A l'image d'une météo déplorable, en ce début d'été, et qui ne sera pas, sans incidence, sur l'activité, la douche froide continue sur l'économie française.
Ceux qui se voulaient rassurants depuis un an et demi au motif que les chiffres des défaillances semblaient montrer des signes de repli se sont trompés, notamment par manque d'analyse plus fine des données relatives aux entreprises en difficultés. Elles justifiaient pourtant les alertes du Cerf à la même époque sur l'augmentation du chômage qui devait suivre. Et elle suivit. En toute logique.
Las, la tendance de progression des défaillances se poursuit pour certains secteurs au 2ème trimestre : le transport (+5,0%) et l'hébergement-restauration (+3,1%) selon le Cabinet Altares. D'autres, qui semblaient stabilisés, vivent une véritable déflagration : la promotion immobilière (+55,8%), les agences immobilières (+20,9%) ou encore le conseil en systèmes et logiciels informatiques (+20,9%). De son côté, Euler Hermes prévoit une hausse de 3,5% des défaillances d'entreprises dans le BTP, en France, en 2012, en raison de la baisse du pouvoir d'achat des ménages et de la disparition d'aides publiques au secteur du bâtiment. L'assureur crédit estime ainsi qu'environ 15.000 petites entreprises du secteur pourraient se retrouver cette année en redressement ou en liquidation judiciaire, soit près du quart des 63.500 défaillances d'entreprises attendues, en France.
Toujours selon Euler Hermes, ce chiffre global représente une hausse de +4% tous secteurs confondus pour ces mêmes raisons et du fait de la dégradation des indicateurs de croissance et de la faiblesse du commerce extérieur. De ce point de vue, l'entrée en récession de la zone Euro aura nécessairement des répercussions sur les entreprises de l'Hexagone qui se traduira par des effets ricochets se combinant avec des effets dominos entre pays et secteurs d'activité, mais aussi par taille. Les défaillances des TPE ont impacté les plus grandes qui les impactent en retour du fait de la dégradation de leur propre situation.
Selon la banque de France, "pour la première fois, depuis août 2010, les défaillances ne diminuent pas sur un an, pour les microentreprises (+ 0,1 % après – 0,2 % fin mars 2012) et surtout pour les PME de plus grande taille (+ 0,7 % après – 1,2 %). Les défaillances continuent de croître pour les ETI et grandes entreprises (9 unités légales supplémentaires sur un an)".
Le trompe l'œil de l'amélioration de la situation au 2ème trimestre vient du fort recul des défaillances des micro-entreprises sans salarié (-19%), Altarès y voyant des entreprises "qui semblent s'être habituées aux effets de la crise et se sont remises en ordre de marche", alors qu'il faut en fait y voir la gravité de l'impact précédemment subit par les entreprises de cette taille et l'écumage radical des unités les plus fragiles et exposées aux spécificités de la première phase de la crise.
Nous entrons depuis plusieurs mois dans une nouvelle phase où les problèmes de trésorerie viennent se conjuguer avec la faiblesse des carnets de commande, contribuant à assombrir les perspectives pour les entreprises qui avaient pu résister jusque-là. Pour nombre de petites entreprises, l’augmentation des défaillances des grandes PME, qui sont autant de clients et donneurs d’ordre, sonnent le glas quand elles sont trop dépendantes de ces locomotives. Celles qui ont de la trésorerie, des fonds propres ou encore des carnets commandes remplis s’en sortiront. Les autres…
Le nombre des emplois concernés pour le seul 2ème trimestre reste très élevé : 72.500 salariés devraient voir disparaître leur poste.
"C'est une hausse de 25,6% sur un an et le niveau le plus élevé enregistré en cinq ans", souligne Altares. Si l’on retient le nombre de 63.500 défaillances, c’est un plan social de plus de 317 000 pour l’année 2012 auquel il faut s’attendre, soit 170.000 de plus qu’avant la crise.
C’est là malheureusement que l’on mesure l’échec d’une Grande Conférence Sociale qui a réuni des acteurs venus parler de nombreux sujets, mais qui n’ont jamais fait de la lutte contre les défaillances la priorité absolue de leur action. Et si c’était le commencement ?
Hervé Lambel
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