L'économie reculera de 0,5% en 2012 puis de 0,3% en 2013, craignent les économistes d'Exane BNP Paribas. Plus pessimistes que la majorité des analystes, ils anticipent que la rigueur pénalisera grandement la croissance.
Pour la quasi-totalité des économistes, la France connaît une récessiondepuis la fin 2011. Selon eux, ce passage à vide ne sera que temporaire, jusqu'au milieu de l'année. Une voix discordante se fait toutefois entendre. L'équipe d'analystes de la société d'investissement Exane BNP Paribas ne prédit pas moins de deux ans de récession pour la France.
Selon les travaux de ces économistes, qui vont à l'encontre du consensus, l'activité reculera de 0,5% en 2012, puis de 0,3% en 2013. Certes, ces chiffres ne sont pas aussi catastrophiques qu'en 2009, lorsque l'économie française avait chuté de 2%. Mais ils sont nettement plus mauvais que ceux calculés par la majorité des économistes qui tablent sur une croissance atone de 0,1% en 2012 et une reprise poussive de 0,9% en 2013. Le gouvernement table pour sa part sur 1% de croissance en 2012 et sur 2% en 2013.
«Nous pensons que le consensus sous-estime la sévérité de l'austéritébudgétaire nécessaire», explique Pierre-Olivier Beffy, chef économiste chez Exane BNP Paribas. «Selon un scénario réaliste, le gouvernement français devra annoncer un nouveau plan de rigueur de 17 milliards d'euros après les élections pour remplir les objectifs de réduction du déficit. En 2013, l'effort devra s'élever à 47 milliards d'euros.»
Dans le même temps, les banques accordent moins de crédit, aggravant la situation. Seul chance pour la croissance d'être meilleure que prévue: l'épargne des ménages, reconnaît l'économiste. Elle culminait à un niveau record de 17% au second trimestre 2011. S'ils commencent à dépenser cette épargne pour consommer, alors cela pourrait relancer l'activité. Reste que les Français envisagent d'épargner encore davantage d'après les dernières enquêtes de l'Insee.
Pire en zone euro
Les prévisions pour l'ensemble de la zone euro sont encore pires que pour la France: récession de -0,8% en 2012 puis -0,3% en 2013. «L'adoption de la règle d'or devrait même mener à des efforts au-delà de 2013, nous devons donc nous attendre à une longue période de stagnation et de déflation (baisse des prix) par la dette en zone euro», explique Pierre-Olivier Beffy.
Jusqu'à présent, les tours de vis budgétaire ont peu entamé la croissance. Il s'est effectué sans trop d'efforts, grâce à au mouvement mécanique de la baisse des dépenses sociales et la hausse des recettes fiscales engendrés par la légère reprise économique. Les efforts à venir seront, eux, plus douloureux, selon Exane BNP Paribas: il va falloir dorénavant s'attaquer aux dépenses structurelles, celles qui pèsent beaucoup plus dans la croissance.
La plupart des autres économistes de banque estiment que la rigueur aura un impact moins important sur la croissance que ce que craint Exane BNP Paribas. Mais ils reconnaissent qu'elle représentera un poids grandissant. Gilles Moec, chez Deutsche Bank, estime par exemple que la zone euro se dirige vers une récession de 0,5% en 2012, avant de se reprendre en 2013 (+1%). Mais il s'inquiète: «Le resserrement budgétaire de plus en plus répandu pèse de plus en plus sur l'activité économique via la méfiance grandissante des marchés et la distribution de crédits par les banques.»
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