Les pronostics sur l'échec attendu de la zone euro sont liés directement au défaut de paiement possible de la Grèce. S’il y a un défaut de paiement ce sera un échec. Mais le monde a connu bien des fois des dettes souveraines. Les économistes trouvent que la faillite est un facteur inaliénable de l'économie de marché, douloureux certes, mais un outil efficace de l'élimination des disproportions. Pourquoi le défaut de paiement hypothétique de la Grèce fait-il si peur aux fonctionnaires européens?
La plupart des États européens ont annoncé au moins une fois le défaut de paiement. On peut considérer comme champions l'Espagne et la France, la première a connu 14 défauts de paiement, la deuxième huit.
Du point de vue de l'économie de marché, les défauts de paiement arrivant périodiquement c’est une norme : pour la Grèce, cela pourrait devenir un médicament amer, mais utile, croit le directeur du fonds « Centre du développement du marché de fonds » Youri Danilov :
" C'est une situation normale pour l'économie de marché, elle arrive constamment. Le défaut de paiement, comme n'importe quelle crise, exerce une influence positive sur l'économie capitaliste, en éliminant une certaine disproportion structurale. Nous avons affaire à tout un ensemble de disproportions structurales, qui seront liquidés douloureusement par le défaut de paiement de la Grèce ".
Mais, comme le note le directeur de l'Institut de la mondialisation et des mouvements sociaux Boris Kagarlitsky, ce qui est bon pour les Grecs, est mauvais pour leurs créanciers :
" Le défaut de paiement signifie que le préjudice sera porté non par le pays, mais par ses créanciers. Tout le problème est de ne pas permettre à la Grèce des actions, capables de la sauver des créanciers. Ne pas admettre le défaut de paiement, comme l’unique moyen du sauvetage dans le cas présent ".
L'Allemagne, le principal créancier grec, veut laisser le pays dans la zone de euro et lui faire éviter la faillite, ayant minimisé les frais liés à cela. Mais la perspective du défaut de paiement grec ne fait pas peur seulement aux Allemands. Même ceux à qui les Grecs ne doivent rien sont inquiets. Pourquoi ? La réponse est simple : le défaut de paiement de la Grèce deviendra le premier cas dans l'histoire, quand un pays en faillite se sert non de sa propre monnaie, mais de celle de toute une grande région, explique Youri Danilov :
" Ce sont là les particularités, tous les points négatifs de la situation. C'est pourquoi le défaut de paiement potentiel attire tant l’attention des investisseurs. Ce seront des pertes pour tous les membres de l'union monétaire, pour l'économie régionale tout entière ".
La sortie du pays de la zone euro deviendra une des conséquences inévitables de la faillite d'Athènes. Pour surmonter la crise, la Grèce devrait dévaloriser sa devise nationale. Mais ce truc ne passera pas avec l’euro et cela signifie qu’il faudra réintroduire sa propre monnaie. Les eurosceptiques craignent que l'exemple de la Grèce ne devienne le premier ruisseau qui amènera à la rupture de la digue. En effet, il y a déjà trop de débiteurs dans la zone euro.
Vlad Grinkevitch
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