jeudi 5 janvier 2012

L'Asie se prépare à une année «difficile»


La Chine annonce un plan de relance de la consommation. Singapour, menacé par la récession, coupe de moitié les salaires de ses dirigeants. Shenzhen va augmenter le salaire minimum de 13,6%.Hausses de salaires de 13,6% à Shenzhen


La Chine, que l'on voit souvent comme un amortisseur à la crise mondiale, s'inquiète ouvertement des problèmes économiques en Europe et aux États-Unis. Le premier ministre, Wen Jiabao, prévient les hommes d'affaires que «le premier trimestre de l'année pourrait être assez difficile». Si l'économie chinoise va bien, avec un taux de croissance estimé à 9% pour 2011, elle ralentit. Ce taux pourrait tomber à 8% en 2012, prédisent des spécialistes, soit à peine plus que les 7% requis par les autorités pour maintenir la stabilité sociale dans le pays.

Confrontée aux incertitudes qui pèsent sur ses exportations vers l'Occident, la Chine, qui vient de retirer son soutien aux investissements étrangers dans l'industrie automobile, prépare de nouvelles mesures de relance de la consommation intérieure visant à compenser la baisse de la demande de l'étranger. Et pour arrondir les angles avec ses partenaires commerciaux, elle promet d'assouplir sa politique monétaire. Mercredi, le yuan a atteint un niveau record face au billet vert, après que la banque centrale ait fixé un cours pivot jamais vu à 6,3301 yuans pour un dollar contre 6,3009 vendredi.

Repli des grandes banques

Et elle n'est pas seule à s'inquiéter. Hongkong devrait voir ses exportations baisser de 3% en volume cette année. Si en valeur elles enregistreront encore une progression de 1%, celle-ci ne parviendra pas à «couvrir les coûts de revient en forte hausse», tranche le Hongkong Trade and Development Council (HTDC).

«La crise de la dette en Europe et les incertitudes aux États-Unis se répercutent chaque jour sur la Bourse. Et si la vie de tous les jours n'est pas touchée, les marchés financiers sont affectés», reconnaît Andrew Wong, secrétaire permanent pour le Commerce et le Développement économique de Hong-kong.

En 2011, le marché des actions de l'ancienne colonie britannique a chuté de 20%. Champion mondial des introductions en Bourse depuis deux ans, elle pourrait même perdre cette place en 2012. Et les entreprises de Hongkong qui produisent en Chine vont devoir faire face à des hausses de salaires qui risquent de les achever.

Singapour, autre symbole de la formidable croissance de l'Asie comparée au reste du monde, n'est pas mieux lotie. L'économie de la ville-État a reculé de 4,9% au quatrième trimestre en raison de ses difficultés à l'exportation. Sa production manufacturière s'est effondrée de 21,7%. Pour le premier trimestre de cette année, le PIB (produit intérieur brut) menace d'être encore en baisse, ce qui plongera le pays dans la récession.

Pour marquer les esprits, le gouvernement a décidé de couper purement et simplement, et parfois de moitié, le salaire de ses dirigeants. À commencer par celui du premier ministre, Lee Hsien Loong, qui sera réduit de 36% à, il est vrai, 1,31 million d'euros par an, soit quatre fois ce que gagne Barack Obama!

L'Asie n'est plus le havre de prospérité. Pour preuve, toutes les grandes banques, de Nomura à Goldman Sachs, se préparent d'ores et déjà à réduire de manière drastique les salaires et les effectifs de leurs équipes dans la région.

La décision fait grand bruit dans les milieux d'affaires de Hongkong. La municipalité de Shenzhen, à la frontière avec l'ancienne colonie britannique et porte d'entrée de la région du Guangdong, a décidé d'augmenter le salaire minimum dans les entreprises de 13,6% en février. Il passera à 1.500 yuans (184,50 euros) par mois. Cette décision tombe «au pire moment qui soit», dénonce la Fédération des industriels de Hongkong, qui représente quelque 3 000 entreprises dont la plupart produisent à Shenzhen pour profiter des bas coûts de la Chine. Le vice-gouverneur de la région a promis que ce serait la seule ville du delta de la rivière des Perles à en profiter. Mais la presse affirme que des hausses de salaires de 13% vont être également appliquées à Zhuhai et à Huizhou, deux autres villes de la province.

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