jeudi 13 novembre 2014

CEUX QUI REVENT ENCORE D'AFFRONTEMENTS, DE VENGEANCE, ET DE GRAND REGLEMENT DE COMPTE HISTORIQUE, SE TROMPENT TOUT SIMPLEMENT D'EPOQUE...


Bien sûr qu'il existe pour de nombreux peuples, des revanches à prendre sur une histoire qui les a malmenés. Mais, au-delà des guerres de libération, telle que celle pour la libération de la Palestine où il est manifeste qu'il est nécessaire de tordre physiquement le bras de la malfaisance, cette revanche des peuples opprimés ne passera certainement pas par des affrontements guerriers, mais par une gestion intelligente des situations et des opportunités, puisqu'il en existe...

Ainsi en est-il des Chinois qui, ne manquant pourtant pas de griefs contre l'occident, n'ont pas envisagé un seul instant de l'affronter, mais de le concurrencer. Ceci, en faisant main basse sur son savoir par une intelligente coopération avec lui, et en attirant ses industriels en quête de délocalisation, afin qu'ils participent à la puissance de la Chine renaissante...

Les résultats sont là...!

Telle semble être la démarche des pays les plus dynamiques et les mieux dirigés, se servir malgré lui de l'occident, dont la dynamique économique le conduit mécaniquement à exporter vers des nations à bas salaires, ses unités de production, pour pouvoir faire face à une concurrence internationale féroce...

Dans une telle situation, les peuples responsables d'eux-mêmes oublient vite les rancœurs dues aux douleurs du passé, pour saisir les opportunités qui s'offrent à eux de coopérer fructueusement, même avec leurs ennemis du passé...

C'est d'ailleurs sur ce principe, et particulièrement celui de la réconciliation entre les ennemis héréditaires d'hier, les Français et les Allemands, que s'est bâtie la puissante Union Européenne qui, même si elle est actuellement sur le déclin, constitue encore le rêve de nombreux hommes d'autres contrées...

Ainsi, après le roi du Maroc qui a mis tout son poids pour obtenir l'installation d'une usine phare de la société des automobiles Renault, qui produira à terme 400 000 voitures par an, destinées pour l'essentiel à l'exportation, y compris curieusement vers la France, ce sont les dirigeants algériens qui viennent d'inaugurer en grande pompes l'installation d'une usine Renault à Oran, pour un marché intérieur détenu à 40% par cette société...

Comme cela a été le cas tout au long de l'histoire, les échanges commerciaux vont encore une fois forcer la coopération entre les nations, avec cette fois un changement de taille, à savoir que les puissances économiques, commerciales,et financières, sont aujourd'hui plus puissantes que les états, et plus déterminantes que ceux-ci quant à l'identité des nations...

En effet, la société Renault est certainement la plus emblématique des sociétés françaises et une des plus brillantes quant à son savoir faire et à ses résultats. Cependant, si elle demeure bien sûr une société de droit français, la question se pose de savoir en quoi Renault qui ne produit plus que 22% de ses automobiles en France, et dont les personnels sont par le fait en majorité des non français, tout comme ses actionnaires, alors que son principal partenaire Nissan, est quant à lui Japonais, en quoi Renault demeure-t-elle encore une société française...?

Ce cas de Renault est d'autant plus intéressant que cette société qui nourrit de grandes ambitions sur l'Afrique, en visant particulièrement par delà le Maghreb, le Ghana, l'Angola, et le Nigeria, et qui va construire une usine dans ce dernier pays en partenariat avec une société nigériane, en visant dès le départ de satisfaire 10% du marché de ce pays, s'est dotée pour cela d'une structure tout à fait particulière...

En effet, pour la gestion de ses activités à l'étranger qui constituent l'essentiel de son exercice, Renault a créé une structure spécifique dénommée la zone Afrique-Moyen-orient-Inde, qui présente l'avantage de former le joli sigle AMI, dont la direction ne sera même pas située en France, mais à Dubaï...!

Tout cela pour dire que ceux qui s'envisagent encore dans des affrontements entre les peuples et les nations, pour régler de vieux comptes, et aussi légitimes que peuvent être cependant leurs rancoeurs, ont loupé la marche du vingt et unième siècle. Car la logique des échanges économiques ne leur laissera aucune chance...

Pour se rattraper d'un passé douloureux, il va falloir manifester beaucoup d'intelligence, et il est bon de commencer à s’entraîner...

Paris, le 13 novembre 2014
Richard Pulvar

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