dimanche 20 mai 2012

Marinaleda, village autogestionnaire, une utopie anticapitaliste



Les journalistes et les politiciens nous répètent sans cesse qu’il n’existe pas d’autre modèle que le capitalisme, pas d’autres perspectives que le libéralisme et la loi du marché, qu’il n’y a aucune alternative.
Et pourtant, en Espagne, il y a une petite ville anticapitaliste qui résiste à l’idéologie dominante, cette ville c’est Marinaleda ! Dans la campagne Andalouse des environs de Séville, ses 2700 habitants appliquent le droit au logement, au travail, à la santé et à l’éducation.
Cette aventure particulière commence en 1979 par une victoire aux élections du Collectif Unitaire Des Travailleurs. Après de nombreuses luttes, les habitants parviennent à exproprier une partie des terres agricoles en friche, afin de disposer de leurs outils de travail. Ils construisent ensuite une usine de conserve de légumes sous forme de coopérative qui ne redistribue pas les bénéfices ; ils servent à créer de l’emploi et à améliorer la vie des habitants. Dans le même temps, la ville se dote d’une chaine de télé et de radio locale pour lutter contre la propagande médiatique des groupes de pression économique qui déforment l’information.
C’est la cupidité qui a plongé le monde dans la crise, c’est le carriérisme et la professionnalisation des élus qui a éloigné les citoyens de la politique et les politiques des citoyens. A Marinaleda, le maire et ses adjoints ne touchent aucune rémunération, et s’engagent par contrat à être les derniers à percevoir un quelconque bénéfice ou avantage d’une décision prise par le conseil municipal auquel tout le monde peut assister. De toute façon, ce ne sont que des porte-paroles de la volonté générale : car, ici, tous les élus sont révocables par simple vote des habitants. Toutes les questions importantes sont soumises à la concertation et au vote populaire.
Ce modèle est transposable dans d’autres villes sans aucune restriction. Il ne s’agit que de volonté collective, de conscience citoyenne et de volonté commune. Il faut sortir de l’individualisme et du chacun pour soi. A Marinaleda le salaire des travailleurs, quel que soit le poste qu’ils occupent, est de 47 euros par jour soit 1128 euros par mois ! Mais le loyer des maisons est de 15 euros par mois, la crèche de 12 euros par mois, cantine comprise, et l’abonnement à la piscine de 3 euros à l’année ! Il n’y a pas besoin de policiers, car tout est construit par et pour les gens du village et il n’y a aucune raison de dégrader ce qui a été construit par tous avec des budgets approuvés par l’ensemble des citoyens.
C’est beau, mais certains ne l’acceptent pas. Oser construire un modèle alternatif indépendant du modèle mis en place et contrôlé par nos élites aux ordres du capital n’est pas du gout de tout le monde. Le maire a été victime de deux attentats de l’extrême droite, il a aussi été en prison et a subi des menaces et des intimidations. Le combat a duré des années et la population n’a pas hésiter à faire une grève de la faim.
Marinaleda fonctionne en démocratie directe et participative dont on nous parle mais que personne n’est pressée d’appliquer. Tous les aspects de la vie sociale, politique et économique de la commune y sont discutés et mis en œuvre collectivement par les citoyens.
Juan Manuel Sánchez Gordillo, maire de Marinaleda, est un militant de la gauche anticapitaliste. Depuis plus de 30 ans, il est régulièrement réélu mais n’est avant tout que le porte-parole de la volonté générale d’un village dont le fonctionnement est pensé comme une globalité.


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