mercredi 22 août 2012

L’inflation dans la zone euro est contenue par la stagnation



Une subite hausse des prix de l’essence en Allemagne a suscité des suppositions que cela pouvait indiquer un développement de l’inflation en RFA. Notre observateur a demandé à des experts d’expliquer où en sont les choses avec l’inflation à la consommation en Allemagne, mais aussi dans le reste de la zone euro.

Il s’est avéré que les Européens ne devaient pas craindre une inflation considérable dans un avenir immédiat, étant donné qu’elle-même était devenue victime d’un phénomène autrement plus dangereux.

Le week-end dernier les stations de service allemandes ont battu le record d’avril – le litre de l’essence de la marque « Super » dépassaient à certaines d’entre elles 1,70 euros. Le club automobile fédéral (ADAC) attribue en partie cette hausse injustifiée des prix du carburant à des compagnies pétrolières, ainsi qu’à la montée générale des prix du pétrole et aux fluctuations du cours de change euro/dollar.

Le chef du département des experts du Groupe financier BKS Dmitri Chichov rappelle que le taux maximal d’inflation dans la zone euro était de 3 % à la fin de 2011, et se maintient actuellement au niveau de 2,4 %. Voici comment il l’explique dans une interview à La Voix de la Russie :
« Sur fond de crise économique on constate une stagnation de la demande dans la zone euro. Même la planche à billets actionnée par la Banque Centrale Européenne (BCE) n’influe pas trop sur le taux d’inflation. Nous n’attendons pas un fort développement de l’inflation, étant donné que chaque jour la situation économique dégrade dans la zone euro. En conséquence, l’inertie de la demande dans les pays à problèmes va exercer d’une façon ou d’une autre une pression sur la consommation. Dans ce cas je vois l’inflation dans la zone euro à un certain niveau d’équilibre, qui reflète en principe un état de choses réel. Cela veut dire que sans être bonne, la situation n’est pas en somme si mauvaise, ce qui permet de la maintenir à un niveau acceptable ».

Il est vrai que ce taux stable d’inflation met une nouvelle fois en relief que les activités des régulateurs européens, dont la BCE, n’ont aucun effet positif, remarque M. Chichov.

Un autre expert, en charge de l’analyse stratégique à la compagnie de consultation FBK Igor Nikolaïev admet qu’en espace de l’automne l’inflation en Europe pourrait dépasser ses significations actuelles pour atteindre 3 %. Voici ce qu’il a dit à notre correspondant.

« Il n’y a à présent qu’un seul facteur qui joue en faveur de l’inflation – c’est l’enchérissement des denrées alimentaires, dû aux conditions défavorables pour l’agriculture. Les Etats-Unis n’étaient pas les seuls à être frappés par la sècheresse - nous voyons une canicule anomale en Europe méridionale. Mais d’autre part, il y a un facteur qui agit et s’accentue, en diminuant au contraire le taux d’inflation. C’est la baisse de la demande à la consommation. L’économie fait plus que stagner, elle est en fait entrée en récession, et dans des économies évoluées cela va toujours de pair avec un ralentissement de l’inflation. La consommation chute, et pour écouler ne serait-ce que quelque chose, les fabricants et les vendeurs sont obligés de réduire les prix sur le marché concurrentiel ».

On obtient qu’il est tôt pour les Européens de se réjouir - un mal cède la place à un autre. Une baisse de la production conduit inévitablement à une réduction des rémunérations – et avec un taux bas d’inflation il peut s’avérer qu’on n’aura pas suffisamment d’argent pour faire du shopping.

Nikita Sorokine

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