Douze mois après son arrivée à Bercy, Pierre Moscovici a alourdi la facture fiscale des ménages de 20 milliards d’euros en plongeant l’économie française dans la récession ainsi que l’Insee l’a confirmé ce mercredi 15 mai.
Même si son fils est embringué dans une vilaine affaire, Laurent Fabius est un des rares poids lourds de l’équipe gouvernementale sur lesquels François Hollande peut s’appuyer. Il a profité d’un passage sur RTL pour spécifier que Bercy a « besoin d’un patron » et qu’il le fournira, si d’aventure, il était appelé à Matignon.
Ces déclarations font suite aux commentaires de Ségolène Royal sur les tiraillements récurrents à Bercy.
Sept ministres s’y bousculent : Pierre Moscovici, ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg chargé du Redressement productif, Bernard Cazeneuve au Budget, Nicole Bricq ministre du Commerce extérieur, Fleur Pellerin à l’Economie numérique, Sylvia Pinel (Artisanat, Commerce et Tourisme) et Benoît Hamon (Economie sociale et solidaire, Consommation).
Dans un tel sérail, les confrontations d’égo sont inévitables.
Moscovici sur un siège éjectable
L’idée que Pierre Moscovici soit assis sur un siège éjectable n’est plus un tabou. Y compris pour l’intéressé. Certains de ses collaborateurs estiment que son cuir n’est pas assez épais pour résister aux salves qui le frappent depuis des semaines.
Surnommé « dormeur » par certains négociateurs européens qui l’auraient vu piquer du nez lors d’une discussion marathon sur Chypre, il a été désigné « salopard » officiel du gouvernement par le secrétaire national du Front de gauche.
Puis mis en cause par Jean-Luc Mélenchon avant d’être malaxé par les conséquences de l’affaire Cahuzac qu’il fréquentait aussi en maçonnerie. On le dit aujourd’hui fatigué.
Avec Pierre Moscovici c’est tout le bilan économique d’une année de politique économique qui vacille. Et quel bilan !
La France officiellement en récession
Lors de sa première conférence de presse à Bercy, voici un an, l’ancien directeur de campagne du chef de l’Etat cognait fort sur le gouvernement Fillon en épinglant son bilan en matière d’emploi, d’alourdissement du déficit public et de perte de crédibilité européenne.
Un an plus tard, le nouveau locataire de Bercy, n’a amélioré aucun de ces paramètres. Sans doute en raison d’une crise dont il n’était plus possible de sous-estimer les effets. Mais aussi, parce qu’avec 30 milliards d’euros d’impôts en plus, dont 20 milliards à la charge des ménages, le gouvernement a sabré la reprise.
La France est entrée en récession « officielle » le mercredi 15 mai avec un recul de 0,2% du produit intérieur brut au premier trimestre 2013.
Ce tassement suit la contraction d’ampleur équivalente du dernier trimestre 2012. Ecorné par la fiscalité et la crise, le pouvoir d’achat des ménages a fléchi de 0,9% en 2012 et la hausse de la TVA provoquera de nouveaux dégâts en 2014 !
- Chômage : les incantations sur l’inflexion de la courbe du chômage se multiplient pendant qu’il continue à monter. Il atteint désormais 10,6 % de la population active et devrait culminer 10,9 % en 2014, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, publiées en mai.
Pendant ce temps les plans sociaux se multiplient. Quelques dossiers défendus ont été saisis au vol par Arnaud Montebourg. Florange, Mittal, Dailymotion, les empoignades ont défrayé la chronique.
Pour parer aux coups, Pierre Moscovici affirme que son bilan économique s’améliorera avec le temps grâce aux effets du pacte national pour la croissance, et du crédit d’impôt pour la compétitivité.
Il promet aussi une amélioration liée aux interventions de la Banque Publique d’Investissement.
En attendant, les salariés français vont pouvoir débloquer les fonds acquis au titre de la participation et de l’intéressement dès juillet 2013. On pouvait rêver mieux en matière de hausse du pouvoir d’achat !
- Déficit : Tous comptes faits, le déficit de la France devrait se situer à 3,9% en 2013. Il est à des lieux de l’objectif de 3% du PIB qui devait normalement justifier les 20 milliards d’impôts supplémentaires imposés aux ménages.
Toute cette saignée fiscale n’aura finalement servi qu’à tuer le pouvoir d’achat des classes moyennes.
Le choc a été tel que près d’un Français sur deux estime légitime de frauder le fisc pour préserver sa famille ou son entreprise. selon un sondage publié par Economiematin.fr.
« L’austérité, c’est fini, le sérieux continue » a assuré Pierre Moscovici en apprenant que la Commission européenne accordait 2 ans de plus à la France pour ramener son déficit dans les clous.
Ces 2 ans ont été gagnés moyennant des promesses d’économies. La réforme des retraites va être menée au pas de course pour rassurer Bruxelles. Et il faudra bientôt boucler un budget 2014 bâtit sur une hypothèse de croissance de + 0,8%, hors de portée selon l’avis d’une majorité d’économistes.
- Europe : En installant son équipe, Pierre Moscovici affirmait qu’il allait creuser le sillon européen. En fait de sillon, Pierre Moscovici a creusé une tranchée entre Paris et Berlin.
La guéguerre atteint un tel acmé que la presse italienne a estimé que la rencontre du 3 mai 2013 entre François Hollande et Enrico Letta, nouveau président du Conseil, n’avait d’autre but que de comploter contre l’Allemagne !
La pression est assez forte que Berlin ait été forcé de calmer le jeu. La « relation franco-allemande est essentielle pour nous » a rappelé Angela Merkel en début de semaine.
Creuser le sillon européen ? Dans sa dernière étude, le PewResearch Center estime qu’aucun pays n’est aussi démotivé et désillusionné que la France quant à la construction européenne.
Près de 8 Français sur 10 interrogés (77%) affirment même que l’intégration économique européenne a détérioré la conjoncture. Aujourd’hui les Français tournent le dos à l’Allemagne pour s’identifier à l’Italie, Espagne, et Grèce, des pays faillis !
D’un côté, on trouve l’Europe du Nord (Allemagne, Finlande, Hollande…) et de l’autre, une Europe du Sud préférant la fuite en avant à la nécessité de se réformer.
L’Europe est-elle en train de devenir un vaisseau sans capitaine ? La moitié des Britanniques se prononceraient pour une sortie de l’Union européenne si un référendum sur ce sujet était organisé dès maintenant, selon un sondage publié lundi par le Financial Times en février dernier.
Les Français sont aussi de cet avis. Encourageant, non ?
DL
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