lundi 26 mars 2012

Le gouvernement conservateur britannique va supprimer 900 000 emplois publics en 5 ans tout en baissant les impôts des grandes entreprises et des plus riches



La semaine dernière, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures iniques, en particulier la baisse de la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu de 50 à 45%, et la baisse de l'impôt sur les sociétés de 26 à 24% d'abord, puis à 22% en 2015. L'austérité pour les salariés, le jackpot pour le capital !

1 million d'emplois publics en moins d'ici 2015, 1 million de chômeurs en plus depuis 2008

Le chômage, officiellement à 8,4%, est au plus haut depuis 1995. Le pays compte 1 million de chômeurs en plus depuis le début de la crise, en 2008.

La « hache » des conservateurs et des libéraux-démocrates pour découper dans les dépenses publiques n'a pas fini son travail. Selon l'Institut d'analyse économique CIPD, les réductions budgétaires du gouvernement prévoient 880 000 suppressions d'emplois en cinq ans, dont 700 000 d'ici 2015.

Le plan d'austérité dévoilé en 2010 par le premier ministre David Cameron prévoyait une baisse de 25% en moyenne du budget des diverses administrations publiques, le gel des salaires des fonctionnaires britanniques ainsi que l'ouverture au capital privé de la Poste (Royal Mail), du TGV britannique et la fin de la privatisation de la santé.

Le gouvernement avait annoncé d'abord la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires d'ici 2015, il en a déjà supprimé 380 000 en deux ans selon le syndicat de la fonction publique GMB. Et il met désormais le cap sur le million (1,2 million sur la période 2010-2017) si on suit les chiffres du CIPD.

Selon le syndicaliste du GMB Paul Kenny « ces chiffres en disent long sur les raisons de la hausse du chômage en Grande-Bretagne depuis la dernière élection. Le gouvernement a mis les gens dehors et le privé n'a pas compensé le carnage ».

Car le discours officiel du gouvernement qui prétend supprimer 1 million d'emplois publics pour les remplacer par autant de privés ne tient pas la route.
 
Mais les chiffres masquent un sous-emploi généralisé puisque 26,2% des salariés britanniques travaillent à temps partiel. Ils occultent également la situation désastreuse de l'emploi chez les jeunes, avec un taux de chômage de 22,5% chez les 18-25 ans. Un chômeur sur trois en Grande-Bretagne a moins de 25 ans.

Les travaillistes approuvent la politique d'austérité, les syndicats (TUC) ne s'opposent pas

Face à cette attaque sans précédent contre le monde du travail, l'opposition travailliste a le mérite de s'opposer avec une grande discrétion. En réalité, elle approuve même le « coup de hache ». Héritiers du « New Labour » de Tony Blair, qui avait continué la politique de casse sociale de Thatcher, les travaillistes acquiescent.
En janvier dernier, le leader du Labour, Ed Miliband, avait défendu les coupes dans le secteur public et appelé les récalcitrants à se montrer « réaliste » quand il s'agit de prendre des « décisions difficiles ». Il avait déclenché la colère des syndicats de la fonction publique, sentis trahis par celui qui est censé représenter l'aile-gauche du Parti travailliste.

Il ne faut pas oublier qu'en 2010, le candidat Gordon Brown ne promettait face à Cameron qu'une « alter-austérité » : 20% de baisse des budgets au lieu de 25%, 450 000 fonctionnaires en moins au lieu de 750 000, 45 milliards d'économies au lieu des 70 prévus par les conservateurs.

Du côté du mouvement syndical, les syndicats de fonctionnaires PCS et GMB ont exprimé leur opposition nette. Toutefois, le secrétaire du Trade Union Congress-TUC, la fédération unitaire des syndicats britanniques, s'est révélé plus collaboratif avec le gouvernement.

Brendan Barber a lancé un appel au ministre des Finances George Osborne pour corriger l'austérité : « Au lieu d'insister dans des coupes auto-destructrices, le ministre des Finances devrait faire ce qui est bon pour l'économie, créer des emplois et pousser les entreprises à investir plus ».

« Il faut des nouvelles mesures audacieuses, comme des crédits pour l'emploi des jeunes et la sécurité de l'emploi aideront les jeunes à trouver un emploi. Il faut un système fiscal qui récompense l'investissement, plutôt que de gaver la City, qui aide à créer de la croissance et des emplois dans l'économie réelle ».

Un discours réformiste assumé, mais pas de mobilisation envisagée et encore moins de grèves de la part du TUC. Pourtant, les conditions existent au Royaume-Uni pour une mobilisation de grande ampleur.

En mars 2011, 800 000 travailleurs étaient descendus dans les rues de Londres pour protester contre la réforme des retraites du gouvernement, et les coupes dans le public. La TUC n'avait alors donné aucune perspective au mouvement, laissant le gouvernement et le patronat reprendre la main.

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