samedi 31 décembre 2011

Bonne année 2012


La crise s'est installée dans l'économie et quelque part la peur domine l'année à venir, contrairement à l'an 2000 où l'on percevait une grande inquiétude, à l'aube de 2012 c'est la peur qui prévaut. Nous ressentons que le monde que nous connaissons s'effondre et nos valeurs avec...

Dans l'adversité et la difficulté nous devons toujours conserver une lueur d'espoir et ne pas verser dans la haine ou le mépris, afin de pas nous altérer et continuer d'aimer et de vivre.

Bonne et heureuse année 2012, souhaitons la paix, la santé et l'amour.

vendredi 30 décembre 2011

COMPRENDRE LES CHANGEMENTS DU MONDE


Il s’agit en l’illustration ci-dessous, du train à grande vitesse chinois. Il ne s’agit pas simplement d’une copie de notre TGV, même s’il n’est pas douteux que les chinois s’en sont bien inspirés, mais celui-ci est de plus, construit en matériau composite-carbone, selon des techniques jusqu’alors réservées à l’aéronautique, ou à la formule 1, afin de gagner du poids. Il ne constitue donc pas une simple copie du nôtre, mais bel et bien un modèle plus évolué, qui promet des performances encore supérieures à celles du TGV, et qui nous fait perdre un des derniers domaines, où nous pouvions encore prétendre à l’exception de notre compétence.

Les Chinois ayant signé avec Airbus, un accord selon lequel ils fabriqueront une partie des avions qu’ils ont achetés, il n’est pas douteux qu’en fin de ce contrat, ils seront en mesure de très sérieusement menacer, tout comme le sont déjà les ambitieux brésiliens avec Embraer, le monopole que se partagent actuellement Airbus et Boeing, pour la fabrication d’avions de ligne commerciaux.

Tous les jours qui passent nous apportent des signes de la nouvelle donne qui se met en place au niveau mondial, face à laquelle les peuples de l’occident, persuadés que la mondialisation ne consiste en fait, qu’à ce que tous les autres peuples deviennent comme eux, demeurent impassibles, et enfermés comme à leur habitude, sinon dans le mépris, mais pour le moins dans un désintérêt total de ces autres, ne mesurant pas qu’au train où vont les choses, eux qui se vivent encore comme le nombril du monde, finiront bientôt aux marges de celui-ci.

Il y a bien sûr, les performances économiques et technologiques des pays émergents, tels que ces surprenants Iraniens, désormais capables de placer avec leur propre fusée, un satellite sur orbite, et qui n’ambitionnent rien de moins que de procéder d’ici quelques années, à un vol habité, par leur propres moyens, ce qu’aucun pays européen n’est en mesure de faire, et que ne peuvent faire pour l’instant, que les Russes, ou les Chinois, depuis la mise à la retraite des navettes Américaines. Ils ont également surpris tout le monde, en parvenant à détourner, un des drones les plus sophistiqués des Américains, et aveugler à l’aide d’un laser, un de leurs satellites espions.

Mais, par delà même ces péripéties, c’est dans l’établissement de relations et d’accords de plus en plus nombreux entre pays du Sud, tant sur le plan économique, que politique, et auxquels tentent par tous les moyens de s’opposer les nations occidentales, que se dessine le plus manifestement, le déplacement du “centre de gravité” de notre humanité.

Il y a eut bien sûr, ces nombreux voyages du président chinois Hu Jintao, à travers tout le continent africain où, presque partout, mais à l’exception notable de la Côte d’Ivoire où l’ancienne métropole coloniale n’a pas hésité à provoquer une guerre civile et un coup d’état, pour éviter cet événement, les commis chinois ont supplanté les colons français dans leur traditionnel “pré carré”. Il y a également les deux importants voyages effectués en Chine, et en Afrique du Sud, par madame la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, ancienne militante progressiste qui fut dans son jeune temps, emprisonnée puis torturée du temps de la dictature, et qui est parvenue à la tête de cette nation optimiste, qui vient de ravir à la Grande Bretagne sa position de sixième puissance économique mondiale, et qui talonne désormais la France.

Deux autres événements récents, confirment cette tendance des choses. Il y a le fait que trente trois pays d’Amérique latine et des Caraïbes y compris Cuba, viennent de se fondre dans une zone de libre échange la “C.E.L.A.C.”, qui rassemble pratiquement tout le continent, à l’exception notable des Etats-Unis et du Canada, ce qui est tout à fait inattendu. Ceci, quand on songe que toute la politique des Etats-Unis a été jusqu’ici, soit d’établir avec ces pays des relations bilatérales de libre échange, pour éviter qu’ils ne constituent une telle zone, soit d’en constituer une avec eux dans laquelle ils constitueraient bien sûr la partie dominante, et en excluant bien d’autres tels que Cuba, ou le Venezuela. Il ne pouvait rien leur arriver de pire...

L’autre événement inquiétant pour ces Américains, c’est que Chinois et Japonais qui, par delà leur antagonisme ancestral, ne cessent d’augmenter le volume de leurs échanges, ont décidé d’effectuer désormais leurs règlements, directement avec leurs monnaies nationales, plutôt que de passer par le dollar tel que c’est le cas habituellement, pour les règlements entre nations. Il y a dans cette attitude, d’une part l’expression d’une méfiance parfaitement fondée, quant à la solidité de la monnaie américaine, une défiance, quant à sa prétention de demeurer une monnaie de réserve internationale, et l’ambition de lui substituer le Yen et le Yuan.

Il est clair que la fin de l’existence du dollar comme monnaie de réserve, signerait le déclin définitif des Etas-Unis d’Amérique, qui depuis soixante ans, ont financé toutes leurs guerres, par l’inflation internationale, autrement dit sur le dos de tous les autres pays...

Ces temps, ceux de la domination, de l’intimidation, et de l’exploitation des autres, par les peuples occidentaux, “atlantistes” et bellicistes, semblent prendre fin, et c’est ainsi que, s’étant une dernière fois faits avoir, par les manœuvres onusiennes de ces néo-colonialistes, dans l’affaire de Libye, et dans celle tout aussi lamentable de Côte d’Ivoire, Russes et Chinois ont clairement fait savoir, qu’ils ne manqueraient pas de réagir “par les armes” s’il le fallait, contre toute attaque occidentale visant leur allies Syriens et Iraniens, et les Russes ont déjà entrepris de doter les premiers, de puissants moyens de défense. Le nouveau ton est donné...

Quel dynamisme dans ces pays dit “émergents”, quel enthousiasme, quel optimisme, quelle confiance en eux, et quelle volonté déterminée d’aller de l’avant ! Et comment ne pas être décontenancé, et profondément attristé, pour ne pas dire carrément écœurés, de constater qu’à l’heure ou nous trouvons jour après jour repoussés vers ce qui constituera à n’en point douter, d’ici peu de temps, le “groupetto” des nations larguées, les mentalités et l’état d’esprit détestables, qui se sont emparés de notre pays, et qui ruinent toutes ses chances de salut.

Comment avons-nous pu en arriver là ? Comment avons-nous pu supporter sans réagir plus vigoureusement, que toutes les mandatures à la tête du pays depuis près de quarante ans, n’ont été l’occasion toutes les unes après les autres, que d’une augmentation systématique, régulière, et implacable, de toutes les tares qui crucifient notre société ?

En réalité, il s’est produit ce qu’il pouvait y avoir de pire pour une société française, qui était déjà de longue date fragilisée par les drames que furent la défaite humiliante de 1940, avec l’occupation, et les lamentables guerres coloniales d’Indochine puis d’Algérie, toutes autant épreuves qui avaient déjà tant divisés et férocement opposés les citoyens de ce pays, dont les blessures s’étaient à peine cicatrisées. Nous avons vu l’utilisation ces trente dernières années, par une classe politique de carriéristes irresponsables, n’étant uniquement préoccupés que de se faire élire, de la flatterie des plus bas instincts de leurs clientèles respectives, selon l’exemple qui était donné par un parti politique alors triomphant, en usant de cette technique.

On peut bien sûr se défausser avec le dollar, le pétrole, l’euro, l’Europe, les Russes, les Chinois, les Américains, le réchauffement climatique, les banques, les martiens, et bien sûr et surtout, les immigrés, mais combien même il y aurait là de véritables raisons de problèmes, tout cela ne justifiera jamais l’incapacité totale qui est la nôtre d’y faire face, même un instant. Il faut avoir l’honnêteté de le constater, c’est bien la sale mentalité qui règne dans ce pays, rendant les gens incapables de la moindre solidarité afin d’affronter les épreuves, qui, comme cela s’est produit en 1940, ce que d’aucun ne veulent voir, préférant bien sûr mettre en cause, la seule impréparation des militaires, nous condamne à la défaite. Or dans de telles conditions, il fallait bien s’attendre à ce que la rude concurrence internationale de ces dernières décennies, ne nous laissa aucune chance.

Lorsqu’au soir du 31 décembre 1962, le général de Gaulle, président de la république, présente ses vœux à la nation, il ne manque pas de lui dire comment seront les bienvenus, les bébés qui naitront dans cette année 1963 à venir. Dans ces années des trente glorieuses, où la France était plus jeune, et par le fait, plus optimiste et dynamique que jamais, ses statisticiens avaient fait la prévision au général de Gaulle qui s’en félicitait, que la France de l’époque, peuplée de quarante cinq millions d’habitants, terminerait le siècle, forte d’une centaine de millions d’habitants. Et ceci, en tablant sur le nombre de naissances qu’il y avait à l’époque, c’est à dire 1,1 million de naissances par an, chiffre considérable par rapport à la population de l’époque, si on le rapporte aux quelques huit cent milles naissances d’aujourd’hui, pour une population de 65 millions d’habitants, soit vingt millions de plus.

Il est manifeste aujourd’hui qu’ils se sont trompés, et ce, sur deux plans. Tout d’abord, il n’ont pas anticipé la modification de mœurs, qui allait entrainer une dénatalité vertigineuse, et il n’ont pas vu non plus que si malgré cela, la population continuerait à augmenter, ce serait non pas à cause des naissances, mais à cause du prolongement spectaculaire de l’espérance de vie, les deux phénomènes conjugués, conduisant à notre situation actuelle, celle d’un pays de vieillards, duquel une classe politique totalement défaillante, attend cependant qu’en son état, il accomplisse des exploits olympiques, pour pouvoir se sortir de son embarras. Déraison...!

C’est bel et bien là que se situe le mal français, qui est en fait celui de la vielle Europe, le déficit démographique, tant par le nombre, que par le vieillissement des citoyens, et ce qui est extraordinaire, c’est que tous ces gens qui nous gouvernent, ou qui prétendent le faire, s’en moquent éperdument, n’en font même pas état dans cette campagne électorale de caniveau, qui doit nous conduire jusqu’à l’élection de 2012. S’il leur arrive d’effleurer simplement ce sujet, c’est concernant la difficulté évidente qui sera d’assurer les retraites, pour lesquelles ils n’envisagent pas un seul instant, de rétablir déjà la sociologie de ce pays dans une cohérence, mais proclament qu’ils trouveront une astuce budgétaire, permettant qu’un pays de plus en plus vieillissant, puisse malgré tout continuer à pleinement assumer ses charges. Déraison...!

Soyons sérieux ! Il doit être bien clair pour nous tous, que ces gens, gouvernants, ou opposants, peuvent bien nous promettre de faire pour la prochaine fois, puisque c’est toujours la prochaine fois que parviennent enfin les solutions, toutes les cabrioles qu’ils voudront, rien, absolument rien, ne sauvera un pays qui crève tout simplement de vieillesse...

Prenons bien une bonne fois, la pleine mesure de la situation extrêmement défavorable qui est devenue la nôtre dans ce monde changeant, pour comprendre que la préoccupation première d’un homme ou d’une femme se proposant pour présider à la destinée de la nation, ne peut certainement pas se réduire à cette actuelle scholastique technocratique insipide, dans laquelle on évite de parler de l’essentiel, c’est à dire la nécessité fondamentale d’un peuple, pour qu’il puisse tout simplement demeurer en vie.

Voyons sur une quarantaine d’années, de 1970 à 2010, les aspects de cette évolution du monde, qui nous condamnent à une débâcle définitive, s’il ne se trouve personne en situation dans ce pays, pour prendre enfin cette affaire au sérieux.

Le Brésil, pays du “Brics”, à vu sa population doubler, passant de 90 millions d’ha, en 1970, à 180 millions d’ha, en 2010.

L’inde, pays du Brics, à vu sa population doubler, passant de 550 millions d’habitants, en 1970, à 1100 millions d’Ha, en 2010.

L’Afrique du Sud, pays du Brics, à vu sa population doubler, passant de 25 millions d’habitants, en 1970, à 51 millions d’habitants, en 2010.

La Chine, pays du Brics, à vu sa population presque doubler, passant de 800 millions d’habitants en 1970, à 1400 millions en 2010.

Ces chiffres de croissance démographique, tout comme ceux corrélatifs de croissance économique qui pour ces pays, sont souvent à deux chiffres, donnent le vertige...

Ainsi face à nous, la capacité concurrente pour ces seuls pays bouillonnants, s’est-elle accrue de 1300 millions d’hommes supplémentaires...! Et face à cela :

La France, pays de la vielle Europe fatiguée, a vu sa population passer de 55 millions d’habitant en 1970, à seulement 65 millions d’habitant en 2010, soit un déficit désastreux, un manque de près de 40 millions d’habitants, par rapport à ce qu’aurait du être sainement cette croissance, sur la base du niveau de population et de la natalité des années soixante.

C’est là, précisément là, et pas ailleurs, en ce domaine où selon un aveuglement triste et borné, personne dans ce pays ne veut absolument la voir, que se situe la cause profonde et fondamentale de toutes nos difficultés, et tous ceux qui prétendent qu’il parviendront à un règlement de celles-ci, sans s’attaquer à cette cause, sont des fumistes, des menteurs et des charlatans, tels que ceux dans ce cas, qui se présentent sans honte, à l’élection présidentielle.

Ce n’est pas vrai, absolument pas vrai, que l’on parviendra au règlement de quelque problème social et économique que ce soit, dans un pays de vieillards où le poids considérable de la population dite “à charge”, est devenu totalement “écrasant”, sur les épaules de la population dite “active”, parce que cela ne peut tout simplement, physiquement pas marcher. Quand à prétendre en guise de règlement de ce problème, maintenir quelques années de plus ces vieillards en activité, alors qu’il n’y a justement déjà plus d’activité, et qu’il serait surprenant qu’il suffise de maintenir quelqu’un en poste, pour qu’il ait quelque chose à faire, et tout cela, pour espérer faire efficacement concurrence, à la jeunesse pleine de vie et d’envie, des pays émergents, relève de la sottise gouvernementale la plus grotesque.

En fait, nous savons très bien que le relèvement de l’âge de départ à la retraite ne maintiendra pas, dans le cas général, les gens en activité, puisque pour la plupart d’entre eux, ils ne parvenaient déjà pas à l’ancienne limite de 60 ans, étant licenciés ou mis en préretraite bien avant. Ils seront donc maintenus au chômage jusqu’à 62 ans, plutôt que jusqu’à 60 ans, et c’est d’ailleurs bien ce que nous constatons, avec l’augmentation considérable du nombre de ces chômeurs ces derniers mois.

Evidemment, ceci aura pour conséquence de soulager un peu les caisses de retraite, qui verront venir à elles les gens plus tardivement, permettant au gouvernement de donner l’illusion d’avoir un peu arrangé le problème, toute cette charge étant alors reportée sur l’assurance chômage, d’où il est possible de se débarrasser des chômeurs de longue durée, parvenus en fin de droit, en faisant ainsi disparaitre la misère des statistiques, afin de garantir la réélection. Voici où nous en sommes...!

Cependant, toutes ces magouilles de faussaires ne changeront rien à la réalité physique des choses, à savoir que ce pays n’en peut plus, qu’il est condamné à des plans d’austérité dévastateurs, pour ne pas crouler sous le poids de sa dette, et que face à ce que met en place la concurrence internationale, ce qui pour l’instant semble n’être qu’une reculade, risque de devenir assez rapidement une dégringolade vertigineuse.

Les mœurs des Français ayant changé, et comme on ne saurait leur intimer l’ordre de faire des enfants, il s’en est suivi une dénatalité désastreuse et, plutôt que constater l’évidence, à savoir qu’ils étaient entrés dans cette ère d’individualisme, d’égoïsme, et de sectarisme, laquelle sévit jusqu’à aujourd’hui, et tâcher d’en comprendre les causes, afin d’en trouver les remèdes, ces Français l’ont justifié par la grande difficulté qu’ils avaient, compte tenu de la rigueur des temps, à donner une éducation de qualité à plusieurs enfants. Il s’agit là bien sûr, d’un argument totalement stupide puisqu’il s’avère que leurs parents quant à eux, ont disposé de moyens bien moindres pour cela, et pourtant, ces Français sont là, et ne prétendent pas pour autant avoir été ratés...!

Le problème, c’est que c’est le même phénomène de ces gens qui “n’aiment plus”, et surtout pas les autres, ce qui continue, qui va les conduire à la fois, à refuser de s’encombrer d’une collection de mômes, au détriment de leur carrière et de leurs priorités narcissiques, et surtout de refuser comme la peste, la seule façon qu’il leur restait pour sortir de cette impasse, c’est à dire le recours logique à l’immigration, celle-là même qui avait assuré à ce pays ses “trente glorieuses”.

Toutes les années qui suivirent cette faste période, sous les vocifération d’un tribun devant lequel tous s’agenouillaient, tout en le proclamant infréquentable devant les caméras, le racisme décomplexé est devenu à la mode, et malheureusement, cette mode n’est toujours pas passée, malgré l’évidence des mensualités redoutables dont ce pays doit s’acquitter actuellement, pour le coût ahurissant qui aura été, et qui demeure celui, de cette délectation du rejet de l’autre et du dénigrement stupide.

C’est donc en prétextant de la défense de l’emploi, que les frontières furent fermées, et ce bobard grotesque, qu’une analyse de collégien permet d’infirmer, était tellement attendu, que non seulement sa pertinence n’eut jamais à être établie, mais il constitue désormais un sujet tabou. Car mettre en évidence aujourd’hui la nécessité de l’immigration, ce que l’INSEE ne cesse de clamer depuis plus de vingt-cinq ans, serait démontrer la faillite totale de tous ces gouvernements toutes couleurs confondues, qui depuis près de quarante ans, nous ont engagés dans cette voie sans issue que constituait pour nous, celle de la fermeture des frontières, et ceci, à seule fin de se garantir des résultats électoraux. Et voici pourquoi nous en sommes là...

En réalité, il n’y avait bien qu’un appel massif à l’immigration, qui aurait permis de rétablir la sociologie de ce pays dans une cohérence la rendant viable, c’est à dire de faire en sorte que le rapport de la population à charge sur la population active, ne conduise pas à l’écrasement pur et simple de cette dernière, tel que c’est le cas actuellement, en rendant ainsi possible la création de nouveaux emplois.

C’est donc bel et bien, parce que les frontières furent fermées, que le chômage dans ce pays s’est installé durablement, parce qu’il est par le fait devenu structurel, jusqu’à faire les ravages d’aujourd’hui, qu’aucun des candidats au fauteuil, ne sera jamais en mesure de régler.

Ceci étant, on aurait pu croire qu’en n’ayant pas vu venir, ni l’Inde, ni la Corée du sud, ni la Chine, ni le Brésil, ni l’Afrique du sud, ni le renouveau de la Russie, les cadres politiques français auraient eu la prudence de tâcher de ne pas se faire surprendre une fois de plus, avec l’Afrique. Mais leurs préjugés racistes sont tels, et ils leurs sont si agréables, que ces messieurs ont bien l’intention de continuer à considérer qu’au moins ceux-là, compte tenu de ce qu’ils considèrent comme étant leur insuffisance génétique nominale, ne seront et pour la nuit des temps, jamais en mesure de leur contester leur suprématie. Mais ils se trompent...

Ne pas voir venir l’Afrique, sera la dernière faute, et la plus dramatique, qui sera celle de la classe politico-médiatique française car :

En 1950, époque du “temps béni des colonies”, le continent tout entier n’était fort que de 220 millions d’habitants. Soixante années plus tard seulement, et très exactement au premier semestre de l’année 2009, c’est alors qu’il a franchi le cap du milliard d’habitants, qu’il doublera, dans seulement les quarante années à venir...!

Qui peut croire que les classes dirigeantes françaises, pourront encore durablement s’offrir, leur si délicieux dénigrement du nègre...?

Paris, le 30 décembre 2011
Richard Pulvar

Dix ans après, l'euro reste associé à une perte de pouvoir d'achat


Une décennie déjà. Le 1er janvier 2012, l’euro fêtera ses 10 ans de vie dans le porte-monnaie des Français. La monnaie unique avait remplacé le franc dans la vie courante –et les monnaies de onze autres Etats européens– trois ans après avoirfait son introduction sur les marchés financiers. Triste anniversaire, au moment où la zone euro traverse la plus grande crise financière de sa jeune histoire.

Bouc émissaire des angoisses inflationnistes, corset étriquant les pays européens, monnaie symbolisant les règles édictées par des bureaucrates de Bruxelles… l’euro est aujourd’hui accusé de tous les maux. Par les citoyens européens en général, les entreprises soulignant, elles, plus volontiers les bénéfices qu’elles tirent de cette monnaie unique.
Plus d’un tiers des Français (36%) souhaiteraient ainsi que l’on revienne au franc et 45% estiment que l’euro est un handicap pour l’économie française, selon un sondage Ipsos-Logica réalisé pour l’association Lire la société, publié au début du mois de décembre.
En juin, dans un sondage en ligne sur le site du Figaro, il apparaissait qu’un gros tiers des Français (37,2%) pensaient que l’euro n’existerait plus dans dix ans.
«Les consommateurs ont pris l’euro en grippe, juge l’économiste Philippe Moati. Cela tient aussi au fait que les gens n’ont pas le moral, qu’ils sont à la recherche d’une explication à leur malaise et que, dès lors, l’euro, qui est rattaché à des questions de mondialisation, devient un point de cristallisation de leur angoisse.»
Beaucoup accusent en effet l’euro d’avoir fait grimper les prix et sapé le pouvoird’achat. Selon les relevés effectués par le magazine Que Choisir du mois de janvier2012, une baguette de pain ordinaire, que l’on payait 4,39francs (67centimes d’euros) avant l’euro, vaut aujourd’hui 85centimes, soit une augmentation de 27%. Le petit café au comptoir, qui coûtait à l’époque 4,98francs (76centimes), revient désormais à 1,10euro, soit 45% de hausse.
Parmi les plus fortes progressions figurent aussi le kilo de pommes (65% plus cher), le poulet Label Rouge (+47%), ou encore l’huile de tournesol (+43%).
Ces poussées inflationnistes sur des produits du quotidien proviennent pour une bonne part de l’envolée des cours de certaines matières premières.
«Décalage»
Mais pour de nombreux biens, les prix en euros se sont souvent purement et simplement substitués aux prix en francs. «Même le mec qui fait la manche dans la rue et qui demandait 1 ou 2francs auparavant, demande aujourd’hui 2euros», relève Michel Godet, professeur au Conservatoire national des arts et métiers.
«Rétrospectivement, on voit très bien que la problématique du pouvoir d’achat émerge dans l’esprit des ménages au moment où l’euro entre en vigueur, alors qu’en fait leur pouvoir d’achat ne se met à se dégrader qu’après, relève M.Moati. On se rend compte qu’il y a un décalage, dû à une mauvaise appréciation des prix.»
partir de l’arrivée de l’euro dans les porte-monnaie, inflation mesurée et inflation perçue ont nettement divergé. «Depuis l’euro, les ménages ont eu tendance àsurestimer l’inflation, alors que l’indice des prix est resté sur sa trajectoire, poursuit M.Moati. En fait, la perception des ménages ne repose pas sur un inventaire exhaustif, comme celui de l’Insee. Ils appréhendent l’inflation à partir d’un petit nombre d’observations de prix qu’ils généralisent.»
Les données nationales sont en effet moins sévères. «Entre2001 et 2010, le prix de la dépense de consommation des ménages a augmenté en moyenne de 1,6% par an, soit à peine plus qu’entre  1991 et 2001, où il avait progressé de 1,3%», rappelle Ronan Mahieu, chef du département des comptes nationaux de l’Insee. Quant au «pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages», il a «augmenté de 1,7% par an entre2001 et 2010, contre 2% en moyenne par an sur les dix années antérieures», ajoute M.Mahieu.
Mais les données nationales sur l’évolution des prix intègrent l’automobile, l’électroménager, les téléviseurs, les télécommunications, des achats que les Français ne font pas tous les jours.

Les prix ont néanmoins progressé un peu plus vite que sur les dix ans qui ont précédé l’euro et les revenus un peu moins vite, entraînant une dégradation dupouvoir d’achat des ménages.


Mais c’est aussi parce que leurs charges fixes, et surtout le logement, n’ont cessé d’augmenter, grevant leur pouvoir d’achat, que les ménages se sentent moins riches aujourd’hui.

«En 2010, les dépenses pré-engagées (assurance, logement) représentaient 27,8% de leur revenu disponible brut, alors qu’en 2001 c’était 26,6% et 26,4% en 1994», précise M.Mahieu.

«Référentiels erronés»
La perception par les Français d’un choc inflationniste, qui serait dû à l’euro, tient aussi au fait que bon nombre d’entre eux convertissent encore en francs. «Lorsque les gens se mettent à douter d’un prix, ils convertissent, et comme on s’est habitué à des valeurs nominales plus petites, cela nous paraît exorbitant, explique M.Moati. De plus, on a gardé des référentiels de prix en francs, qui sont aujourd’hui erronés, car les prix auraient quand même continué à monter, même si on avait gardé le franc.»
Par ailleurs, certains produits ne sont plus comparables à la période d’avant l’euro. Par exemple, «la baguette de pain, aujourd’hui, intègre la plupart du temps dans son prix de vente celui de la franchise ou du contrat passé avec le fournisseur, et elle n’a plus rien à voir avec la simple baguette du boulanger que l’on pouvait acheter avant l’euro», constate Reine-Claude Mader, présidente de l’association Consommation, logement, cadre de vie.
De la même manière, les forfaits de télécommunications sont plus chers qu’il y a dix ans, mais ils incluent des prestations beaucoup plus importantes, avec des accès à Internet.
Cécile Prudhomme

jeudi 29 décembre 2011

Du Japon au Soudan, la Chine développe l'utilisation du yuan dans le commerce


SHANGHAÏ (CHINE) CORRESPONDANCE - La Chine accélère l'internationalisation du yuan. Pékin a reçu, mercredi 28 décembre, une demande du Soudan, dont elle est le premier partenaire commercial, afin d'utiliser leurs monnaies respectives dans leurs échanges. Si les Chinois l'acceptent, "nous pourrions abandonner le dollar", a déclaré le gouverneur de la banque centrale soudanaise, selon l'AFP.

Depuis 2009, la Chine a déjà signé des accords de "swap", c'est-à-dire de compensation directe sur des montants plafonnés, avec de multiples banques centrales, surtout en Asie mais aussi avec l'Argentine ou la Nouvelle-Zélande. En décembre, de tels accords ont été conclus avec le Pakistan et la Thaïlande, permettant à leurs commerçants d'obtenir des yuans pour leurs transactions avec le premier exportateur mondial.
Une nouvelle étape a été franchie le 25 décembre, lorsque la Chine a signé avec le Japon un pacte prévoyant l'utilisation directe du yuan et du yen entre les deuxième et troisième économies mondiales, afin de "réduire le risque de change et les coûts de transaction", selon Pékin. Aucun calendrier n'est établi et les détails restent àdéfinir, mais cette étape est la dernière d'une "série progressive de signes montrant que Pékin est déterminé à développer un jour le yuan en tant que monnaie de réserve alternative viable", note Donna Kwok, économiste de la HSBC.
Le Japon s'est engagé au même moment à investir jusqu'à 10 milliards de dollars (7,7 milliards d'euros) de ses réserves dans le yuan. Malgré le montant limité au regard des colossales réserves de change des deux économies, c'est un coup de pouce au statut du yuan comme monnaie de réserve, le Japon étant le premier Etat du G8 à effectuer un placement dans des bons en yuans. "La Chine va poursuivrele processus d'internationalisation du yuan en 2012 malgré les incertitudes à l'international", prédit Mme Kwok.
MONNAIE DE RÉSERVE ALTERNATIVE
Pour Pékin, il est important de contribuer à l'émergence d'une monnaie de réserve alternative pour briser l'exposition aux politiques monétaires américaines. Mais une telle devise de stature internationale doit par nature être librement convertible, ce qui n'est pas le cas du yuan. Soucieuse de conserver un contrôle déterminant pour ses exportations, la Chine n'a pas suivi la méthode orthodoxe consistant àlibéraliser d'abord les taux de change : la Banque populaire de Chine ne tolère qu'un flottement de 0,5 % par rapport au taux-pivot qu'elle établit chaque jour pour le yuan. Elle n'a pas non plus levé les barrières aux flux de capitaux. "La Chine pourrait être le seul exemple d'un pays poussant sciemment l'internationalisation de sa monnaie tout en maintenant les contrôles de capitaux", relevait en novembreStephen Green, chef économiste de Standard Chartered en Chine.
D'où la vive curiosité sur cette internationalisation hybride. Au coeur de ces évolutions : Hongkong, où Pékin a laissé pousser au cours des dix-sept derniers mois un marché en yuan hors de ses frontières monétaires. La contrepartie est que les yuans positionnés à l'extérieur de la forteresse n'échappent pas au vent de marchés changeants. Ainsi, à la fin septembre, les yuans offshore furent-ils vendus massivement, aux côtés des autres devises asiatiques. Si les deux taux ne se séparèrent jamais de plus de 3 %, s'envola la présomption selon laquelle le yuan de Hongkong suit naturellement celui de Chine continentale.
Or le contexte actuel tendu pousse plutôt Pékin à se méfier d'un afflux de capitaux étrangers en quête de sécurité ou de spéculation en cas d'ouverture. "La Chine entend profiter des bénéfices attenants à une devise internationale mais la dernière chose qu'elle souhaite est une fusion du réacteur causée par une libéralisation mal évaluée des marchés financiers, dit Ren Xianfang, analyste d'IHS Global Insight.L'internationalisation restera donc largement limitée au compte commercial avec uniquement des tests limités sur le compte financier."
La prochaine étape dans l'ouverture sera de savoir comment recycler les yuans de Hongkong en Chine. "Tout dépend de la vitesse à laquelle s'ouvrira le compte de capital, résume Kelvin Lau, économiste de Standard Chartered. Mais avec le temps, et la levée des barrières, il va y avoir une convergence graduelle. Nous parlons là de nombreuses années."
Harold Thibault

Joseph Stiglitz : "L'austérité mène au désastre

LONDRES CORRESPONDANTE - Joseph Stiglitz, 67 ans, Prix Nobel d'économie en 2001, ex-conseiller économique du président Bill Clinton (1995-1997) et ex-chef économiste de la Banque mondiale (1997-2000), est connu pour ses positions critiques sur les grandes institutions financières internationales, la pensée unique sur la mondialisation et le monétarisme. Il livre au Monde son analyse de la crise de l'euro.

Vous avez récemment dit que l'euro n'avait pas d'avenir sans réforme majeure. Qu'entendez-vous par là ?
L'Europe va dans la mauvaise direction. En adoptant la monnaie unique, les pays membres de la zone euro ont renoncé à deux instruments de politique économique : le taux de change et les taux d'intérêt. Il fallait donc trouver autre chose qui leur permette de s'adapter à la conjoncture si nécessaire. D'autant que Bruxelles n'a pas été assez loin en matière de régulation des marchés, jugeant que ces derniers étaient omnipotents. Mais l'Union européenne (UE) n'a rien prévu dans ce sens.
Et aujourd'hui, elle veut un plan coordonné d'austérité. Si elle continue dans cette voie-là, elle court au désastre. Nous savons, depuis la Grande Dépression des années 1930, que ce n'est pas ce qu'il faut faire.
Que devrait faire l'Europe ?
Il y a plusieurs possibilités. Elle pourrait par exemple créer un fonds de solidarité pour la stabilité, comme elle a créé un fonds de solidarité pour les nouveaux entrants. Ce fonds, qui serait alimenté dans des temps économiques plus cléments, permettrait d'aider les pays qui ont des problèmes quand ceux-ci surgissent.
L'Europe a besoin de solidarité, d'empathie. Pas d'une austérité qui va faire bondirle chômage et amener la dépression. Aux Etats-Unis, quand un Etat est en difficulté, tous les autres se sentent concernés. Nous sommes tous dans le même bateau. C'est d'abord et avant tout le manque de solidarité qui menace la viabilité du projet européen.
Vous prônez une sorte de fédéralisme ?
Oui. De cohésion. Le problème, c'est que les Etats membres de l'UE n'ont pas tous les mêmes croyances en termes de théorie économique. Nicolas Sarkozy a eu raison de faire pression sur (la chancelière allemande) Angela Merkel pour laforcer à payer pour la Grèce. Nombreux sont ceux qui, en Allemagne, s'en remettent totalement aux marchés. Dans leur logique, les pays qui vont mal sont responsables et doivent donc se débrouiller.
Ce n'est pas le cas ?
Non. Le déficit structurel grec est inférieur à 4 %. Bien sûr, le gouvernement précédent, aidé par Goldman Sachs, a sa part de responsabilité. Mais c'est d'abord et avant tout la crise mondiale, la conjoncture, qui a provoqué cette situation.
Quant à l'Espagne, elle était excédentaire avant la crise et ne peut être accusée d'avoir manqué de discipline. Bien sûr, l'Espagne aurait dû être plus prudente etempêcher la formation de la bulle immobilière. Mais, en quelque sorte, c'est l'euro qui a permis ça, en lui procurant des taux d'intérêt plus bas que ceux auxquels Madrid aurait eu accès sans la monnaie unique. Aujourd'hui, ces pays ne s'en sortiront que si la croissance européenne revient. C'est pour cela qu'il faut soutenirl'économie en investissant et non en la bridant par des plans de rigueur.
La baisse de l'euro serait donc une bonne chose ?
C'est la meilleure chose qui puisse arriver à l'Europe. C'est à la France, et plus encore à l'Allemagne qu'elle profitera le plus. Mais la Grèce et l'Espagne, pour qui le tourisme est une source de revenus importante, en seront également bénéficiaires.
Mme Merkel, pourtant, sait que la solidarité peut être importante. Sans cela, il n'y aurait pas eu de réunification allemande.
Oui. Mais, justement, il a fallu plus de dix ans à l'Allemagne pour absorber la réunification. Et d'une certaine manière, je pense que les ex-Allemands de l'Ouest estiment qu'ils ont déjà payé un prix élevé pour la solidarité européenne.
Pensez-vous que la viabilité de l'euro soit menacée ? 
J'espère que non. Il est tout à fait possible d'éviter que la monnaie unique ne périclite. Mais si on continue comme ça, rien n'est exclu. Même si je pense que le scénario le plus probable est celui du défaut de paiement. Le taux de chômage des jeunes en Grèce s'approche de 30 %. En Espagne, il dépasse 44 %. Imaginez les émeutes s'il monte à 50 % ou 60 %. Il y a un moment où Athènes, Madrid ou Lisbonne se posera sérieusement la question de savoir s'il a intérêt à poursuivre le plan que lui ont imposé le Fonds monétaire international (FMI) et Bruxelles. Et s'il n'a pas intérêt à redevenir maître de sa politique monétaire.
Rappelez-vous ce qui s'est passé en Argentine. Le peso était attaché au dollar par un taux de change fixe. On pensait que Buenos Aires ne romprait pas le lien, que le coût en serait trop important. Les Argentins l'ont fait, ils ont dévalué, ça a été le chaos comme prévu. Mais, en fin de compte, ils en ont largement profité. Depuis six ans, l'Argentine croît à un rythme de 8,5 % par an. Et aujourd'hui, nombreux sont ceux qui pensent qu'elle a eu raison.
Propos recueillis par Virginie Malingre

Zone euro : "nous vivons une tentative de coup d'Etat larvé"


A 69 ans, Charles Gave a créé plusieurs sociétés financières dont la dernière, GaveKal, basée à Hong Kong. Il s'est fait connaître du grand public en publiant "Des lions menés par des ânes" ou "L'Etat est mort, vive l'Etat".
Vous avez été un des premiers à prédire les difficultés de l'euro. Vous trouvez-vous aujourd'hui conforté ?
Depuis la création de l'euro, je n'ai cessé de dire qu'il s'agissait d'un système bancal qui ne peut fonctionner puisqu'il n'existe pas de mécanisme d'ajustement des différences de productivité des pays membres. Autrefois, ces différences étaient réglées par des dévaluations ponctuelles devenues impossibles. Ce qui ne peut s'ajuster a vocation à exploser. Aux États-Unis, il existe aussi des différences de productivité entre États, mais il y a une volonté de vivre ensemble, ce qui, pour Ernest Renan, constituait une nation, qui conduit à accepter que l'on taxe les plus productifs pour payer les moins productifs. Cette volonté n'existe pas en Europe, qui est une civilisation et non un pays. L'euro est donc une tentative, faite par une classe politique de créer une nation européenne. La crise, pense-t-elle, forcera la création d'un État fédéral, de transferts entre les pays et d'un ministère des Finances. C'est une espèce de coup d'État larvé contre les souverainetés qui est en train d'échouer. Car, comme l'a montré le cas de l'Union soviétique, la technocratie, cela ne marche pas. C'est la liberté qui marche.
Vous évoquez une « tentative de coup d'État ». Pourquoi cette tentative : par volonté de puissance ou parce que, sincèrement, ces politiques pensent que l'Europe est une solution ?
Depuis soixante ans, coexistent deux idées européennes. La première, celle de De Gasperi, Adenauer, Pie XII et Robert Schumann, voulait recréer l'Europe catholique des XIIe et XIIIe siècles, et voyait dans l'Europe un espace de liberté basé sur le principe de la subsidiarité. En cas de problème entre deux entités, on en appelle à l'échelon supérieur et on crée des instances d'arbitrage. La seconde est celle de Jean Monet et des technocrates français qui ont décidé de créer un État pour faire renaître l'Empire romain afin de s'opposer aux Américains et d'empêcher la domination allemande. Cette vision l'a emporté. Évidemment, la volonté d'augmenter leur pouvoir personnel existe aussi. Ces technocrates pensent que leur rôle est d'assurer le bonheur des peuples malgré eux. Ils ne croient pas à la liberté individuelle. Il suffit d'observer les institutions européennes : il n'y a pas de séparation des pouvoirs.
Pourquoi la classe politique française ne s'est guère opposée à cette dérive ?
Depuis la présidence Giscard, la France est gouvernée par une classe administrative qui, de droite comme de gauche, est représentative de cette idée technocratique. Les référendums sur Maastricht ou sur la Constitution européenne ont montré que le peuple n'acceptait pas cette dérive. Mais il l'admettait. À présent, les gens se rendent compte que cela ruine le pays. La prochaine étape sera donc de se débarrasser de cette classe administrative. Mais j'ignore comment.
La voie fédéraliste ne peut-elle pas l'emporter ?
C'est ce qui s'est passé jusqu'à présent. Tout le monde s'est mis au garde-à-vous au dernier sommet de Bruxelles, mais le diable est dans les détails. Plusieurs pays, comme le Royaume-Uni, l'Espagne, la République tchèque, ne semblent pas prêts à accepter les abandons significatifs de leur souveraineté.
La convergence franco-allemande ne vise-t-elle pas à contourner ces difficultés ?
Elle signifie d'accepter des hauts fonctionnaires allemands à Bercy qui ordonnent ce que l'on peut dépenser ou pas. La France a un tiers de fonctionnaires de plus que l'Allemagne pour 100 habitants. Le fonctionnaire ne produit rien pour l'exportation. Le défaut de compétitivité française par rapport aux Allemands est donc lié au poids de l'État. Comme la France semble incapable de dégraisser son État, il faudra, en cas de convergence, que les ordres viennent de Berlin. Je viens d'une famille qui a quitté l'Alsace en 1870 pour rester français et je ne perçois pas l'avantage pour la France de devenir un protectorat allemand. Et l'opinion ne l'acceptera pas.
Mais la France pourrait ainsi retrouver sa compétitivité...
C'est déjà ce que disait le maréchal Pétain, non ?
Nombre d'économistes mettent en garde sur les conséquences de la fin de l'euro. Qu'en pensez-vous ?
Je ne suis pas très inquiet. Ceux qui vous expliquaient que l'euro allait rendre les femmes plus belles et les oiseaux plus chantants, comme Alain Minc et Jacques Attali, nous expliquent à présent que, si l'on quitte l'euro, ce sera le désastre absolu. Ils se sont trompés. Ils n'ont rien vu, rien compris. Pourquoi leur donner de la crédibilité sur l'après-euro ? C'est comme demander au général Gamelin [chef des forces françaises en 1940, Ndlr] de diriger le débarquement en Normandie. Concrètement : le système bancaire européen est en faillite, le taux de chômage, Allemagne exceptée, est historiquement élevé, la moitié des États européens n'ont plus accès aux marchés financiers dans des conditions normales, la Bourse de Paris n'a pas cessé de reculer depuis la création de l'euro. En 2000, le niveau du CAC était deux fois plus élevé qu'aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que l'euro conduit à une mauvaise allocation des capitaux et fait passer l'argent de ceux qui le gagnent à ceux qui ne le gagnent pas. Ceci conduit toujours à un marché vendeur qui, d'ordinaire, ne dure pas plus d'un an et demi. Mais ce marché vendeur dure en Europe depuis dix ans parce que le secteur public, la BCE et les politiques dépensent l'argent du futur pour maintenir une unité qui ne tient pas la route. Le désastre n'est-il pas suffisant pour que l'on passe à autre chose ?
Comment jugez-vous le quinquennat de Nicolas Sarkozy ?
Pour faire des réformes, il faut faire comme Madame Thatcher : être un gouvernement de conviction et pas de consensus. Nicolas Sarkozy a suivi une politique schizophrène : il tenait un discours de réformes et il a essayé de séduire ses ennemis naturels. Comme disait Pompidou : si vous essayez de gouverner avec vos opposants, vous allez perdre vos partisans. Ces cinq ans ont été un échec total, à part la réforme de l'université. Les impôts ont augmenté, les déficits et le poids de l'État aussi. Il n'y a pas eu de réformes.
On ne peut pas réformer la France ?
Les classes politiques grecques ou espagnoles ne voulaient pas non plus faire des réformes. Et puis, quand il n'y a plus eu d'argent et qu'on n'a plus voulu leur en prêter, ils ont été dans l'obligation de se réformer. C'est ce qui se passera en France. Parce que nous ne sommes pas face à une crise économique, mais bien face à une crise d'un État devenu obèse. L'État chinois réalise 30 % du PIB du pays. En France, c'est 55 %. Il faut que notre mur de Berlin tombe, l'État doit sortir des domaines où il n'a rien à faire. Sinon, c'est le FMI qui le fera pour nous. D'après mes calculs, le système français atteindra ses limites en 2013 ou 2014.

Oui, l'éventuelle perte du triple A de la France serait une catastrophe

L'agence Standard and Poor's a placé il y a une semaine les notes de quinze Etats de la zone euro sous surveillance avec implication négative. Le délai entre un placement sous surveillance et une décision sur la note est généralement de trois mois environ, mais, dans le cas de la zone euro, et tout particulièrement de la France, S & P a laissé entendre qu'il pourrait être beaucoup plus court.

La majorité tente de banaliser l'impact d'une perte du triple A. En réalité, une telle dégradation de la note souveraine de notre pays en pleine tempête sur les marchés contre la zone euro constituerait un événement politique majeur à quatre mois de l'élection présidentielle. Et la fin d'une époque pour notre pays, habitué depuis la création de la zone euro à bénéficier de taux d'emprunt très bas pour financer la dérive de ses déficits.
1. Sur le plan financier, tout d'abord, les implications d'une perte du triple A seraient réelles sur les charges annuelles de la dette, dans les prochains budgets de l'Etat.
Certes, les taux d'intérêt servis à l'émission de la dette française se sont déjà dégradés : le spread OAT-Bund, qui mesure l'écart de taux d'intérêt entre les emprunts d'Etat français à dix ans (les obligations assimilables du Trésor) et les emprunts d'Etat allemands de même durée et qui indique donc la différence de solidité financière que les grands créanciers internationaux établissent entre les deux pays, s'établit déjà à 125 points de base (1,25 %), contre 30 points en mai : les marchés nous notent donc déjà en BBB +. C'est aujourd'hui la prime réclamée par les investisseurs pour acheter de la dette française plutôt qu'allemande.
Toutefois, une dégradation "officielle" de la note de la France, qui plus est de deux crans comme il est possible, constituerait une étape décisive d'un mouvement de réajustement à la hausse du risque français. Ce réajustement pourrait atteindrerapidement jusqu'à 1 % d'intérêt supplémentaire (100 points de base). Dans cette hypothèse, réaliste, les taux français à 10 ans, actuellement de 3,1 %, quitteraient la proximité des rives des taux allemands (aujourd'hui de 1,85 %) pour serapprocher, à 4 %, voire plus, des niveaux de taux appliqués à l'Espagne (5,4 %) ou à l'Italie (6,7 %).
L'impact de ce point d'intérêt supplémentaire sur nos charges d'intérêts annuelles serait très conséquent, et ce rapidement : de l'ordre de 2,5 à 3 milliards d'euros annuels à l'horizon de douze à dix-huit mois, avant d'atteindre près de 15 milliards d'euros par an à l'horizon 2017, une fois répercuté sur l'ensemble de notre stock de la dette publique, dont la maturité est proche de cinq ans. Quinze milliards, soit l'équivalent de deux points de TVA, ou encore de la somme des budgets alloués au ministère de la culture, de l'agriculture, des affaires étrangères, de l'écologie et des transports...
L'incidence d'une perte du triple A est donc très loin d'être négligeable. Elle serait également durable, la position de la France par rapport aux autres grands Etats européens étant également peu favorable sur les autres critères d'appréciation retenus par les marchés que sont le déficit primaire, le rythme de l'ajustement, la flexibilité de ses dépenses, ses marges de manoeuvre fiscales ou encore la situation de sa balance des paiements. Nous pourrions par conséquent mettreplusieurs années à en retrouver le niveau.
Et tout cela chargerait encore un peu plus la barque du programme d'ajustement nécessaire pour revenir à une trajectoire soutenable des finances publiques, déjà estimé selon les économistes à près de 80 milliards d'euros.
2. La perte de son AAA par la France aurait également un impact majeur sur les mécanismes de solidarité européens qui viennent d'être difficilement mis en place pour contenir la crise de la zone euro.
Un éventuel abaissement de la note française, deuxième contributeur au Fonds européen de stabilité financière (FESF), pèserait inévitablement sur la notation de cet instrument financier indispensable pour gérer la crise de la dette. Elle aggraverait sans nul doute les risques d'assèchement du marché du crédit en Europe, au moment où la zone euro y est plus que jamais confrontée, contraignant la Banque centrale européenne (BCE) à jouer les pompiers de service.
Les entreprises françaises, les moins bien notées d'entre elles, souffrent déjà depuis plusieurs semaines de la nervosité des marchés sur les incertitudes des mois à venir. Une perte du triple A de la France se traduirait immédiatement par des implications négatives sur leurs conditions de financement et des difficultés accrues à accéder au marché, au moment où elles planifient leurs investissements pour l'année à venir. Et alors même qu'elles s'apprêtent à affronter un ralentissement de leurs commandes et de leurs exportations en Europe, dans un contexte de marges laminées par la hausse des prix des matières premières et du pétrole.
3. Enfin, la dégradation de la note de la France sur les marchés constituerait un événement politique majeur, à quatre mois de l'élection présidentielle.
Elle remettrait en cause le discours asséné par la majorité depuis près de dix-huit mois, qui a présenté le maintien de la crédibilité financière de notre pays sur la scène internationale comme la contrepartie du "plus d'impôt et de rigueur" mis en oeuvre en France et accru depuis le mois d'août dans le cadre du programme antidéficit du gouvernement.
Dans le domaine fiscal, les prélèvements ont déjà augmenté d'une vingtaine de milliards d'euros cette année et augmenteront encore de 20 milliards supplémentaires en 2012, avant une dizaine de milliards de plus en 2013. 20 + 20 + 10 = 50. D'ici à la fin de l'année 2013, la France subira, avec 50 milliards d'euros de plus en trois ans, la hausse d'impôts la plus importante jamais enregistrée depuis la création de la Ve République.
Le gouvernement avait jusqu'ici tenté d'occulter la réalité de ce choc fiscal considérable, en privilégiant la multiplication de nouvelles taxes ou mesures d'assiettes à la hausse générale des taux des grands impôts d'Etat, une première "ligne Maginot" qui s'est effondrée avec les hausses du dernier budget 2012 sur la TVA et l'impôt sur le revenu...
La perte du triple A viendrait remettre en cause la seconde ligne de défense du gouvernement : la nécessité de maintenir la notation de la France sur les marchés. D'ici quelques semaines, les Français pourraient donc malheureusement seretrouver confrontés à la fois à la hausse très importante des impôts, et à la dégradation de notre note sur les marchés. Sans plus de visibilité sur la manière de se sortir de ce piège de la dette, qui menace aujourd'hui son économie.
Thomas Chalumeau est maître de conférences à Sciences Po Paris et Directeur des questions économiques du think tank Terra Nova