La monnaie nationale de la Chine s’internationalise. Cette expansion est visible sur les marchés notamment grâce à l’exemple de Hong Kong. Ce sont des crédits en yuans chinois, et non pas en dollars hongkongais, la monnaie en vigueur sur l’île, qui deviennent de plus en plus populaires parmi la population.
Ainsi, le volume de prêts en yuans de l’un des principaux joueurs du secteur financier hongkongais, la banque britannique Standard Chatered a doublé au premier semestre de cette année. Et ce n’est qu’un début, explique-t-on dans cette banque.
Donner des crédits, vendre des instruments financiers, assurer, et tout cela en yuans chinois. Il n’y a pas si longtemps, les banquiers hongkongais ne croyaient pas que le yuan pourrait devenir la monnaie de toutes les transactions. Mais en 2010, ce phénomène est devenu bien réel. La Banque populaire de Chine et l'Autorité monétaire de Hong Kong ont signé un accord selon lequel les prêteurs de l’île ont obtenu le droit de fournir des services en renminbi, la monnaie nationale chinoise. Rien de surprenant que sur le fond d’une croissance stable de l’économie et la hausse non pas moins stable de la monnaie nationale, les habitants de Hong Kong les non-résidents aient décidé de profiter de cette nouvelle opportunité. Cet accord avec la Chine a permis à Hong Kong de renforcer sa position d’un des plus importants centres financiers mondiaux.
« La hausse de popularité du yuan dans le monde contribuera surtout à la croissance de Hong Kong », explique Sergueï Sanakoev, le directeur du Centre russo-chinois pour le Commerce et la Coopération économique. « Le monde perçoit Hong Kong comme une porte vers la Chine continentale. C’est pratique et confortable de travailler avec la Chine via Hong Kong non seulement dans la finance, mais aussi dans toutes les sphères de l’économie ».
En même temps, d’autres centres financiers mondiaux veulent priver Hong Kong son statut du centre des transactions en yuans à l’extérieur de la Chine. Ainsi, au début de cette année, les autorités financières britanniques ont affirmé sans l’ombre d’un doute que Londres devrait devenir le centre du commerce en monnaie chinoise. La Bourse de Singapour a également fait part au début de juillet de sa volonté de commencer à vendre des instruments financiers libellés en yuans. Cette popularité croissante du renminbi s’explique principalement par le fait que le taux de change de la monnaie chinoise est régulé par Pékin, qui ne lui permet pas de fortes fluctuations. A cela s’ajoute le rôle croissant de la Chine sur l’arène politique et économique internationale. Dans ce contexte, de nombreux experts anticipent déjà un repartage de la structure du marché des changes dans le monde.
« La Chine dicte déjà l’ambiance sur les principaux marchés des devises », analyse le professeur de la Haute école des Sciences économiques de Russie Iosif Diskine. « Ce sont déjà des signes de formation d’un nouvel ordre financier mondial. Ce nouvel ordre commence déjà à se former, et le dollar et l'euro cessent petit à petit de jouer un rôle dominant sur ce marché ».
La plupart des analystes estiment qu’au cours de la prochaine décennie, la monnaie chinoise ne deviendra pas une monnaie de réserve, la devise que les pays utiliseront pour stocker leurs réserves nationales. Les données statistiques plutôt défavorables confirment cette hypothèse. Selon la Banque des règlements internationaux, en 2011, la part des transactions de change avec le yuan atteignait à peine 1 %. La monnaie chinoise a donc un long chemin à parcourir avant d’atteindre au moins les positions actuelles du dollar ou de l’euro.
Kirill Bezverkhi
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