vendredi 3 août 2012

Un euro inutile, mais irremplaçable



Les experts promettent à nouveau une fin proche de la monnaie unique.

L’économiste américain Nouriel Roubini, qui a prédit la crise de 2008, vient d’affirmer que la zone euro n’existera pas plus de six mois, et ensuite elle risque de s’effondrer complètement ou en partie.

Ce n’est pas la première fois que les spécialistes enterrent la zone euro et la monnaie unique, tandis que d’autres sont persuadés que la monnaie européenne ne pourra pas disparaître. Elle est devenue une alternative au dollar américain, dont les marchés ne peuvent pas se passer.

Les eurosceptiques ont fait part dès le début de leur pessimisme concernant le projet de la zone économique et monétaire commune. Selon eux, il s’agit plus d’une décision plutôt politique, et non pas économique. Pour le directeur du département analytique de la société d'audit FBK Igor Nikolaïev, l'introduction de l'euro n'a pas donné de nouvel élan au développement de l’économie de la région, comme cela était précu.

« La zone euro a été créée avant tout pour des raisons politiques. Nous avons suivi la dynamique, année par année, des exportations, des importations et du PIB des pays européens en 8-10 années avant et après la création de la zone euro. Il s’avère que la création de l’espace monétaire commun n’a aucun effet significatif sur les importations et les exportations. Il y a une baisse générale de tous les indicateurs ».

Lorsque l'euro était créé, peu nombreux étaient ceux qui y voyaient un contrepoids au dollar. La monnaie était plutôt perçue comme une tentative d’Allemagne de renforcer le contrôle sur les marchés de l'Union européenne. Par ailleurs, l’Allemagne, locomotive de l’économie européenne, devait répondre à la croissance rapide des économies de l’Asie et de l’Amérique latine.

« L’association des pays européens était nécessaire pour faire face à la croissance phénoménale des économies de l’Asie », explique l’experte en macroéconomie Elena Matrossova. « Malgré leur ampleur, les Allemands ont de plus en plus de mal à entrer en compétition avec les pays émergents, comme le Brésil, ou la Chine. L'unification de l'Europe – c’est un projet allemand. Et naturellement, l’Europe unie devrait avoir une monnaie unique ».

Cependant, les pays périphériques de l’Union européenne se sont retrouvés dans un piège économique à cause de ce projet. C’est l’euro, dont les cours se sont envolés, qui les a empêchés d’entrer en concurrence avec la Chine et l'Inde. Et ils ont du mal à entrer en compétition avec l’Allemagne à cause d’une différence dans les potentiels industriels. Le directeur de l’Institut de la globalisation et des mouvements sociaux Boris Kagarlitski estime que la désindustrialisation du Vieux Monde est la raison principale de la création de la zone euro.

Les partisans de l’Europe unie rappellent que l’euro est devenu le catalyseur au développement du commerce dans l'espace économique unique. La monnaie unique a permis de résoudre le problème de l’inflation en Grèce et en Italie. Les deux pays n’arrivaient pas à vaincre ce fléau depuis de nombreuses années. L’intégration à la monnaie unique avait aussi un coût, mais selon les experts, ce coût n’est pas associé au processus d'intégration, et les échecs de certains gouvernements. Enfin, la réalisation principale et indéniable de l'euro – c’est le fait qu’il s’agit d’une nouvelle monnaie de réserve, le seul concurrent réel au dollar dans l'économie mondiale. Mikhaïl Khazine, le président du cabinet de conseil « Neokon » est persuadé que les Etats-Unis déploient des efforts considérables pour affaiblir ce concurrent redoutable.

« Pour cette raison, les États-Unis tentent désespérément de forcer l'Allemagne à payer pour tout le monde. Pour que toutes les économies européennes soient faibles. L’objectif stratégique de l'Allemagne pourrait être le suivant : l’Allemagne ne paie pour rien, et ceux qui le veulent, viennent à Berlin, et reçoivent une aide directe pour conditions difficiles à réaliser ».

Nombreux sont les experts qui estiment que le retour des membres de la zone euro à leurs monnaies historiques sera la meilleure issue au drame européen. Le problème, c’est que le divorce « à l’amiable » n’est pas possible. 


En se séparant, les pays devront détruire les liens économiques, qui se sont créés en 15 ans. Il s’agit des obligations en euros, des actions de sociétés européennes, et des transactions financières entre les pays. Il faudra du temps et beaucoup d’argent pour transformer tout cela en monnaies locales. Selon Mikhaïl Khazine, seule la monnaie allemande pourrait jouer ce rôle, et elle deviendra un analogue à l’euro.

Un autre point important: la notion de «l'effondrement de la zone euro » est interprétée de manière trop large. Pour que la zone monétaire européenne cesse d’exister, il faut que les principales économies de la zone, la France et l’Allemagne, sortent de cet espace économique. On parle déjà de la sortie de plusieurs pays à problèmes. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour enterrer la monnaie européenne.

Vlad Grinkevitch

2 commentaires:

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    1. Il fallait bien tôt ou tard s'attendre à cela - l'Euro dès le départ n'a pas su trouver la parité avec le franc ! Et cette envolée du coût de la vie devient de plus en plus invivable !

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