vendredi 9 mars 2012

On ment sur les Grecs aujourd'hui, on mentira sur vous demain...


Les médias nous mentent sur les Grecs. Comment ? En recopiant sans aucune analyse critique ce cliché de Merkel et Sarkozy : « Les Grecs ont vécu au-dessus de leurs moyens ». Double manip : 1. « Les » Grecs, ça n'existe pas. 2. Les donneurs de leçons sont en réalité les coupables. 

Manip n° 1. Parler des Grecs en général comme si c'était une seule catégorie, une seule classe. En cachant les faits suivants : 1. Les armateurs grecs, multimilliardaires contrôlant 16% de la flotte mondiale, ne paient jamais aucun impôt et l'U.E. n'y touche pas. 2. L'Eglise orthodoxe, principale propriétaire de terres et de richesses touristiques du pays, a également échappé aux impôts. L'U.E. n'en dit rien. 3. Selon le commissaire UE Bolkestein, « une grande partie de la population grecque est paresseuse ». De même, selon Merkel, les Grecs prendraient trop de vacances et partiraient trop tôt à la pension (déclaré à Meschede, le 17 mai 2011). Ouh, la menteuse ! Les Grecs ont sept jours de vacances de moins que les Allemands. Et ils arrêtent de travailler en moyenne à 61,9 ans, soit un mois plus tard qu'en Allemagne. Conclusion : « Les Grecs » se divisent en deux. Les Grecs comme vous et moi. L'UE veut leur imposer des salaires de 650 - 800 euros par mois, des pensions de 450 € et des hausses de taxes. Tout profit pour l'autre sorte de Grecs, les 1%, qui gagneront encore plus de milliards, et les planqueront à Londres, à Berlin ou dans les paradis fiscaux. 

Manip n° 2. Merkel et Sarko se présentent en généreux humanitaires soucieux de sauver les Grecs. C'est le coup du pompier pyromane. Qui a, en été 2009, au plus fort de la crise, forcé le gouvernement grec à débourser 2,5 milliards € pour six frégates françaises ? Sarkozy. Qui leur a fourgué six sous-marins pour 5 milliards € ? Merkel. Ajoutez 400 millions pour quinze hélicoptères de combat du franco-allemand EADS, et vous arrivez à 7,9 milliards € gaspillés ! Alors que la Grèce occupe déjà la cinquième place au palmarès mondial des plus grands acheteurs d'armes conventionnelles. Merci l'Otan ! 

On parle de la « corruption grecque ». Fort bien. Que va faire l'UE contre Siemens qui a distribué des pots-de-vin à tour de bras pour acquérir une position de monopole aux Jeux olympiques d'Athènes de 2004 ? 

Autre silence complice. Qui a truqué les comptes de la Grèce pendant dix ans afin qu'elle puisse entrer dans l'euro ? Les banquiers de Goldman Sachs. Qui vient-on de placer à la tête de la Banque Centrale Européenne ? Mario Draghi, vice-président de Goldman Sachs durant ces manipulations comptables ! 

Comme dans tout grand conflit, la question clé est : à qui profite le crime ? Le « plan de sauvetage » de la Grèce vise en réalité des objectifs cachés 1. Les Grecs d'en bas se serreront la ceinture pour rembourser aux banques franco-allemandes une dette qui n'a profité qu'aux Grecs d'en haut. 2. On va privatiser au maximum pour obliger la Grèce à céder les morceaux intéressants de son économie : eau, gaz, télécoms, port, aéroports, Loterie nationale, armements... 3. Nous contribuables européens, allons payer « un plan de sauvetage » afin que les banquiers ne perdent pas un sou sur leurs prêts frauduleux et malhonnêtes. 

En quoi ça vous concerne ? C'est très simple. Si on réussit (mais il y a là-bas une fameuse résistance), si on réussit à faire travailler les Grecs pour des cacahuètes, on viendra vous dire : « Tu veux garder un boulot, ? Il va falloir être compétitif face aux Grecs ! » Pigé ? 

Voilà ce que j'ai appris - et d'autres choses encore - en découvrant cette semaine l'excellent « Comment osent-ils ? », de Peter Mertens. Sous-titre : La crise, l'euro et le grand hold-up. Ce livre est depuis plusieurs semaines numéro un des ventes en Flandre, et voici que sort la traduction française. Investig'Action publie en exclusivité le chapitre Grèce d'où j'ai tiré ces infos surprenantes. Les autres chapitres analysent le pseudo « miracle allemand », le programme de Sarkozy, le retour du nationalisme, les problèmes de la Belgique et la nécessité de développer les débats de société. Un livre passionnant, que je trouve indispensable pour quiconque va subir la crise... L'économie, ça n'est pas compliqué en fait, et c'est trop important pour la laisser aux mains des soi-disant « spécialistes » qui ont fait faillite.

Michel Collon

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