José Manuel Sanchez Gordillo entame une marche de trois semaines, pendant laquelle, il sillonera l’Andalousie, encourageant d’autres maires à ne plus obéir à la politique d’austérité du gouvernement.
José Manuel Sanchez Gordillo, maire de la petite ville de Marinaleda, en Andalousie, est une figure contestataire connue en Espagne, où il participe depuis une trentaine d’années à des actions coup de poing pour dénoncer les inégalités sociales et l’action des partis politiques nationaux. En août, il a fait parler de lui au-delà des frontières espagnoles en dirigeant des razzias dans les rayons de deux supermarchés d’Andalousie pour redistribuer des chariots remplis de produits alimentaires à des ONG locales.
Jeudi 16 août, cet élu du parti de gauche Izquierda Unida, âgé de 59 ans, que certains ont déjà baptisé "le maire Robin des bois", entame une marche de trois semaines. Il sillonnera l’Andalousie pour dénoncer les mesures d’austérité adoptées par le gouvernement espagnol et convaincre les maires de petites ville comme la sienne de ne pas coopérer.
L’Andalousie est une des régions d’Espagne les plus touchées par la crise, avec 33,92 % de sa population au chômage. Symboliquement, Sanchez Gordillo partira de la ville de Jódar, qui détient le triste record de chômage de la région. "Il y a des personnes qui n’ont pas les moyens de manger. Au XXIe siècle, c’est une honte absolue", a dit le maire à Reuters, expliquant qu’avec sa marche de trois semaines il veut mettre en lumière les conséquences humaines de la situation économique en Espagne.
Le gouvernement du premier ministre Mariano Rajoy prévoit d’économiser 102 milliards d’euros d’ici à la fin de 2014, un total qui inclut le plan de rigueur de 65 milliards déjà annoncé en juillet. Ces économies prévoient notamment des rentrées évaluées à 35 milliards d’euros du fait des hausses d’impôt, dont la TVA à partir du 1er septembre, des coupes dans la fonction publique ainsi que dans les budgets régionaux de la santé et de l’éducation.
Parmi les mesures que José Manuel Sanchez Gordillo conseillera aux maires de suivre : mettre un terme aux licenciements et aux expulsions de locataires et ignorer les demandes du gouvernement central quand celles-ci concernent des coupes dans les budgets. Ses actions et sa popularité grandissante dans un contexte de crise énervent passablement les responsables espagnols, Mariano Rajoy en tête. "Vous ne pouvez pas jouer à Robin des bois et au shérif de Nottingham. Cet homme ne cherche qu’à se faire de la publicité sur le dos de tout le monde", a dit Alfonso Alonso, porte-parole du Parti populaire (PP), au pouvoir.
Un tracteur dans la coopérative fermière de Marinaleda.
"Ils disent que je suis dangereux, répond M. Sanchez Gordillo. Et les banquiers qui sont disculpés après avoir fraudé ? Ils ne sont pas dangereux ? Et les banques qui empruntent à la BCE à 1 % et revendent cette dette aux Espagnols à 6 %, ce n’est pas dangereux ?" En tant qu’élu du Parlement d’Andalousie, José Manuel Sanchez Gordillo bénéficie de l’immunité parlementaire. Mais il assure être prêt à y renoncer. "Si je finis en prison parce que j’ai pointé du doigt les effets de la crise, ce sera un honneur pour moi", avait-il dit après l’opération contre les supermarchés, qu’il avait conduite, mégaphone à la main, avec le Syndicat andalou des travailleurs (SAT).
Depuis, sept personnes ont été interpellées et le maire de Marinaleda, conforté par le soutien populaire et la médiatisation, a décidé de franchir un palier. "Juan Manuel Sánchez Gordillo n’a sans doute jamais été aussi populaire pendant sa longue carrière de gauchiste utopique", note, ironique, le journal "El Pais".
L’intéressé préfère parler des réalisations de sa municipalité de Marinaleda. Il assure que son village de 2 645 habitants connaît le plein emploi, grâce aux fermes coopératives qu’il a instaurées, pour les chômeurs, parfois, en confisquant la terre.
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