vendredi 27 juillet 2012

France /Chômage: 2012 pire que 2009?



IRIB-Depuis 14 mois, le nombre d'inscrits à Pôle emploi ne cesse d'augmenter.
La liste des plans sociaux se rallonge. Pour autant, l'hémorragie d'emplois sera moindre qu'en 2009, année où le chômage a battu tous les records. Mais plus douloureue.Le seuil des trois millions de chômeurs en France sera atteint avant la fin de l'année, probablement en septembre. Le nombre de demandeurs d'emploi n'ayant pas du tout travaillé a augmenté de 23.700 pour atteindre 2.945.800 fin juin, a annoncé hier le ministère du Travail. En incluant les personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), ce sont près de 4,4 millions de personnes qui étaient à la recherche d'un travail fin juin, un record depuis la mise en place des ces statistiques en 1991. Il s'agit surtout de la quatorzième hausse consécutive du nombre d'inscrits à Pôle emploi, depuis mai 2011.

Et la courbe n'est pas près de s'inverser, vu les annonces de plans sociaux en rafale depuis l'élection de François Hollande, plans qui ne sont pas encore entrés en vigueur et donc pas pris en compte dans les chiffres du chômage. La liste est longue: PSA (8000 suppressions de postes), Air France, (5122 postes), Alcatel-Lucent(5000 postes dans le monde), Sanofi (non précisé), SFR (entre 1000 et 2000), Bouygues Telecom (555 personnes), Hewlett-Packard (520 postes), Conforama (288)... la liste se rallonge de jour en jour.

Cette litanie de plans sociaux pourrait laisser penser que 2012 sera une année noire pour l'emploi, pire que ne l'a été 2009. Cette année-là, la hausse du chômage a battu un record de brutalitél'économie française a détruit 365.000 emplois et le nombre d'inscrits à Pôle emploi a progressé de 407.200; le taux chômage a bondi de 8,1% à 9,9%. On se souvient des "Conti", mais aussi des conflits chez MolexNew Fabris, Michelin, SKF... Or ces conflits, très emblématiques, concernaient des plans sociaux qui n'impliquaient que des centaines de suppressions de postes, et pas de milliers comme c'est le cas dans les grands groupe aujourd'hui.

Au final, toutefois, sur l'ensemble de la France, l'hémorragie d'emplois sera moins forte cette année. Tout d'abord, parce que le chômage ne se résume pas aux plans sociaux: ils représentent moins de 20% des destructions d'emplois, qui sont essentiellement le fait des petites entreprises (au premier trimestre 65200 emplois ont été détruits à la suite défaillances d'entreprises, dont plus de 90% de moins de 10 salariés), de la situation de l'intérim et du non renouvellement des CDD. Or les défaillances d'entreprises sont repassées au deuxième trimestre sous le seuil de 14.000 franchi durant l'année noire 2009, selon Altares, même si le nombre d'emplois concernés reste très élevé (72.500 salariés, le niveau le plus élevé enregistré en cinq ans).

Le pire reste encore à venir

Ensuite parce que 2009 était une année de récession - le PIB avait reculé de 3% - alors que la croissance, même très faible, sera positive cette année - +0,4% selon l'Insee. Toujours selon l'Institut national de la statistique, l'emploi dans les secteurs marchands non agricoles atteindrait un solde net négatif de 25.000. L'assurance-chômage prévoit de son côté 214.200 demandeurs d'emplois supplémentaires. Au final, le taux de chômage ne devrait progresser "que" de 0,5 point pour atteindre 10,3% fin 2012.

Mais "même si la hausse du chômage est moins forte en nombre cette année qu'en 2009, elle est socialement plus grave car on ne part pas du même niveau", insiste Mathieu Plane, de l'OFCE. Surtout, l'explosion du chômage de longue durée (+21% sur un an de demandeurs d'emploi de plus d'un an) est un "phénomène inquiétant, symptôme d'une crise durable avec des risques de basculement dans la pauvreté de ces chômeurs", s'inquiète l'économiste.

Face à cela, la "mobilisation du gouvernement est entière", "tant pour répondre à l'urgence sociale" que pour mettre en oeuvre "la feuille de route sociale" tracée lors de la grande conférence sociale, a assuré jeudi Michel Sapin. Le ministre du Travail a promis que son budget serait prioritaire pour financer des emplois aidés et les contrats de génération. Il envisage aussi une loi contre les licenciements. Les emplois d'avenir seront prioritairement destinés aux jeunes peu qualifiés des quartiers. Le gouvernement en prévoit 100.000 en 2013, 50.000 en 2014. Il prévoit en outre 500.000 contrats de génération sur cinq ans, destinés à favoriser le maintien des seniors dans l'emploi et l'embauche des jeunes en CDI.

"Ces mesures vont amortir le choc, mais ce ne sera pas suffisant pour faire baisser le chômage", prévient Mathieu Plane. Selon l'OFCE, les contrats d'avenir et les contrats de génération vont se traduire par la création de 200.000 emplois nets sur le quinquennat. Or le marché du travail français doit absorber 150.000 actifs supplémentaires chaque année. Pour que le chômage recule en France, il faut que la croissance atteigne au moins 1,5%. Ce ne sera pas le cas cette année, ni l'année prochaine. Sur le front de l'emploi, le pire reste encore à venir...

Emilie Lévêque

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