jeudi 28 juin 2012

Les banquiers détestent l'Islande



A force d'enquêtes judiciaires, l'île aux volcans a fait drastiquement diminuer ses dettes. Etonnant non? 
La crise financière mondiale, attisée localement par la cupidité aussi surprenante que hors norme des banquiers islandais, a bien failli rayer l'île de la carte en 2008. 

Aujourd'hui c'est du côté de Reykjavik - que l'agence de notation Fitch a d'ailleurs relevé d'un cran à la mi-février - et qui a renoué avec la croissance en 2011 jusqu'à tabler sur un taux de 2,7% pour 2013 avec une balance commerciale redevenue excédentaire, que se déroule une véritable révolution dans l'indifférence quasi générale des médias européens. 

Petit rappel d'islandais pour les nuls : C'est en 2008 que le phénomène a pris naissance. A l'époque, la Couronne Islandaise était sur le point de rejoindre l'épave du Titanic. Les Polonais employés en masse dans la pêche et la construction, allaient se résoudre à abandonner leur petit paradis d'immigration et à remettre le cap sur Varsovie. La bourse décidait de se mettre en sommeil après une chute de 76% en quelques jours, et le gouvernement nationalisait les banques Glitnir, Landsbanki et Kaupthing, dont la clientèle était - cherchez l'erreur - principalement anglaise et américaine pour leur éviter la faillite. Les dettes du pays frôlant alors 9 fois son PIB... 

Entrée en scène fin octobre 2008, du FMI et des pays frères scandinaves auxquels s'est joint la Pologne reconnaissante, qui contribuent respectivement à hauteur de 2,1 et 2,5 milliards de dollars à la réparation des dégâts. 

Les pécheurs au harpon islandais qui se méfiaient comme de la peste d'une combine institutionnelle pour leur passer la corde au cou à la grecque, descendent dans la rue et chassent le gouvernement Conservateur de Geir Haarde en exigeant des élections anticipées. 

En avril 2009 une nouvelle coalition de socialistes et d'écologistes prend les choses en mains sous la conduite de Johanna Siguroardottir, nouvelle Premier Ministre. Johanna, ex-hôtesse de l'air ayant bossé en usine pour fabriquer du carton d'emballage à poisson, a su garder les pieds sur terre. Première chef de gouvernement au monde à s'être mariée civilement avec sa copine Jonina Leosdottir, la dame n'a peur de rien et n'est pas prête à s'en laisser conter par les vautours de la finance. 

 Des banquiers à l'amende 

Un échéancier de remboursement de 3,5 milliards d'Euros sur 15 ans à 5,5% d'intérêt est donc négocié avec les principaux créanciers du pays et ceux des banques nationalisées. Las, l'islandais de base a fait ses comptes. Il redescend dans la rue pour demander que le projet de loi soit soumis à référendum. Le président lui donne raison en janvier 2010 et la consultation populaire organisée en avril donne 93% de refus de casquer à ce prix là. 

Johanna fait donc savoir aux créanciers qu'ils vont devoir revoir leur copie. Afin de les convaincre que les Islandais sont têtus, le Parlement insulaire vote la nomination d'un Procureur Spécial, chargé d'enquêter sur les raisons du naufrage financier et d'en déférer les responsables présumés devant la justice. 

Le job est confié à Olafur Thor Hauksson qui n'a aucune compétence en criminalité financière et a été le patron de la très débonnaire police locale au cours des 10 dernières années. C'est le ministre de la Justice qui l'a encouragé à faire acte de candidature car personne d'autre ne s'est présenté pour ce sale travail. Eva Joly qui traquait la débauche financière avant de prendre une veste à l'élection présidentielle - la nôtre - va d'ailleurs payer de sa personne comme consultante pour mettre Olafur au parfum. 

Les leçons d'Eva sont profitables : dès le 11 mai 2010, le procureur lance un mandat d'arrêt international contre Sigurdur Einarsson, l'ancien patron de la banque Kaupthing. 

Sans doute bouleversé de découvrir sa tronche dans la rubrique des « wanted » du site d'Interpol, Einarsson rentre « volontairement » au pays dès le mois d'Août. Pour y répondre d'accusations de manipulation de marché, fraudes et escroqueries. 

En septembre, c'est au tour de l'ancien Premier Ministre Geir Haarde de répondre d'accusations de négligence dans la gestion de la crise financière. 

Le 20 janvier 2011, le procureur Spécial qui commence à bien maîtriser son sujet, décide de se faire une petite perquise' à la Banque Centrale Islandaise pour recouper des infos obtenues sur deux seconds couteaux, les MP Bank et Straumur Bank. En sortant, Olafur le justicier rend visite à Jon Thorsteinn Oddleifsson, l'ancien trésorier de la banque Landsbanki et lui passe...les bracelets. 

Des enquêtes judiciaires font plier les créanciers 

Etrangement, et sans qu'on puisse y lire une quelconque relation de cause à effet, les créanciers reviennent avec une nouvelle proposition d'apurement de la dette islandaise : on passe de 15 à 37 ans et le taux d'intérêt demandé tombe à 3% ! « Non et non ! » persistent à répondre les natifs consultés en Avril 2011 après que le président local, Olafur Ragnar Grimsson ait refusé de ratifier la loi précédente ayant pris en compte la dernière proposition des créanciers. 

Comme en écho à l'entêtement de ses compatriotes, le Procureur Hauksson fait arrêter en décembre 2011, Làrus Welding, l'ancien directeur général de la banque Glitnir. En avril 2012, c'est au Luxembourg qu'on retrouvera Hauksson et se petite équipe, supervisant une perquisition effectuée par la police du Grand Duché à sa demande, à la suite d'écoutes téléphoniques d'une petite centaine d'Islandais « ayant exercé par le passé des responsabilités dans le secteur financier islandais ». 

Il n'en faudra pas plus pour convaincre ceux qui n'ont pas encore quitté le pays de le faire brutalement en renonçant aux indemnités dodues qu'ils exigeaient jusque là à la suite de la nationalisation des banques et de leur licenciement un brin brutal il est vrai... 

La démocratie des volcans 

Moins connue que sa grande-sœur athénienne, la démocratie à la sauce islandaise fonctionne tout de même depuis l'an 930. Ayant tiré les leçons de la crise, la convocation d'une assemblée constituante en décembre 2010 était donc une formalité. 

Dès février 2011, les 25 élus (10 femmes et 15 hommes) issus de toutes les couches de la société, se mettent au travail. Un mois plus tard, ils deviennent officiellement le « Conseil Constitutionnel ». Lequel adopte à l'unanimité un projet de nouvelle constitution remis au Parlement le 27 juillet 2011. 

Le projet devrait être soumis à référendum à la fin du mois- pendant que d'autres s'étriperont sans doute au sommet de Bruxelles - avant son adoption par le parlement ; à sa lecture, on en bave d'envie : le droit effectif de communication au public de toute la documentation détenue par les pouvoirs publics devrait être garantie par la loi ; de même que l'indépendance absolue des tribunaux ; et les sources de revenus des collectivités locales ; tout autant que la possibilité de lancer des commissions d'enquêtes sur les pratiques gouvernementales à la seule demande d'un tiers des membres du parlement ; sans parler des protections constitutionnelles prodiguées au journalisme d'investigation nées de l'Initiative Islandaise pour des Médias Modernes, déjà évoquée par Bakchich, pour lesquelles Wikileaks s'était fortement impliquée. 

Les médias qui veulent poursuivre la traque mondiale des banksters nous ayant mis dans ce pétrin, savent donc maintenant où s'installer. De même que Jérôme Kerviel, s'il lui venait un jour l'idée de se lancer dans le consulting en organisation de back-offices dignes de ce nom...


Source: Bakchich

mardi 26 juin 2012

L’Algérie risque une crise majeure!


Après un pic à 128 dollars début mars, le cours du brent coté à Londres a dégringolé de près de 30%, tombant à 89 dollars le baril hier. Le FMI a estimé que pour équilibrer le budget du pays, les prix du pétrole doivent se situer au-dessus de 100 dollars le baril.

Le terrible fléchissement des cours de pétrole sur les marchés internationaux commence bel et bien à faire jaser dans le cercle très rétréci des animateurs de la réflexion économique officielle. Bizarrement, c’est le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed Seghir Babès, qui vient apporter quelques correctifs aux thèses officielles qui défendaient – jusqu’ici – à cor et à cri l’idée selon laquelle l’Algérie ne peut être affectée par l’orage financier qui enveloppait la zone euro et qui étendait son onde de choc sur les marchés pétroliers.

«Dans l’ensemble, aucun pays n’est, dans l’absolu, à l’abri. Les crises mondiales qui se sont accumulées depuis des années ont sédimenté sur une crise financière tellement profonde, intense et complexe qu’aucun pays et aucun système, qu’il soit au nord ou au sud, n’est à l’abri de ses répercussions (…). Pour l’Algérie, un éventuel effondrement des cours du pétrole peut avoir un impact direct sur l’économie nationale», a déclaré, hier à Alger, le président du CNES, lors d’un séminaire sur l’entrepreneuriat social. S’il est vrai que le président du CNES ne peut être théoriquement une voix officielle, il est tout de même admissible que sa lecture des évènements traduit quelque peu un état d’esprit qui prévaut aujourd’hui dans les opinions officielles. Ce n’est pas pour rien que l’Algérie est allée défendre bec et ongles l’idée de baisser les volumes de pétrole pompés par l’OPEP afin de maintenir les prix à des niveaux élevés.

Depuis Vienne (Autriche), où s’est tenue le 14 juin la dernière réunion de l’OPEP, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi est allé jusqu’à dire que l’Organisation «court un risque réel» sur les prix après l’accroissement de son rythme de production qui a largement dépassé le plafond fixé en décembre 2011.


Le ministre qui tentait de faire du lobbying à la veille d’une réunion décisive, pour l’Algérie surtout, a émis le vœu qu’il y ait une prise de conscience sur l’effet négatif de l’augmentation de la production du pétrole sur les prix. Après coup, l’Algérie est sortie le bec cassé de cette réunion. Surnommée «le nouveau faucon de l’OPEP», l’Algérie était allée défendre en réalité ses équilibres budgétaires internes, très conditionnés par les prix du pétrole. Les tableaux des marchés internationaux sur lesquels sont placardés les cours du pétrole ne sont point reluisant pour le pays. Après un pic à 128 dollars début mars, le cours du brent coté à Londres a dégringolé de près de 30%, tombant ces derniers jours sous les 90 dollars, au plus bas depuis près d’un an et demi. Le Sahara blend algérien a perdu 3,5 dollars lors des dernières transactions de la fin de la semaine dernière. Hier encore, les marchés étaient très nerveux sous l’effet de l’incertitude qui pèse sur la zone euro.....

Le ministre qui tentait de faire du lobbying à la veille d’une réunion décisive, pour l’Algérie surtout, a émis le vœu qu’il y ait une prise de conscience sur l’effet négatif de l’augmentation de la production du pétrole sur les prix. Après coup, l’Algérie est sortie le bec cassé de cette réunion. Surnommée «le nouveau faucon de l’OPEP», l’Algérie était allée défendre en réalité ses équilibres budgétaires internes, très conditionnés par les prix du pétrole. Les tableaux des marchés internationaux sur lesquels sont placardés les cours du pétrole ne sont point reluisant pour le pays. Après un pic à 128 dollars début mars, le cours du brent coté à Londres a dégringolé de près de 30%, tombant ces derniers jours sous les 90 dollars, au plus bas depuis près d’un an et demi. Le Sahara blend algérien a perdu 3,5 dollars lors des dernières transactions de la fin de la semaine dernière. Hier encore, les marchés étaient très nerveux sous l’effet de l’incertitude qui pèse sur la zone euro.

Le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l’IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, valait 89,91 dollars, en baisse de 1,07 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Sur le marché new-yorkais, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance, abandonnait 60 cents à 79,16 dollars. La courbe illustrant l’évolution des cours souligne ainsi en crayon-feutre des niveaux qui ne sont plus vus depuis huit mois à New York et depuis un an et demi à Londres, où est vendu le pétrole algérien. L’économie algérienne, qui s’agrippait au seul pilier des hydrocarbures au détriment des secteurs productifs, pourrait subir de graves contrecoups. La politique de l’expansion budgétaire remise au goût du jour sous l’effet du «printemps arabe» pourrait remettre en cause les équilibres budgétaires du pays calculés sur la base des recettes pétrolières stockées en partie dans les banques souveraines et en partie dans le FRR (Fonds de régulation des recettes).

Le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde récemment contre la hausse des dépenses publiques de l’Algérie et a estimé que pour équilibrer le budget du pays, les prix du pétrole doivent se situer au-dessus de 100 dollars le baril. L’année dernière, le pays a enregistré le deuxième plus grand déficit budgétaire parmi les pays producteurs de pétrole de la région MENA. La hausse du seuil de rentabilité budgétaire du prix du pétrole a incité l’Algérie à rompre avec ses anciens alliés au sein de l’OPEP, l’Arabie Saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis en l’occurrence, en s’alliant désormais avec le Venezuela et l’Iran pour défendre des prix de pétrole plus rémunérateurs. Le comportement de l’Algérie au sein de l’OPEP témoigne bon gré, mal gré d’une anxiété ressentie au plus haut niveau du régime. La rente est le seul élément plaidant son maintien et son ancrage.

dimanche 24 juin 2012

Koudrine sceptique sur l'avenir de l'euro



L'euro pourrait cesser d'exister comme monnaie unique européenne suite à la crise de grande ampleur qui approche, estime l'ancien ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.
"L'euro fera face à de graves problèmes. En fait, c'est la préservation de la monnaie européenne qui sera mise en question. Pour moi, en tant qu'économiste, ce scénario est le plus plausible", a indiqué M.Koudrine dans une interview accordée à la chaîne de télévision russe Dojd.
D'après l'ex-ministre, le monde se trouve au seuil d'une très grave crise de pleine envergure. Ainsi, le problème de la dette grecque n'est pas résolu jusqu'à présent, et il est fort probable que cette question ne soit pas réglée dans le cadre de la participation de la Grèce à la zone euro, estime-t-il.
Dans le même temps, la sortie de la Grèce de la zone monétaire commune sera susceptible d'aggraver les problèmes de l'Espagne. "Suite à l'octroi de 100 milliards d'euros destinés à sauver les banques espagnoles, on peut dire que le pire scénario se confirme", a déclaré M.Koudrine.
Toujours selon lui, le plan de lutte anticrise que l'UE envisage de développer avant la fin de l'année en cours risque de ne pas apporter de solution universelle à l'ensemble des problèmes existants.
"Il est trop tard. Un tel programme aurait dû être mis au point il y a six mois (…). Il s'agit là d'une situation inacceptable, vu l'ampleur de la crise et les conséquences qu'elle peut entraîner pour les pays et leurs citoyens", a souligné l'ex-ministre russe.

jeudi 21 juin 2012

Le détournement de l’argent public des plans de relance

Les contribuables français pensent que les fonds publics des plans de relance sont utilisés pour le développement d’entreprises qui créent des emplois en France.

En réalité, cet argent est souvent distribué à des entreprises du CAC 40, à l’affut du moindre euro d’aide publique. Celles-ci ne se sentent pas pour autant redevables et n’hésitent pas à délocaliser à chaque fois qu’elles le peuvent.

Une autre part de ces deniers de l’État alimente des fonds d’investissement qui financent essentiellement des projets innovants rarement créateurs d’emplois en France car soumis aux exigences du capital investissement avec l’obligation de produire dans les pays à bas coûts.

LE BUSINESS DES FONDS D’INVESTISSEMENT

Vous disposez d’un réseau relationnel de haut niveau. Vous côtoyez la fine fleur du grand capital et des personnalités politiques parmi les plus influentes mais vous n’avez ni entreprise innovante, ni projet innovant et aucune compétence particulière. Vous n’avez surtout pas envie de vous embarrasser avec une entreprise industrielle, la gestion de son personnel et des semaines de 60 ou 80 heures pour des résultats financiers souvent mitigés. Pourtant vous aimeriez bien vous aussi profiter de la manne financière de plusieurs dizaines de milliards d’euros des plans de relance et autres fonds publics à portée de réseau !

Créez un fonds d’investissement et rejoignez la caste des initiés du microcosme du capital investissement !

Vous pourrez vous aussi jouez au Monopoly avec les impôts des français. Vous vous enrichirez davantage qu’en créant une entreprise industrielle, les risques seront moindres et vous vous fatiguerez moins. Vous pourrez même installer votre siège hors de France.

Investissez ou trouvez 1 ou 2 millions pour amorcer la pompe à fric, puis demandez 1 ou 2 million d’eurosà « CDC entreprises ». Ils alimentent déjà 12 « fonds de fonds » et plus de 200 fonds directs en France et à l’étranger, alors un de plus ou un de moins, cela n’a guère d’importance, surtout si vous êtes introduit par une personnalité de premier plan.

Citons le cas de « CDC capital investissement », une autre filiale de CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) qui a fait en octobre 2006, un chèque de 800 millions d’euros au milliardaire belge Albert Frère, pour l’achat de sa chaine de restauration rapide QUICK, qui ne valait deux ans plus tôt, selon son propre PDG, que 300 millions d’euros.

Malgré cette prodigalité, un investissement de la CDC qui, par ailleurs, gère près de 250 milliards d’euros constitue toujours précieux sésame. Muni de ces premiers fonds, faites ensuite le tour des investisseurs, organismes ou dispositifs et dites que votre fonds, expert en hautes technologies et autres produits innovants, investira uniquement dans des projets novateurs et porteurs de croissance mais surtout pas dans l’industrie manufacturière traditionnelle lorsqu’elle produit en France, source de conflits sociaux, (aucun fonds sérieux ne le fait !) et peu conforme avec votre vision éclairée d’un monde de demain ouvert à la mondialisation et à la construction duquel vous souhaitez apportez votre expertise en ingénierie financière internationale.

Plans de relance, Fonds stratégique d’investissement ou Grand emprunt, tous les dispositifs et organismes seront ravis de vous confier de l’argent public et se féliciteront de créer un effet de levier pourtant peu souvent avéré. L ‘EXPERTISE DES FONDS D’INVESTISSEMENT Citons l’exemple de l’entreprise française de prêt à porter pour jeunes femmes « MORGAN de toi ». La marque créée en 1968 était vendue dans prés de 500 point de vents et possédait prés de 200 boutiques en propre, lorsqu’en 2006, le puissant fonds APAX PARTNERS (35 milliards de dollars de capitalisation), propriétaire de 40 % des parts de société depuis 1998, a évincé les fondateurs de l’entreprise pour en prendre la direction. Deux ans plus tard, après plusieurs erreurs de stratégie, dont la délocalisation de la production en Chine, la clientèle fuyait et l’enseigne déposait le bilan. Fort heureusement, le groupe BEAUMANOIR à repris et sauvé l’entreprise mais ce cas nous interroge sur les compétences et la pertinence des conseils prodigués aux entreprises par les experts du capital investissement.

LA FIN D’UN LEADER

L’ancien leader européen du Photovoltaïque PHOTOWATT, pourtant à la pointe de l’innovation pendant 30 ans, a dû, faute d’aides financières de l’État et de financement des banques, déposer le bilan en novembre 2011 avant de tomber dans le giron d’EDF.

Le FSI (Fonds Stratégique d’Investissement) dont l’objet était « d'apporter les fonds propres indispensables aux entreprises françaises stratégiques, confrontées à la crise », avait refusé d’aider l’entreprise la plus innovante de France ou d’Europe en matière d’énergie solaire ! Ce refus de financement de l’État nous démontre qu’il ne suffit pas de présenter un projet créateur d’emploi ou d’être un champion de l’innovation, pour avoir accès aux dispositifs d’aide aux entreprises. Il semble que l’appartenance à un réseau politique influent ou au réseau du grand capital, constitue la clef pour accéder aux grands dispositifs de relance de l’économie. .

ASSAINIR LE FINANCEMENT DES ENTREPRISES

François Hollande a déclaré durant la campagne présidentielle, vouloir assainir le monde de la finance et peut-être devrait-il commencer par mettre fin à ces pratiques plus proches du système mafieux que de la pratique républicaine afin que l’on juge les projets sur des critères plus objectifs. Les fonds d’investissement parasitent les fonds publics destinés au développement des PME et cela génère une déperdition de l’argent public au lieu de l’effet de levier escompté.

Rappelons l’échec de ces mécanismes utilisés à outrance lors du plan de relance de 35 milliards d’euros qui n’a créé ou sauvé, selon les sages de la cour des comptes, que 20 000 à 70 000 emplois et du grand emprunt de 34 milliards d’euros qui en a généré encore moins. Au moment où l’État demande de plus en plus de sacrifices aux contribuables, peut-être conviendrait-il de faire l’économie de ces intermédiaires, en finançant directement les entreprises en recherche d’aide pour leur développement.

Par ailleurs, on peut s’étonner que depuis 2008, Patricia Barbizet, N°2 du groupe PPR (Pinault-Printemps-Redoute), soit l’un des administrateurs du FSI, fonds d’investissement doté de 20 milliards d’euros d’argent public, et en préside également le comité d’investissement.

PPR est un grand groupe du CAC 40 dont la délocalisation de la production des articles vendus dans les magasins (Conforma, Printemps, La Redoute, Fnac), a mis au chômage les dizaines de milliers d’ouvriers employés chez les sous-traitants. Qui peut croire que sa dirigeante choisisse d’aider les entreprises dont le développement créera des emplois en France. Il nous semble que François Hollande devrait maintenant nommer une personnalité moins impliquée avec les grands groupes et le grand capital.

LE LEURRE DE L’INNOVATION

La Banque Publique d’Investissement voulue par François Hollande, sera vraisemblablement composée d’anciens organismes et dispositifs déjà existants qui ne sont jamais parvenus à transformer les milliards d’euros qui leur sont confiés en un nombre significatif de véritables emplois, et investira encore uniquement dans l’innovation.

L’antienne des produits innovants, déjà répétée en boucle depuis 35 ans par nos personnalités politiques, nous est à présent resservie pour exclure les industries manufacturières traditionnelles des dispositifs de financement.de l’économie.

Le mythe des produits innovants qui devaient fournir un emploi à chacun d’entre nous, est associé au dogme néolibéral du libre échange qui préconise la délocalisation de notre industrie manufacturière des biens de consommation. Cette politique dont François Hollande a toujours été un ardent partisan, montre son inefficacité et plusieurs millions de personnes au chômage en paient le prix.

Cependant, il convient d’accorder crédit aux promesses de réindustrialisation de notre nouveau Président et puisque l’emploi est sa priorité, ne doutons pas de recevoir bientôt une invitation de l’Élysée ou du ministère du Redressement Productif pour exposer notre projet de relance de l’industrie manufacturière des biens de consommation.

Francis JOURNOT

Mouvement associatif RENDEZ NOUS NOTRE INDUSTRIE !

Source: Agoravox

mercredi 20 juin 2012

Les banquiers suisses renoncent à leurs vacances, par peur d'être arrêtés


IRIB- Partir à l'étranger pour les vacances d'été serait trop risqué pour plusieurs banquiers qui pourraient être impliqués dans le contentieux fiscal qui oppose la Suisse aux Etats-Unis et à d'autres pays. Onze banques suisses sont impliquées dans ce litige, accusées d'avoir encouragé des clients américains à frauder le fisc. Des banques comme HSBC ou le Crédit suisse ont, déjà, communiqué le nom d'environ 10.000 employés aux autorités américaines, afin d'éviter le sort de la banque privée Wegelin, qui a sombré, en janvier, suite à la menace d'une inculpation, selon ses employés et avocats. La menace est à prendre au sérieux, plusieurs banquiers suisses ayant conseillé des clients américains ont, déjà, été inculpés, aux Etats-Unis. Certains risqueraient même l'extradition.

 "Si les banquiers se rendent aux Etats-Unis, il y a un risque réel d'arrestation. Je leur conseillerais de ne pas quitter la Suisse", a déclaré Rudolf Wyss, ancien directeur adjoint du Département fédéral suisse de la justice. "S'il y a un mandat d'arrêt international, vous pourriez être arrêtés, par exemple, en France, en Italie et, ensuite, extradés aux Etats-Unis", a-t-il ajouté. La Suisse espère que l'élection présidentielle américaine de novembre prochain permettra de trouver un compromis sur ce litige entre les deux pays. Pour les banquiers suisses, qui souhaitent, coûte que coûte, partir au soleil, il leur reste la possibilité de choisir des destinations, qui n'ont pas d'accord d'extradition avec les Etats-Unis, comme la Tunisie, par exemple.

lundi 18 juin 2012

Alerte: escroquerie sur les fausses pièces d’or!



Un article proposé par Robin F. par e-mail qui relate sa mésaventure, assez catastrophique, à faire circuler donc!!!

Bonjour, je voulais vous raconter une mésaventure qui m’est arrivée récemment à Paris. C’est super grave et il m’a paru nécessaire de vous la faire partager afin d’éviter que d’autres vivent le même cauchemar.

Tout a commencé par la lecture des 2 derniers livres de Pierre Jovanovic. Ses analyses me parurent d’une pertinence remarquable, et pas mal de mes certitudes sur l’ordre apparent du monde vacillèrent. Ce fut comme un réveil brutal : des choses que je n’avais jamais envisagées me sautaient à la figure, et je voyais le monde d’une autre façon. Je fis alors des recherches sur Internet et découvris moult sites ou blogs traitant de sujets analogues, et des aspects économiques ou géopolitiques et de l’évolution actuelle de notre monde. Finalement tout ceci m’amena à décider d’investir dans des pièces d’or.

SAUVER MES ECONOMIES

Alors comment acheter de l’or sans risquer de me faire avoir, car je n’y connaissais rien du tout. Comme j’avais trouvé plein d’articles parlant de fausses pièces et qui m’avaient plutôt inquiété, j’approfondis mes recherches, rassemblai de multiples documents et photos, appris les trucs pour tester les pièces, et achetai tout le matériel : livres, balance de précision, pierre de touche et réactifs, loupe, etc. Me sentant désormais prêt, je furetai sur les sites de vente en ligne et de petites annonces. Renonçant à la vente à distance trop risquée, je retenus quelques petites annonces me paraissant sérieuses. Finalement, je fis des achats à hauteur de mon budget auprès de 3 vendeurs. Toutes mes économies y étaient passées, et j’étais paré pour affronter l’effondrement financier inéluctable.
Quelques jours plus tard, au cours d’une conversation avec des amis sur ce sujet, je leur montrai mes pièces, tout fier. Mais une amie qui travaille dans une banque émit de forts doutes sur un des 3 lots. Cela représentait les 2/3 de mes économies et mon sang se glaça suite à sa remarque ! Et si je m’étais fait arnaquer malgré toutes mes précautions ? Elle me conseilla de faire expertiser mes pièces et me recommanda une officine spécialisée sur Paris.

L’EXPERTISE NECESSAIRE

Cette nuit-là, impossible de dormir ! Et si j’avais tout perdu ? Je repensais sans cesse l’achat du lot en question (des 20 francs or Napoléon tête laurée) dans un café proche de la Bourse, je revoyais la tête du vendeur qui m’avait paru fort sympathique : un gars avec l’accent du sud, vers la soixantaine et qui ressemblait à un acteur américain. Un type très avenant et à qui on aurait fait toute confiance.
Dès le lendemain, j’amenai mes 3 lots à l’officine. Mon inquiétude grandissait au fur à mesure que l’expert examinait les pièces, et quand à la fin il m’annonça que tout le lot suspect était bien faux, je me décomposais sur place. Pourtant, j’avais fait tous les tests ; je ne comprenais pas. Il me dit que c’étaient des contrefaçons de très bonne facture, et que n’importe quel débutant s’y serait laissé prendre. J’étais totalement effondré ! Anéanti !
Heureusement, les petits lots achetés aux 2 autres vendeurs étaient bons. Ouf, un tiers de mes économies était sauvé. Puis nous discutâmes un long moment et il m’expliqua plein de choses, que je vais vous résumer.

UNE CONJONCTURE QUI CREE L’AUBAINE

Depuis quelques années, la conjoncture de crise financière a engendré une certaine inquiétude chez le grand public, et la demande pour les investissements en métaux précieux a fortement augmenté. Parallèlement, le phénomène a été renforcé par la blogosphère où certains blogueurs hyperactifs ont attisé les braises sous le vent de la crise. Or, lorsque la demande explose, la clientèle s’élargit : il arrive donc sur le marché plein d’acheteurs potentiels qui n’y connaissent souvent rien. Et pour payer moins cher et éviter les taxes et les formalités, le marché parallèle est très attrayant. Pourtant, il est fort risqué de s’y aventurer sans expérience, car c’est une aubaine pour les faussaires qui profitent de ce juteux marché en expansion, face à tous ceux qui arrivent sans avoir les moyens de détecter les arnaques.

En fait, depuis toujours les pièces d’or ont attiré les faussaires, et quasiment toutes les pièces françaises ont été contrefaites. Il y eut des faux plus ou moins réussis selon les époques, mais aujourd’hui les techniques modernes sont très performantes et permettent de produire des contrefaçons d’une excellente facture. Et alors qu’il y a peu de chance d’en retrouver chez les revendeurs officiels, elles sont très fréquentes sur le marché parallèle.

LES CONTREFAÇONS ET LES REMEDES

On trouve 4 types principaux de contrefaçons, et les plus souvent détectées ces dernières années appartiennent aux 2 dernières catégories :
1. Pièces en métal quelconque plaqué or. Faux souvent anciens, faciles à identifier au poids.
2. Pièces en or au bon titre, mais qui ne sont pas d’origine. La gravure ou la frappe sont imparfaites ou ont des erreurs. Faux souvent anciens, au bon poids, mais faciles à identifier à l’observation.
3. Pièces en or avec un titre inférieur. Faux anciens et modernes, au bon poids, mais relativement faciles à détecter à l’observation et la touche.
4. Pièces fourrées au tungstène, comme pour les lingots. Faux modernes, au bon poids et bon titre : les plus difficiles à détecter.
Pour mémoire, les titres officiels de l’or sont : 24 carats = 999/1000 d’or pur … 22 carats = 917/1000 … 20 carats = 833/1000 … 18 carats = 750/1000. Il existe le titre 800/1000 (19,2 carats) au Portugal, et 900/1000 correspond à 21,6 carats.

* Pour la 3ème catégorie, prenons les pièces françaises à 900/1000. Tester la pièce avec un acide 20-24 k tout fait et une seule trace sur la pierre de touche, ne permet pas forcément de détecter les faux. Comme cet acide est calibré pour 833, une pièce de ce titre passera le test avec succès, mais elle contiendra en réalité moins d’or que la 900.
Pour contourner ce problème, il faut toujours faire une touche comparative : on réalise de 2 traces sur la pierre, une avec la pièce à tester, l’autre avec un touchau au titre choisi (900/1000, soit 22 k). Si le titre de la pièce testée est inférieur, l’acide dissoudra plus cette trace et la couleur disparaitra un peu plus que sur celle de référence.
 Un test complémentaire très utile est celui de la sonorité. Une pièce d’or authentique a un timbre spécifique, et le son d’une avec moins d’or (et plus de cuivre, tungstène, etc.) sera différent. Ainsi, en faisant sonner les pièces, on peut arriver par comparaison à détecter les contrefaçons. Cela demande néanmoins une grande habitude.

* Ensuite, celles de la 4ème catégorie sont techniquement très élaborées et si bien faites que les tests classiques ne sont pas suffisants. En effet, le titre est souvent bon, et comme le tungstène a la même densité que l’or, le poids est respecté.

Il y a quelques décennies, ce type de fraude ne concernait que les lingots. Puis, la technique s’est perfectionnée et apparut sur les grosses pièces de 20 à 24 carats comme les 100 FF. Mais aujourd’hui même les petites pièces comme les 20 FF sont concernées. Pour les lingots, un bloc de tungstène est enrobé de quelques mm d’or au bon titre : ces faux contiennent au final moins de 10 % d’or. Et dans les petits fourrés avec des barres de tungstène, la quantité d’or de dépasse pas 40 %. Pour les pièces, une fine pastille de tungstène de quelques dixièmes de mm d’épaisseur est insérée entre 2 couches d’or au bon titre : elles contiennent souvent moins de 50 % d’or. Un vrai jackpot pour les trafiquants !

Ici aussi, le test de la sonorité peut attirer l’attention, mais un seul test permet vraiment de détecter les faux : la résistivité électrique au moyen d’un micro-ohmmètre de précision. Cela fonctionne avec les lingots et les pièces de 20 à 24 K : comme chaque métal a une résistivité spécifique, on utilise des abaques selon les différents mélanges métalliques utilisés en fonderie. Et ce test est imparable. Ouf.

L’ARNAQUE

Pour revenir aux pièces qu’on m’a refilées (voir la photo), ces Napoléons tête laurée sont des contrefaçons récentes : elles ont l’apparence de pièces neuves avec un aspect très brillant, ont un son aigu, sont très rouges, et le poids est bon. Mais si on en observe plusieurs côte à côte à la loupe, on remarque que des traces d’usure et des marques se retrouvent à l’identique sur toutes les pièces : la pommette, l’arcade, la moustache, le bord des feuilles, les nœuds de la draperie, le haut des sceptres et la couronne. A l’évidence, la copie a été faite à partir d’une pièce usagée. Enfin, elles ont un titre inférieur, mais je ne sais pas si elles ont une pastille de tungstène, car il n’a pas fait le test.
Il faut savoir que le temps qui passe mate tout métal, et la pièce perd naturellement son brillant d’origine. En fait il n’existe que de rares exemplaires de ces pièces frappées il y a plusieurs décennies qui ont conservé un aspect d’origine exempt d’usure. Elles valent une fortune et ne se retrouvent pas sur le marché. Donc, que des pièces aussi anciennes soit si brillantes et que les traces d’usure soient identiques d’une pièce à l’autre, ça suffit pour immédiatement les identifier comme des contrefaçons. Selon ses dires, tous les modèles de pièces françaises en or de 20 à 100 FF ont été copiés dans cette fabrication moderne. On retrouve ainsi des Louis, Napoléons, Cérès, Génies, Mariannes, etc.

A l’officine, en ce moment, la demande est très forte : les pièces d’or se vendent comme des petits pains. Il leur est difficile de tenir du stock, et il y a souvent des délais pour s’approvisionner. Il faut donc se méfier des revendeurs qui peuvent facilement fournir, ce qui pose tout de suite question sur la provenance des pièces.

Il semblerait que des réseaux soient structurés entre Paris et quelques grandes villes de province : les revendeurs écouleraient aussi bien des recels de cambriolages que des contrefaçons modernes provenant probablement de Chine. Ils s’appuieraient sur des sites Internet d’enchères et de petites annonces, et certains blogs serviraient de relais pour trouver le client. Puis la technique est connue : on rassure le chaland avec un 1er lot de pièces authentiques, puis une fois que la confiance s’est installée et que l’acheteur demande des quantités plus importantes, on fourgue les contrefaçons. Et si on n’est pas connaisseur ou si la méfiance se relâche, on peut facilement se faire avoir, que ça soit au 1er achat ou aux suivants.

LA FIN DE L’HISTOIRE

Dès que je suis sorti de l’officine, j’ai été faire ce qu’il fallait. J’espère que la Justice passera et que je pourrai récupérer mon argent un jour. Moi qui pensais m’être correctement informé avant d’acheter, je me suis bien fait avoir. D’ailleurs je ne m’en suis pas encore totalement remis. En tout cas, ça m’a servi de leçon, et la prochaine fois je n’achèterai que dans mon officine, même si c’est légèrement plus cher, surtout si ça m’évite de me faire arnaquer.

Pour conclure, je ne saurais trop recommander à cex qui ont acheté des pièces sur le marché parallèle ces derniers mois, de les faire examiner par un spécialiste. Et si par malheur vous vous êtes fait arnaquer, n’hésitez à pas à faire ce qu’il faut. Ça sera utile pour gêner le trafic et, espérons-le, empêcher les escrocs de nuire.

Robin F.

PS : N’hésitez pas à reproduire et diffuser mon article pour que le message passe rapidement.

dimanche 17 juin 2012

Grèce : les migrants, boucs émissaires de la crise



IRIB- Combien sont-ils ? Un million, deux millions ?

Personne ne le sait. Dans un pays de 11 millions d’habitants, ils sont visibles. Trop, selon les militants néonazis d’Aube dorée. Même les Grecs les plus modérés se plaignent. Leur pays est la porte d’entrée de toute la misère du monde. Une porte d’entrée qui aboutit le plus souvent sur une impasse.
Place Amerikis, en plein centre d’Athènes, comme tant d’autres bâtiments à l’abandon, celui-ci abrite un squat, occupé par des Africains francophones. Escalier branlant, électricité coupée, trois chambres délabrées, quinze matelas jetés à même le sol.

Ali Cissé, 29 ans, Guinéen, habite ici, depuis trois ans. Il a quitté son pays pour, dit-il, des raisons familiales. Mais, on devine, au cours de la conversation, que ses motivations sont d’abord économiques. L’espoir d’une vie meilleure a poussé cet étudiant en langues étrangères à abandonner amis, famille, femme et enfant. Pour atteindre la Turquie, ce fut facile. En avion, comme n’importe quel touriste. Le passage en Grèce fut plus compliqué. «J’ai payé 1.000 dollars à un passeur, pour traverser en canot pneumatique. Nous étions une trentaine. Trois amis sont morts noyés. La police turque nous a capturés».

Le passage par la case prison ne l’a pas découragé. Quelques semaines plus tard, avec quelques compagnons d’infortune, il tentait de nouveau la traversée en bateau gonflable. «Depuis la côte turque, nous voyions au loin briller les lumières de l’île de Samos. Nous avons mis deux heures pour y arriver», sourit-il. Vêtu d’un faux polo Lacoste, coiffé d’un bonnet rasta, il s’exprime doucement, paisiblement. La prison en Grèce ne l’a pas traumatisé. «On y mange bien. J’ai même grossi», plaisante-t-il. Depuis, il vend des babioles à la sauvette, sur le trottoir, avec comme seul papier d’identité sa carte rose de demandeur d’asile. «Parfois, les policiers confisquent le matériel, la recette de la journée est perdue, cinq euros, pas plus».

La crise économique touche de plein fouet les plus faibles, comme lui. «Avant, des Grecs nous apportaient à manger. Maintenant, c’est fini. Quand il y a trop de bruit dans l’immeuble, ils appellent la police». Le racisme monte. Souvent, des passants lui lancent furtivement : «Rentre donc chez toi !». Jamais, heureusement pour lui, il n’a été confronté aux redoutables milices d’Aube dorée, décidées à «nettoyer» Athènes. Mais il a peur. Une fois, il a été frappé, sans raison, dans un commissariat. Il en garde une cicatrice à l’arcade sourcilière. Son rêve est toujours le même. «Aller en France, avoir des papiers, étudier». Le retour ? Pas une fois il ne l’évoque. Pas plus que ses camarades de galère.Certains sont à Athènes, depuis quinze ans.

A Athènes, Ludovic BASSAND.

jeudi 14 juin 2012

Dagong, l’agence de notation chinoise boudée par les Occidentaux



Par Marc Etcheverry

Standard and Poor’s a dégradé, vendredi 13 janvier 2012, la note de la dette souveraine française. Paris a perdu sont AAA. Pourtant, pour l’agence de notation chinoise Dagong, l’excellence française en matière de finance publique est déjà un lointain souvenir. Derrière les trois « historiques » que sont Moody’s, Fitch Ratings et Standard and Poor’s, la petite dernière assume un regard singulier et souhaite ardemment faire bouger les lignes au sein de la finance mondiale dominée par la vision occidentale.

A regarder le carnet de notes rempli par Dagong, on croirait ne pas avoir affaire à la même classe. Les élèves sont pourtant les mêmes. Pas les têtes de Turcs. La France ? Seulement un petit A+. La Chine ? C’est bien mieux : AA+. Les Etats-Unis ? A. Tout juste.
Dagong Global Credit Rating, apparu en Chine en 1994, a ainsi fait son entrée dans le club très fermé des agences de notation des dettes souveraines en juillet 2010, avec un rapport explosif sur une cinquantaine de pays. Là où Moody’s ou Fitch Ratings gratifiaient de la meilleure note possible les Etats moteurs de la zone euro, leur homologue chinois y trouvait à redire. Pour Dagong, par exemple, Paris n’a jamais perdu son AAA… puisqu’elle ne l’a jamais obtenu. Et son président, Guan Jianzhong, de tirer à cette même époque une salve de critiques à l’endroit de ses concurrents dans le Financial Times, pour remettre en cause leur indépendance vis-à-vis de leurs clients : « La crise financière a eu lieu parce que les agences de notation n’ont pas reflété correctement les risques ».


Culture de l’opacité


De fait, Dagong a bénéficié de la crise financière de 2008, et du discrédit jeté sur l’évaluation de nombreux actifs toxiques par les agences historiques. Mais son arrivée fut accueillie avec incrédulité par les acteurs du monde de la finance. Au moment où la Chine s’immisçait dans les économies européennes en difficulté, et s’opposait frontalement aux Etats-Unis sur la question de leur dette, les évaluations de Dagong, si elles ont attiré l’attention, ne lui ont pas apporté plus de crédit. « Dagong est perçue comme une agence sous influence politique », confirme Norbert Gaillard, consultant pour la Banque mondiale et auteur de l’ouvrage Les agences de notation (La Découverte). Ce spécialiste rappelle ainsi qu’en octobre 2010, la Security and Exchange Commission (SEC), l’organe de contrôle et de régulation des marchés financiers américains, lui a refusé son accréditation. Une décision qualifiée de « discriminatoire » par Guan Jianzhong, qui y a vu la volonté de Washington de garantir le monopole des « Trois » sur la marché de la notation internationale. Mais paradoxalement, le patron de Dagong a aussi avancé l’argument du droit de regard sur les investissements chinois aux Etats-Unis, ce qui donne à cette affaire un caractère autrement plus politique.
Il est vrai cependant que Dagong n’excelle pas dans la transparence. Hormis les déclarations tonitruantes de son PDG, et les notes assassines adressées aux pays développés, peu de choses sortent des murs de son siège, situé à Pékin. La société revendique 500 salariés, répartis dans 34 succursales éparpillées sur le sol chinois. En 2010, la société annonçait néanmoins, ambitieuse, l’embauche de 1000 employés sur deux ans.

Mais a-t-elle au moins l’oreille attentive de son propre pays, premier créancier au monde ? Rien n’est moins sûr. Ou du moins, Pékin utilise encore les indicateurs occidentaux pour faire valoir son droit de regard sur les économies qu’elle soutient : début août 2011, Dagong dégrade la note américaine, sans trop de remous. Quelques jours plus tard, Standard and Poor’s fait de même et retire son AAA à Washington. Les autorités chinoises se déchaînent. La Chine possède toujours près de 8% de la dette américaine.

L’agence des pays émergents
La méthode de calcul est au centre des interrogations. « Dagong surpondère les critères de dette publique et de croissance du PIB, c'est pourquoi elle note très bien les grands pays émergents, les BRIC - Brésil, Russie, Inde et Chine - ainsi que l'Arabie Saoudite, qui se sont désendettés au cours des années 2000 grâce à une forte croissance économique, explique Norbert Gaillard. En revanche, elle est beaucoup plus sévère à l'égard des pays industrialisés qui ont des ratings bien plus bas ». Lorsqu’elle dégrade la note française (de AA- à A+), au début du mois de décembre dernier, Dagong justifie sa décision par la perte de compétitivité internationale de l’économie française, en tablant sur une croissance très faible.
Mais alors, en dépit des soupçons de partialité qui pèsent sur elle, Dagong est-elle néanmoins dans le vrai ? Pour l’économiste Patrick Artus, directeur de la Recherche et des Etudes économiques chez Natixis et professeur à l’Ecole polytechnique, la méthode de calcul de Dagong n’est pas à railler. Dans une note rédigée en juin 2011, il conclut ainsi que les valeurs attribuées par l’agence chinoise à six pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Belgique, Italie et Espagne) sont plus proches de la réalité que celles de Moody’s, Fitch Ratings et Standard and Poor’s. Et de fait, si les notes ne sont pas les mêmes, plusieurs dégradations opérées par Dagong ont été imitées peu de temps après par ses concurrentes.

Les sorties d'argent s'accélèrent en Grèce




Les banques grecques ont enregistré une forte hausse des sorties d'argent à l'approche des élections législatives de dimanche, de nombreux Grecs craignant que le résultat du scrutin ne pousse leur pays hors de la zone euro, ont rapporté des banquiers.


Ces derniers jours, les retraits cumulés des principales banques grecques ont atteint 500 à 800 millions d'euros par jour, le rythme s'accélérant à l'approche du vote, en particulier mardi, ont dit mercredi deux banquiers.


Les sorties d'argent dans les petites et moyennes banques ont oscillé de leur côté entre 10 et 30 millions d'euros, ont-ils ajouté.


« Cela inclut les retraits de liquidités, les transferts bancaires et les investissements dans les fonds du marché monétaire comme les Bunds allemands, les emprunts du Trésor américain et les obligations de la BEI » (Banque européenne d'investissement), a précisé un banquier sous couvert de l'anonymat.


Au cours des deux dernières années, la crainte de voir la Grèce sortir de la zone euro a lentement réduit le montant des dépôts dans les banques grecques. La baisse a atteint l'an dernier 17 %, soit 35,4 milliards d'euros, et le montant des dépôts s'établissait fin avril à 165,9 milliards d'euros, selon les chiffres de la banque centrale.


La fédération de la distribution a quant à elle constaté une ruée des consommateurs sur des denrées non périssables comme les pâtes ou les boîtes de conserve.


Ce mouvement serait notamment entretenu par des rumeurs d'une victoire de la gauche radicale Syriza aux élections législatives, qui aboutirait selon certains à l'abandon de l'euro et au retour de la drachme en Grèce.


Alors qu'approche le scrutin, en l'absence de sondages dont la publication est interdite dans les deux semaines précédant le vote, des responsables des partis ébruitent des enquêtes « secrètes ». Une rumeur a ainsi prédit mardi une large victoire de Syriza, qui refuse la politique d'austérité imposée à Athènes en échange d'une aide financière vitale.


« C'est absurde », réagit un sondeur. « Nos sondages montrent que le paysage n'a guère changé depuis la diffusion des derniers sondages. Les partis sortent ces chiffres en espérant renforcer leur position. »


Les derniers sondages autorisés, publiés le 1er juin, placent Syriza à peu près au même niveau que Nouvelle Démocratie, le parti de droite conservatrice d'Antonis Samaras. Et pas plus que lors des précédentes législatives, le 6 mai dernier, un parti ne semble en mesure de former seul un gouvernement.


source

mercredi 13 juin 2012

Espagne: rejet des députés d'une demande d'enquête sur la crise financière


IRIB-Le congrès des députés espagnols a rejeté mardi soir, avec les voix de la majorité de droite au pouvoir, une commission d'enquête sur la crise financière et sur Bankia, dont le sauvetage historique a conduit à l'annonce d'un plan d'aide européen au secteur bancaire du pays. 

Le texte, présenté par des partis d'opposition de gauche, a recueilli 139 voix pour, dont celle du parti socialiste contre 175 voix du Parti populaire (PP), droite au pouvoir qui dispose de la majorité absolue au parlement. Le PP, par la voix de la députée María Arenales Serrano, a toutefois assuré qu'il était totalement d'accord avec l'esprit qui a inspiré l'initiative, qui est la transparence.

Iran : Le Japon contrecarre les restrictions US


IRIB-Dans une tentative de contrer le boycott d'assurance mené par les Etats-Unis et l'UE contre l'Iran, le cabinet ministériel japonais a soumis une loi au parlement pour autoriser le gouvernement à donner une couverture d'assurance aux pétroliers important du pétrole brut iranien au lieu d'aller chercher ce type de couverture vers l'Union européenne. Cette loi autoriserait le gouvernement japonais à offrir une couverture d'assurance allant jusqu'à 7 milliards 600 millions de dollars US aux pétroliers transportant du pétrole brut iranien lorsque le boycott de l'UE sur le pétrole et sur l'assurance des cargaisons iraniennes prendra effet au 1er Juillet, a dit le ministère des transports japonais dans un communiqué Lundi. Le 23 Janvier, sous la pression des Etats-Unis, les ministres des affaires étrangères européens ont approuvé de nouvelles sanctions contre Téhéran, interdisant l'importation de pétrole iranien en UE, ce qui inclut également la couverture d'assurance des pétroliers transportant le brut iranien. En Mars, les Etats-Unis ont exempté le Japon des sanctions financières contre l'Iran. Faisant fi des sanctions des Etats-Unis et de l'UE contre le pétrole iranien, bon nombre de clients d'Asie orientale de l'Iran pour son pétrole brut, incluant la Chine, la Corée du Sud et le Japon désirent maintenir leurs importations d'Iran afin de remplir leur carnet de demande domestique. Les Etats-Unis, Israël et quelques uns de leurs alliés accusent Téhéran de poursuivre des objectifs militaires dans son programme d'énergie nucléaire. L'Iran rejette toutes ces accusations, argumentant qu'elle a pris part au traité de Non Prolifération Nucléaire et qu'en tant que membre de l'AIEA, elle a le droit de développer une technologie nucléaire à des fins pacifiques.