dimanche 8 janvier 2012

Taxe Tobin: le gouvernement persiste malgré les oppositions



La place financière française s'est insurgée dimanche contre le projet du président Nicolas Sarkozy d'instaurer une taxe sur les transactions financières, sans ébranler la détermination du gouvernement à aller vite, quitte à faire cavalier seul en Europe.

Si elle n'était pas européenne, cette taxe "affaiblirait l'économie française", a affirmé l'association Paris Europlace, qui représente l'ensemble des acteurs de la finance française.

La mise en place d'une taxe Tobin serait "inappropriée" alors que la crise financière mondiale a démarré sur le marché américain, avec les dysfonctionnements du marché des +subprimes+ et les risques pris par les grandes banques d'investissement anglo-saxonnes, a-t-elle insisté.

Un texte probablement en février

"Ce n'est pas parce que les financiers disent 'non on ne veut pas être taxés' qu'on va les écouter", a immédiatement rétorqué Benoist Apparu, le secrétaire d'Etat au Logement, sur Radio J, assurant qu'un texte financier sera présenté en Conseil des ministres "probablement en février".

Selon Paris Europlace, cette taxe ne toucherait pas uniquement les transactions considérées comme spéculatives mais aussi les transactions réalisées par les investisseurs privés, les entreprises et les investisseurs institutionnels.

"Si cette taxe était appliquée seulement en France, elle entraînerait inéluctablement une délocalisation des activités concernées des banques, sociétés d'assurance et de gestion, au profit des grandes places financières mondiales, et réduirait en conséquence la maîtrise des conditions de financement de notre économie et le rôle de la place de Paris dans l'économie européenne et mondiale", conclut l'association.

Paris Europlace représente l'ensemble des acteurs de la place financière française: entreprises industrielles, y compris les PME, sociétés d'assurance, sociétés de gestion, banques et intermédiaires financiers.

Pensé en 1972 par l'économiste américain James Tobin, portée par les milieux altermondialistes et l'association Attac, la taxe contestée a fait un long chemin avant d'être reprise par le président Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et la Commission européenne.

Cependant jusqu'ici le président français avait toujours repoussé l'idée d'une mise en place uniquement dans l'Hexagone.

Vendredi, Nicolas Sarkozy a suscité l'agacement de ses partenaires européens en déclarant que la France n'attendrait pas qu'ils trouvent un consensus pour mettre en oeuvre la taxe en France.

Berlin a ainsi sèchement rappelé que sa position était "inchangée. "Le but est d'aboutir à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières dans l'Union européenne", a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert.

La Commission européenne a elle-même rappelé la nécessité d'une "approche cohérente" entre les pays européens en vue d'obtenir des "résultats efficaces" tandis que Mario Monti a jugé "nécessaire que les différents pays européens n'aillent pas en solitaire dans l'application" de cette taxe.

Dimanche, le Premier ministre britannique David Cameron est allé encore plus loin, réaffirmant son opposition à toute taxe... à moins qu'elle ne soit décidée au niveau mondial.

Ce débat intervient à moins de quatre mois des élections en France et au moment où la zone euro suscite de nouvelles inquiétudes. Les Bourses européennes ont toutes clôturé dans le rouge vendredi, à l'exception de Londres.

Nicolas Sarkozy, qui devrait être candidat à sa succession, doit rencontrer lundi à Berlin la chancelière allemande Angela Merkel, pour harmoniser leurs positions avant un sommet européen à la fin du mois.

(AFP)

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