Un article proposé par Robin F. par e-mail qui relate sa mésaventure, assez catastrophique, à faire circuler donc!!!
Bonjour, je voulais vous raconter une mésaventure qui m’est arrivée récemment à Paris. C’est super grave et il m’a paru nécessaire de vous la faire partager afin d’éviter que d’autres vivent le même cauchemar.
Tout a commencé par la lecture des 2 derniers livres de Pierre Jovanovic. Ses analyses me parurent d’une pertinence remarquable, et pas mal de mes certitudes sur l’ordre apparent du monde vacillèrent. Ce fut comme un réveil brutal : des choses que je n’avais jamais envisagées me sautaient à la figure, et je voyais le monde d’une autre façon. Je fis alors des recherches sur Internet et découvris moult sites ou blogs traitant de sujets analogues, et des aspects économiques ou géopolitiques et de l’évolution actuelle de notre monde. Finalement tout ceci m’amena à décider d’investir dans des pièces d’or.
SAUVER MES ECONOMIES
Alors comment acheter de l’or sans risquer de me faire avoir, car je n’y connaissais rien du tout. Comme j’avais trouvé plein d’articles parlant de fausses pièces et qui m’avaient plutôt inquiété, j’approfondis mes recherches, rassemblai de multiples documents et photos, appris les trucs pour tester les pièces, et achetai tout le matériel : livres, balance de précision, pierre de touche et réactifs, loupe, etc. Me sentant désormais prêt, je furetai sur les sites de vente en ligne et de petites annonces. Renonçant à la vente à distance trop risquée, je retenus quelques petites annonces me paraissant sérieuses. Finalement, je fis des achats à hauteur de mon budget auprès de 3 vendeurs. Toutes mes économies y étaient passées, et j’étais paré pour affronter l’effondrement financier inéluctable.
Quelques jours plus tard, au cours d’une conversation avec des amis sur ce sujet, je leur montrai mes pièces, tout fier. Mais une amie qui travaille dans une banque émit de forts doutes sur un des 3 lots. Cela représentait les 2/3 de mes économies et mon sang se glaça suite à sa remarque ! Et si je m’étais fait arnaquer malgré toutes mes précautions ? Elle me conseilla de faire expertiser mes pièces et me recommanda une officine spécialisée sur Paris.
L’EXPERTISE NECESSAIRE
Cette nuit-là, impossible de dormir ! Et si j’avais tout perdu ? Je repensais sans cesse l’achat du lot en question (des 20 francs or Napoléon tête laurée) dans un café proche de la Bourse, je revoyais la tête du vendeur qui m’avait paru fort sympathique : un gars avec l’accent du sud, vers la soixantaine et qui ressemblait à un acteur américain. Un type très avenant et à qui on aurait fait toute confiance.
Dès le lendemain, j’amenai mes 3 lots à l’officine. Mon inquiétude grandissait au fur à mesure que l’expert examinait les pièces, et quand à la fin il m’annonça que tout le lot suspect était bien faux, je me décomposais sur place. Pourtant, j’avais fait tous les tests ; je ne comprenais pas. Il me dit que c’étaient des contrefaçons de très bonne facture, et que n’importe quel débutant s’y serait laissé prendre. J’étais totalement effondré ! Anéanti !
Heureusement, les petits lots achetés aux 2 autres vendeurs étaient bons. Ouf, un tiers de mes économies était sauvé. Puis nous discutâmes un long moment et il m’expliqua plein de choses, que je vais vous résumer.
UNE CONJONCTURE QUI CREE L’AUBAINE
Depuis quelques années, la conjoncture de crise financière a engendré une certaine inquiétude chez le grand public, et la demande pour les investissements en métaux précieux a fortement augmenté. Parallèlement, le phénomène a été renforcé par la blogosphère où certains blogueurs hyperactifs ont attisé les braises sous le vent de la crise. Or, lorsque la demande explose, la clientèle s’élargit : il arrive donc sur le marché plein d’acheteurs potentiels qui n’y connaissent souvent rien. Et pour payer moins cher et éviter les taxes et les formalités, le marché parallèle est très attrayant. Pourtant, il est fort risqué de s’y aventurer sans expérience, car c’est une aubaine pour les faussaires qui profitent de ce juteux marché en expansion, face à tous ceux qui arrivent sans avoir les moyens de détecter les arnaques.
En fait, depuis toujours les pièces d’or ont attiré les faussaires, et quasiment toutes les pièces françaises ont été contrefaites. Il y eut des faux plus ou moins réussis selon les époques, mais aujourd’hui les techniques modernes sont très performantes et permettent de produire des contrefaçons d’une excellente facture. Et alors qu’il y a peu de chance d’en retrouver chez les revendeurs officiels, elles sont très fréquentes sur le marché parallèle.
LES CONTREFAÇONS ET LES REMEDES
On trouve 4 types principaux de contrefaçons, et les plus souvent détectées ces dernières années appartiennent aux 2 dernières catégories :
1. Pièces en métal quelconque plaqué or. Faux souvent anciens, faciles à identifier au poids.
2. Pièces en or au bon titre, mais qui ne sont pas d’origine. La gravure ou la frappe sont imparfaites ou ont des erreurs. Faux souvent anciens, au bon poids, mais faciles à identifier à l’observation.
3. Pièces en or avec un titre inférieur. Faux anciens et modernes, au bon poids, mais relativement faciles à détecter à l’observation et la touche.
4. Pièces fourrées au tungstène, comme pour les lingots. Faux modernes, au bon poids et bon titre : les plus difficiles à détecter.
Pour mémoire, les titres officiels de l’or sont : 24 carats = 999/1000 d’or pur … 22 carats = 917/1000 … 20 carats = 833/1000 … 18 carats = 750/1000. Il existe le titre 800/1000 (19,2 carats) au Portugal, et 900/1000 correspond à 21,6 carats.
* Pour la 3ème catégorie, prenons les pièces françaises à 900/1000. Tester la pièce avec un acide 20-24 k tout fait et une seule trace sur la pierre de touche, ne permet pas forcément de détecter les faux. Comme cet acide est calibré pour 833, une pièce de ce titre passera le test avec succès, mais elle contiendra en réalité moins d’or que la 900.
Pour contourner ce problème, il faut toujours faire une touche comparative : on réalise de 2 traces sur la pierre, une avec la pièce à tester, l’autre avec un touchau au titre choisi (900/1000, soit 22 k). Si le titre de la pièce testée est inférieur, l’acide dissoudra plus cette trace et la couleur disparaitra un peu plus que sur celle de référence.
Un test complémentaire très utile est celui de la sonorité. Une pièce d’or authentique a un timbre spécifique, et le son d’une avec moins d’or (et plus de cuivre, tungstène, etc.) sera différent. Ainsi, en faisant sonner les pièces, on peut arriver par comparaison à détecter les contrefaçons. Cela demande néanmoins une grande habitude.
* Ensuite, celles de la 4ème catégorie sont techniquement très élaborées et si bien faites que les tests classiques ne sont pas suffisants. En effet, le titre est souvent bon, et comme le tungstène a la même densité que l’or, le poids est respecté.
Il y a quelques décennies, ce type de fraude ne concernait que les lingots. Puis, la technique s’est perfectionnée et apparut sur les grosses pièces de 20 à 24 carats comme les 100 FF. Mais aujourd’hui même les petites pièces comme les 20 FF sont concernées. Pour les lingots, un bloc de tungstène est enrobé de quelques mm d’or au bon titre : ces faux contiennent au final moins de 10 % d’or. Et dans les petits fourrés avec des barres de tungstène, la quantité d’or de dépasse pas 40 %. Pour les pièces, une fine pastille de tungstène de quelques dixièmes de mm d’épaisseur est insérée entre 2 couches d’or au bon titre : elles contiennent souvent moins de 50 % d’or. Un vrai jackpot pour les trafiquants !
Ici aussi, le test de la sonorité peut attirer l’attention, mais un seul test permet vraiment de détecter les faux : la résistivité électrique au moyen d’un micro-ohmmètre de précision. Cela fonctionne avec les lingots et les pièces de 20 à 24 K : comme chaque métal a une résistivité spécifique, on utilise des abaques selon les différents mélanges métalliques utilisés en fonderie. Et ce test est imparable. Ouf.
L’ARNAQUE
Pour revenir aux pièces qu’on m’a refilées (voir la photo), ces Napoléons tête laurée sont des contrefaçons récentes : elles ont l’apparence de pièces neuves avec un aspect très brillant, ont un son aigu, sont très rouges, et le poids est bon. Mais si on en observe plusieurs côte à côte à la loupe, on remarque que des traces d’usure et des marques se retrouvent à l’identique sur toutes les pièces : la pommette, l’arcade, la moustache, le bord des feuilles, les nœuds de la draperie, le haut des sceptres et la couronne. A l’évidence, la copie a été faite à partir d’une pièce usagée. Enfin, elles ont un titre inférieur, mais je ne sais pas si elles ont une pastille de tungstène, car il n’a pas fait le test.
Il faut savoir que le temps qui passe mate tout métal, et la pièce perd naturellement son brillant d’origine. En fait il n’existe que de rares exemplaires de ces pièces frappées il y a plusieurs décennies qui ont conservé un aspect d’origine exempt d’usure. Elles valent une fortune et ne se retrouvent pas sur le marché. Donc, que des pièces aussi anciennes soit si brillantes et que les traces d’usure soient identiques d’une pièce à l’autre, ça suffit pour immédiatement les identifier comme des contrefaçons. Selon ses dires, tous les modèles de pièces françaises en or de 20 à 100 FF ont été copiés dans cette fabrication moderne. On retrouve ainsi des Louis, Napoléons, Cérès, Génies, Mariannes, etc.
A l’officine, en ce moment, la demande est très forte : les pièces d’or se vendent comme des petits pains. Il leur est difficile de tenir du stock, et il y a souvent des délais pour s’approvisionner. Il faut donc se méfier des revendeurs qui peuvent facilement fournir, ce qui pose tout de suite question sur la provenance des pièces.
Il semblerait que des réseaux soient structurés entre Paris et quelques grandes villes de province : les revendeurs écouleraient aussi bien des recels de cambriolages que des contrefaçons modernes provenant probablement de Chine. Ils s’appuieraient sur des sites Internet d’enchères et de petites annonces, et certains blogs serviraient de relais pour trouver le client. Puis la technique est connue : on rassure le chaland avec un 1er lot de pièces authentiques, puis une fois que la confiance s’est installée et que l’acheteur demande des quantités plus importantes, on fourgue les contrefaçons. Et si on n’est pas connaisseur ou si la méfiance se relâche, on peut facilement se faire avoir, que ça soit au 1er achat ou aux suivants.
LA FIN DE L’HISTOIRE
Dès que je suis sorti de l’officine, j’ai été faire ce qu’il fallait. J’espère que la Justice passera et que je pourrai récupérer mon argent un jour. Moi qui pensais m’être correctement informé avant d’acheter, je me suis bien fait avoir. D’ailleurs je ne m’en suis pas encore totalement remis. En tout cas, ça m’a servi de leçon, et la prochaine fois je n’achèterai que dans mon officine, même si c’est légèrement plus cher, surtout si ça m’évite de me faire arnaquer.
Pour conclure, je ne saurais trop recommander à cex qui ont acheté des pièces sur le marché parallèle ces derniers mois, de les faire examiner par un spécialiste. Et si par malheur vous vous êtes fait arnaquer, n’hésitez à pas à faire ce qu’il faut. Ça sera utile pour gêner le trafic et, espérons-le, empêcher les escrocs de nuire.
Robin F.
PS : N’hésitez pas à reproduire et diffuser mon article pour que le message passe rapidement.
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