vendredi 28 septembre 2012

Le grand mensonge du chômage en France



C’est un secret de polichinelle dont aucun Français n’ignore l’existence, mais en France, les statistiques du gouvernement qui sont données et annoncées à propos du chômage et de bien d’autres choses, comme par exemple le nombre de tués dans les accidents de la route, sont des chiffres faux et tronqués. Ils ne servent qu’à tenter d’une manière assez ridicule de rassurer les Français pour ménager leur moral, pour ménager les résultats futurs de la prochaine échéance électorale.

L’institution de Pôle Emploi est censée s’occuper de trouver du travail, de former les demandeurs d’emploi et en règle générale d’aiguiller les Français dans leurs recherches, ainsi que de leur donner des outils concrets pour réussir dans la recherche d’un emploi. Comme d’autre, je me suis retrouvé face à elle à quelques reprises dans ma vie, et il faut le reconnaître sans fard, il s’agit de l’institution la plus incompétente que la France ait jamais possédé… Une usine à faire en sorte que vous sortiez au plus vite de son système, car vous n’êtes qu’un simple élément d’une gigantesque machine à calculer. Et cette machine n’a absolument pas l’objectif de trouver un travail aux demandeurs, à peine de les aider, mais de les éjecter manu militari de sa banque de données dans les délais les plus courts.

Pour se faire, les moyens à disposition de Pôle Emploi se sont affinés depuis les gaspillages éhontés des années 80 et 90. La simple inscription dans une de ces agences, laisse déjà un arrière-goût de « je ne sais quoi ». Vous êtes expédiés, réduits à un numéro qui vous sera distribué lui aussi par une machine, un peu comme au rayon fromage ou charcuterie d’un hypermarché à la seule différence que la viande… c’est vous. Ce que j’écris est brutal, mais je ne connais pas dans mes relations et amis de France de personnes ayant trouvé un travail par Pôle Emploi, excepté peut-être ceux qui furent embauchés par ladite institution… la caricature très malheureusement est tout à fait proche de la réalité. Tellement proche, qu’aujourd’hui pas un Français ne se targuerait de se reposer sur Pôle Emploi pour trouver le moindre travail.

Et tous les moyens sont bons de l’aveu même des employés qui travaillent dans son sein : multiplication des courriers inutiles, convocations futiles afin de trouver un prétexte de radiation en cas de non présentation, appels téléphoniques couplés de menaces par lettres d’être radié pour ne s’être pas présenté à l’un des fameux et complètement inutiles « stages de formation » qui pullulent, sur des thèmes divers, de comment trouver un emploi, à comment utiliser un ordinateur, comment se comporter lors d’un entretien, en oubliant qu’en la matière, une seule chose compte : la motivation. Car la multiplication des minimas sociaux, la désespérance face à des travaux pénibles ou inintéressants proposés par les agences intérimaires, au risque de perdre lesdits avantages n’incitent pas nombre de personnes à se dépêcher d’être exploités par ce système.

Et en haut de la pyramide les politiques veulent des résultats, et vite. Ils sont en effet confrontés à des problèmes insolubles dans lesquels tous les gouvernements depuis François Mitterrand se sont enlisés jusqu’au cou. Selon le journal L’Echo c’est en 1993 que fut observé le plus grand nombre de chômeurs, plus de 3,2 millions à une époque où la progéniture de la génération du « baby-boom » d’après-guerre arrivait massivement sur le marché du travail. Après un autre pic en 1999, le gouvernement nous annonce à nouveau le passage au-delà des 3 millions de chômeurs… en omettant sciemment de dire, que les chômeurs concernés ne sont que ceux de la 1ère catégorie, en recherche d’emploi d’un CDI, (contrat à durée indéterminée), et que les fonctionnaires zélés sont chargés d’épurer les listes autant que possible. Le mot a été souvent évoqué : quotas… Au détour de quelques témoignages d’employés révélant les pressions exercés pour présenter d’autres chiffres.

Il en va de même je l’ai dit dans la comptabilisation des morts sur les routes de France, les blessés décédant après l’accident n’étant par exemple pas pris en compte dans les statistiques. C’est le cas aussi à Pôle Emploi, le macabre décompte n’étant pas moins consternant. Pour faire face à ce problème d’une embolie constante, les gouvernements ont pris des décisions étrangement similaires, Mitterrand et Aubry ont inventé des contrats spéciaux, d’abord les tristement célèbres TUC, suivis des CES et des emplois jeunes de madame Aubry. Ces mesures culminèrent avec celle des 35 heures dont les résultats immédiats peuvent être discutés, mais à long terme se révèlent une catastrophe, car entre temps sont arrivés à la retraite, et continuent d’affluer, les générations très populeuses du « baby-boom », ayant réussi parfois à se sortir du guêpier. Ces départs à la retraite furent présentés comme salutaires pour les générations à venir, pouvant prendre leurs places, mais le phénomène inverse a été remarqué dans presque tous les secteurs, notamment le secteur public.

Des centaines de milliers d’emplois ont été supprimés et non remplacés, tandis que la France peinait à imaginer, à créer de nouveaux postes dans un espace où les taxations vertigineuses de l’Etat condamne de fait l’esprit d’initiative et d’entreprise. La richesse a été montrée du doigt… mais ce sont les classes moyennes qui ont été littéralement rackettées. Des secteurs, dont le secteur agricole et viticole ou celui de l’industrie ont énormément souffert du pillage organisé des bénéfices. La France s’est trouvée en parallèle une terre peu accueillante pour l’installation de structures novatrices, alors que dans le même temps les médias observaient un grand nombre de dérives capitalistes dans le sillage de ce qui a été appelé les « patrons voyous ». Les richesses en effet furent loin d’être correctement redistribuées, dans un univers de requins ou l’Etat s’est fait souvent l’auxiliaire des désolations nationales, des démantèlements, en participant activement et de son propre chef à toutes sortes d’excès. La longue liste des corruptions nationales est sans fin…

Alors que les séniors sont arrivés à la retraite, ils furent aussi les cibles privilégiés des cures d’amaigrissements des déroutes financières des entreprises privées ou même publiques. Le chiffre de plus d’un million d’entre eux grossissant les rangs des laisser pour compte est annoncé par l’Etat. Or les Français n’ont pas attendu l’Etat nourricier pour assurer leur avenir, c’est ainsi que beaucoup de chômeurs survivent en accomplissant de multiples petits emplois, intérimaires pour la plupart, et nous ne parlons pas du travail au noir. L’ajout de ces demandeurs officiels, porte le nombre de chômeurs à 4 494 600 demandeurs d’emplois d’après les propres chiffres du gouvernement. La France n’aurait donc pas un taux de chômage de 10 % de sa population active, mais de plus de 16 %, une moyenne nationale qui promet des inégalités criantes sur le territoire.

Les placebos du passé seront inutiles, d’autant que s’ajoutent à ce chiffre record une grande quantité de personnes qui ne demandent pas d’emplois, parce qu’ils vivotent justement des minimas sociaux, parce qu’ils sont à la charge de parents, parce qu’ils se trouvent en situation irrégulières, parce qu’ils travaillent en intermittence, par exemple dans le milieu du spectacle ou encore comme saisonniers agricoles, tâches qui souvent les font survivre mais les écartent injustement du droit à recevoir un vrai emploi, ou les moyens d’y accéder. Combien sont-ils encore ? Plusieurs millions de plus ? Lorsque la France aura un gouvernement qui cesse de se cacher et qui affrontera les problèmes de société de face, lorsque la France aura des politiques décidés à se mettre au travail, alors les Français retrouveront peut-être aussi l’envie d’y retourner ?

Laurent Brayard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire