurs, un certain Barack Obama, à qui Wall Street devrait ériger une statue pour le remercier d'avoir ridiculisé le peuple américain durant cinq longues années, a récompensé Geithner en faisant de lui LE secrétaire au Trésor du pays ! 

Pour l'heure, des enquêtes se multiplient contre les banques qui furent renflouées après avoir spolié leurs clients. Des actions sont même intentées par des gouvernements locaux et d'Etat, ainsi que les fonds publics de retraite, et d'autres qui ont été victimes de la manipulation des taux. Ces entités ont perdu des milliards de dollars, du fait que le guichet in­vestissement des banques universelles leur ont vendu des swaps sur taux d'intérêt et d'autres formes d'assurance contre le risque, alors que le guichet banque des mêmes institutions truquaient les taux, obligeant leurs clients à payer beaucoup plus. 

Des responsables de Baltimore font valoir que la ville a dû payer la différence à cause de la manipulation des taux sur des centaines de millions de dollars empruntés par la ville. Et de Californie, la ville d'Oakland a renvoyé Goldman Sachs en raison de l'assurance frauduleuse qu'elle lui a vendue. 75 % des grandes villes américaines ont des contrats de swaps liés au Libor. En 2010, des municipalités ont versé 4 milliards de dollars de sanctions pour avoir annulé de tels contrats. 

Entre-temps, pour verser les honoraires aux escrocs, les gou­vernements sont obligés de couper les budgets de santé, d'édu­cation et de sécurité, de fermer des postes de police, des services de pompiers, des hôpitaux etc., pour équilibrer le budget. 

Non seulement le secrétaire d'Etat au Trésor n'est pas en prison, mais il ose jouer au conseiller des Etats européens, que ses amis banquiers ont torpillé par des manipulations incessantes sur les taux. Il faut bien comprendre Timothy Geithner : comme il semble pouvoir transgresser sans limite les lois des hommes, pourquoi s'arrêter en si bon chemin. D'autres pensaient jouir de certains passe-droits, même à la tête d'institutions supranationales. Mais il arrive (parfois) un moment où certaines factions oligarchiques décident de s'offrir une victime qui, du jour au lendemain, se retrouve nue comme un ver. De cela, Timothy Geithner devrait réfléchir à deux fois.
Source: Liesi

« La disparition de la monnaie unique serait dans les intérêts de tout le monde »


Août devrait être un mois chaud pour la zone euro, indépendamment des surprises que nous réserve la météo. Le fait que l'Espagne ait nié avoir besoin d'un plan de sauvetage d'ampleur confirme que Madrid, à un certain moment, va en appeler aux sado-monétaristes de Bruxelles. Tout comme les ministres Grecs, Irlandais et Portugais l'ont fait après ces mêmes dénégations comiques.
La situation est loin d'être comique, puisque les conséquences de l'effondrement d'un système aussi insensé que celui de la monnaie unique touchera tout le monde, en particulier la classe ouvrière qui n'a aucune responsabilité dans la construction de ce château de cartes.
Un panel de 17 économistes éminents de l'Institut new-yorkais New Economic Thinking a rendu un rapport mettant en garde: « l'Europe avance, tel un somnambule, vers une catastrophe aux proportions incommensurables.
Le dernier domino, l'Espagne, est à quelques jours d'une crise de liquidité, selon son propre ministre des Finances. Cette situation dramatique est la conséquence d'un système de la zone euro qui, tel qu'il est construit actuellement, est totalement bancal », selon le rapport.
Cependant, la raison fondamentale derrière cette crise qui n'en finit pas, un domino tombant après l'autre, ce n'est pas un problème de liquidité – c'est juste un symptôme d'un problème bien plus important.
Enfermés dans la chambre des tortures néo-libérale qu'est cette zone Euro, les pays les plus faibles ne peuvent tout simplement pas rentrer en concurrence avec les pays les gros, au cœur de l'Empire, précisément la France et l'Allemagne.
Des pays dans le dur comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne et l'Italie, que l'on connaît tous sous le nom de PIIGS, ont des déficits de la balance des paiements colossaux qui ébranlent leurs économies, tout en accroissant leurs besoins en liquidités.
La vraie réponse est la dévaluation qui est impossible dans le cadre de la monnaie unique. La seule option disponible afin de rester dans l'euro est de se retourner contre sa propre population, en détruisant l’État social et en s'attaquant à des millions de travailleurs, ce que l'on connaît comme une dévaluation interne.
Les attaques contre les mineurs Espagnols et les métallurgistes Grecs ne sont qu'une partie infime de la guerre économique qui a été déclenchée sur demande d'institutions européennes non-élues et très largement méconnues.
Partisans de l'UE, les Conservateurs et les Démocrates soutiennent l'austérité à perpétuité de l'UE à la fois ici et dans toute la zone euro. Tout en étant en dehors de la zone euro, la classe dirigeante Britannique soutient tous les efforts pour maintenir l'euro en vie.
Le gouvernement offre même de nouveaux prêts et de nouvelles garanties de plusieurs milliards de livre tout en prétendant que sa priorité est de réduire la dette.
Cameron n'a pas – comme il l'a affirmé – mis son « veto » au pacte fiscal, connu comme le traité d'austérité à perpétuité, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2013. Le Grande-Bretagne ne l'a tout simplement pas signé – ce n'est pas un « veto ».
Au plus fort de la crise de la dette dans la zone euro, le pacte exige que les budgets soient équilibrés ou à l'équilibre et que la Cour européenne de justice (CEJ) puisse imposer des amendes allant jusqu'à 0,1% du PIB, si cela n'est pas effectif un an après la ratification.
Désormais, la commission tente de passer en force avec un traité sur le Mécanisme européen de stabilité (MES), avec le moins de débat possible, et presse les gouvernements nationaux à le ratifier aussi vite que possible, sans passer par des référendums.
Le MES est nécessaire car les mécanismes de sauvetage précédents, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF), n'avaient aucun fondement juridique dans les traités européens ratifiés jusqu'alors.
Le Traité de Lisbonne affirme même clairement qu'il ne peut y avoir de plan de sauvetage de quelque État que ce soit parmi les 17 que compte la zone euro.
Le MES proposé est une solution fondamentalement non-démocratique au dilemme légal actuel, et destiné à financer ce qui est en réalité une caisse noire.
Il serait basé à Luxembourg, avec un conseil d'administration nommé par les 17 Etats-membres de l'euro et opérerait en marge de l'UE.
Cette approche de plus en plus anarchique, et même hystérique, révèle à quel point le projet de la zone euro est bancal. C'est parce que la monnaie unique est un projet fondamentalement politique, non économique. C'est un moyen en vue d'une fin. La fin étant un contrôle total des mécanismes d'ajustement structurel à l'échelle européenne, où toute activité humaine serait transférée du domaine public au secteur privé, au capitalisme monopoliste.
Avec ce projet, si une crise se produit sur le parcours, on peut la retourner à son avantage – avec plus de centralisation européenne et la remise en cause des pouvoirs démocratiques des Etats-membres.
Il est clair que nous traversons la pire crise capitaliste depuis une génération, donc les enjeux ne peuvent qu'être très élevés.
La direction actuelle du Parti travailliste pourrait affirmer que le soutien du gouvernement au projet de la zone euro est une erreur et que l'euro est mort.
Hélas, elle ne fera pas car le Parti travailliste est pieds et poings liés avec le projet de l'Euro même s'ils adopteront sans doute une ligne plus critique envers l'UE lors de la prochaine élection.
Ce qui est triste, c'est qu'une bonne partie de la gauche a soutenu la monnaie unique ou est restée muette à cause des promesses foireuses de « modèle social européen » dues au président de la Commission européenne Jacques Delors en 1988, qui nous mènerait au socialisme par la bande.
Des partisans grassement payés de la monnaie unique, comme Lord Monks, continuent même à lancer des appels pour l'entrée de la Grande-Bretagne dans l'euro moribond – même si comme il l'admet ses avis « peuvent sembler très excentriques ».
L'extrême-gauche a aussi soutenu dans une large mesure l'UE, essentiellement par une incompréhension totale de l'internationalisme comme de conceptions économiques de base.
Aujourd'hui, il est évident que la disparition de la monnaie unique serait dans les intérêts de tout le monde.
Injecter toujours plus d'argent dans une monnaie moribonde, mal-aimée ne serait que prolonger l'agonie pour tout le monde.
Mais nous ne devons pas oublier comment les dirigeants syndicaux et les leaders travaillistes ont vendu le projet européen à la classe ouvrière, sur la base des promesses malhonnêtes du type de celle de Delors.
Qu'ils aient été naïfs ou cyniques, ils nous l'ont vendu en en appelant à la foi de la population plutôt qu'aux faits – c'est impardonnable.
Brian Denny, syndicaliste cheminot britannique (RMT) et militant de la campagne « No2EU/Non à l'union européenne »

Comment prendre le contrôle d'une nation ? (méthode gratuite !)


Voici une méthode en 10 étapes pour prendre le contrôle d'une nation :
  1. Demandez a un banquier (Pompicsou- Rothschild) de devenir copain avec le gars intelligent qui gouverne le pays (De Gaulle), pour qu'il devienne premier ministre (1962)
  2. Faites tomber le gars intelligent qui gouverne (De Gaulle) avec une révolution (mai 1968)
  3. Faites élire le banquier (Pompicsou) a la tête du pays (1969)
  4. Faites lui voter une loi privant le pays du droit de créer sa propre monnaie (1973)
  5. Cela oblige ainsi l'état a emprunter auprès des banques et des investisseurs internationaux
  6. Attendez patiemment que les politiques dépensent plus que l'état n'encaisse (1973 - 1998)
  7. Créez une banque supranationale indépendante (BCE) battant sa propre monnaie (1998). S'il le faut appuyez vous sur un bel idéal (l'Europe) pour faire passer la pilule
  8. Attendez patiemment que les politiques dépensent plus que l'état n'encaisse (1998 - 2012). Si ça ne va pas assez vite créez une bonne crise (Subprime 2008) pour qu'ils s'endettent plus vite
  9. Enfin mettez un ancien banquier (Mario Le Dragon - Goldman Sachs) a la tête de cette banque supranationale (2011)
  10. Attendez patiemment que les états soient en faillite pour leur imposer ce que vous avez décidé. Si ça ne va pas assez vite créez une crise, voire quelques guerres par ci par la
Résultats : 

La BCE tient désormais l'ensemble des pays de l'Union Européenne par les « cojones ». 

Quand vous devez x milliards a la banque, et que vous ne pouvez plus payer les y milliards d'intérêts, ce n'est plus vous qui décidez de votre vie, c'est la banque.
  • Les gagnants: Les propriétaires de Rothschild, Goldman Sachs & Cie
  • Les perdants: Le peuple
  • Les complices: Les politiques et les médias
Résumé :
  • « Donnez moi le droit d'émettre et de contrôler l'argent d'une Nation, et alors peu m'importe qui fait ses lois » - Mayer Amschel Rothschild (1744-1812)
La Suite:
  • Laisser les politiques et les médias expliquer aux citoyens pourquoi il n'y a pas d'autre choix que de les tondre (les citoyens)
  • Adopter si possible un discours rationnel (y a plus d'argent) et proposer un faux choix : soit on augmente les impôts, soit on diminue les prestations (sécu, retraite, enseignement)
  • Prétexter une bonne crise pour faire les 2 (augmenter les impôts ET diminuer les prestations)
  • Puis vendre les bijoux de famille (transport, énergie, immobilier) aux multinationales
  • Enfin abandonner le pouvoir a des gens non élus par le peuple, comme en Italie (Mario Montagne)
Questions :
  • La Grèce est elle encore une démocratie ?
  • Après la Grèce, a qui le tour ?
  • Pour la France, a quand le tour ?
  • Que faire pour éviter que ce soit votre tour ?

NDLR :
  • toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite
source : Devenir rentier

vendredi 24 août 2012

De Gaulle, contre le Dollar !



John Connally, secrétaire au Trésor US de Richard Nixon, au début des années 70, avait, un jour, déclaré que le dollar était la devise des Etats-Unis, mais, parlant des autres pays, «votre problème».

Cette légèreté des Etats Unis, pour appréhender la monnaie de réserve du monde, avait entraîné de virulentes remarques de Charles de Gaulle.

«Ce que [les Etats-Unis] doivent [à l’étranger], ils le lui paient, tout au moins, en partie, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre...», a grondé De Gaulle, durant une conférence de presse, qui ferait date, en février 1965.


«Cette facilité unilatérale qui est attribuée à l’Amérique contribue à faire s’estomper l’idée que le dollar est signe impartial et international des échanges, alors qu’il est un moyen de crédit approprié à un Etat».

Mais De Gaulle a fait bien plus que grommeler et se plaindre. Contrairement aux présidents français actuels, il a eu la possibilité d’échanger ses dollars contre un actif bien réel et tangible — l’or physique.

L’or «ne change pas de nature», affirma De Gaulle, dans son discours de 1965, comme s’il annonçait au monde une nouvelle inédite. «[L’or] qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire, par excellence».

Comment obtenir ce parangon des actifs ? Dans les années 50 et 60, les gouvernements de la planète pouvaient simplement venir à la Réserve fédérale, toquer à la «fenêtre de l’or» et échanger leurs dollars contre du métal jaune.

Et c’est bien ce qu’a fait De Gaulle.

Dès 1958, il a ordonné à la Banque de France d’accélérer le rythme auquel elle transformait ses réserves de nouveaux dollars en or physique. Rien qu’en 1965, il a envoyé la Marine française, de l’autre côté de l’Atlantique, pour emporter 150 millions de dollars en or ; en 1967, les proportions des réserves nationales françaises détenues en or étaient passées de 71,4% à 91,9%. La moyenne européenne n’était qu’à 78,1% à l’époque.

En 1968, De Gaulle s’était retiré du Gold Pool de Londres — un cartel gouvernemental qui travaillait activement à contrôler le prix de l’or, pour le maintenir en ligne avec les 35 $/once ordonnés par le gouvernement US. Trois ans plus tard, alors que l’or était transporté, par voie aérienne, depuis Fort Knox vers New York, pour répondre à la demande étrangère de paiement en or, Richard Nixon mit fin au petit jeu de De Gaulle. Il cessa, purement et simplement, de payer en or.

De Gaulle appela le dollar «le privilège exorbitant de l’Amérique», reprenant une phrase de son économiste préféré, Jacques Rueff. Ce privilège donnait aux Etats-Unis le droit exclusif d’imprimer le dollar, la «devise de réserve» de la planète, et de l’imposer au reste du monde en paiement de leurs dettes. Selon les accords d’après-guerre de Bretton Woods, en 1946, le dollar ne pouvait pas être refusé.

En fait, aux côtés de l’or — contre lequel le dollar était parfaitement interchangeable, jusqu’en 1971 — la devise US était du véritable argent, quelque chose de solide. Tout le reste pâlissait, à côté du dollar impérial. Tout, sauf l’or.

Adrian Ash Directeur de la Recherche Bullionvault.com

Source : Géopolintel


jeudi 23 août 2012

Le yuan continue à gagner en popularité sur les marchés mondiaux



La monnaie nationale de la Chine s’internationalise. Cette expansion est visible sur les marchés notamment grâce à l’exemple de Hong Kong. Ce sont des crédits en yuans chinois, et non pas en dollars hongkongais, la monnaie en vigueur sur l’île, qui deviennent de plus en plus populaires parmi la population.

Ainsi, le volume de prêts en yuans de l’un des principaux joueurs du secteur financier hongkongais, la banque britannique Standard Chatered a doublé au premier semestre de cette année. Et ce n’est qu’un début, explique-t-on dans cette banque.

Donner des crédits, vendre des instruments financiers, assurer, et tout cela en yuans chinois. Il n’y a pas si longtemps, les banquiers hongkongais ne croyaient pas que le yuan pourrait devenir la monnaie de toutes les transactions. Mais en 2010, ce phénomène est devenu bien réel. La Banque populaire de Chine et l'Autorité monétaire de Hong Kong ont signé un accord selon lequel les prêteurs de l’île ont obtenu le droit de fournir des services en renminbi, la monnaie nationale chinoise. Rien de surprenant que sur le fond d’une croissance stable de l’économie et la hausse non pas moins stable de la monnaie nationale, les habitants de Hong Kong les non-résidents aient décidé de profiter de cette nouvelle opportunité. Cet accord avec la Chine a permis à Hong Kong de renforcer sa position d’un des plus importants centres financiers mondiaux.

« La hausse de popularité du yuan dans le monde contribuera surtout à la croissance de Hong Kong », explique Sergueï Sanakoev, le directeur du Centre russo-chinois pour le Commerce et la Coopération économique. « Le monde perçoit Hong Kong comme une porte vers la Chine continentale. C’est pratique et confortable de travailler avec la Chine via Hong Kong non seulement dans la finance, mais aussi dans toutes les sphères de l’économie ».

En même temps, d’autres centres financiers mondiaux veulent priver Hong Kong son statut du centre des transactions en yuans à l’extérieur de la Chine. Ainsi, au début de cette année, les autorités financières britanniques ont affirmé sans l’ombre d’un doute que Londres devrait devenir le centre du commerce en monnaie chinoise. La Bourse de Singapour a également fait part au début de juillet de sa volonté de commencer à vendre des instruments financiers libellés en yuans. Cette popularité croissante du renminbi s’explique principalement par le fait que le taux de change de la monnaie chinoise est régulé par Pékin, qui ne lui permet pas de fortes fluctuations. A cela s’ajoute le rôle croissant de la Chine sur l’arène politique et économique internationale. Dans ce contexte, de nombreux experts anticipent déjà un repartage de la structure du marché des changes dans le monde.

« La Chine dicte déjà l’ambiance sur les principaux marchés des devises », analyse le professeur de la Haute école des Sciences économiques de Russie Iosif Diskine. « Ce sont déjà des signes de formation d’un nouvel ordre financier mondial. Ce nouvel ordre commence déjà à se former, et le dollar et l'euro cessent petit à petit de jouer un rôle dominant sur ce marché ».

La plupart des analystes estiment qu’au cours de la prochaine décennie, la monnaie chinoise ne deviendra pas une monnaie de réserve, la devise que les pays utiliseront pour stocker leurs réserves nationales. Les données statistiques plutôt défavorables confirment cette hypothèse. Selon la Banque des règlements internationaux, en 2011, la part des transactions de change avec le yuan atteignait à peine 1 %. La monnaie chinoise a donc un long chemin à parcourir avant d’atteindre au moins les positions actuelles du dollar ou de l’euro. 

Kirill Bezverkhi